Découvrez l’article du site Thrive Global paru le 6 juin 2017

https://journal.thriveglobal.com/in-forgetting-nature-we-are-walking-toward-our-own-death-b4633a1a6168

 » Parfois, des gens me disent qu’ils ressentent un déséquilibre, une sorte de vertige. Cela peut venir d’une perturbation des minuscules particules de l’oreille. À cause de l’égoïsme humain et par manque de discernement au moment d’agir, la nature connaît le même genre de déséquilibre. La situation est grave. Soyons aussi vigilants que si l’on nous menaçait avec un fusil. C’est notre seul espoir de survie.

J’ai grandi dans un village côtier très pauvre. Les pêcheurs étaient payés à la journée. Rares étaient ceux qui avaient de quoi manger tous les jours. Enfant, j’allais chez les voisins chercher des restes de repas pour donner à manger à nos vaches. Dans une maison, la dame m’a dit qu’elle n’avait pas de restes, faute d’avoir pu faire à manger de toute la journée. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu que son mari n’avait pas réussi à trouver du travail et qu’en conséquence elle n’avait pas pu acheter de quoi manger. Elle avait expliqué que son mari venait de faire 10 kilomètres à pied pour emprunter de l’argent – en vain. Sur le chemin du retour, au clair de lune, il avait remarqué une tortue en train de pondre sur la plage. Une fois les œufs pondus, la tortue était retournée à la mer et le mari avait pris quelques-uns des œufs avant de rentrer. Ils les avaient fait bouillir pour nourrir les enfants. Ils n’avaient pas pris de repas digne de ce nom depuis.

En écoutant sa mère raconter cette histoire, un des enfants avait demandé à son père : « Papa, une tortue pond combien d’œufs ? » Le père avait répondu à sa fille qu’une tortue pond plus d’une centaine d’œufs. « Mais tu ne nous en as rapporté que quelques-uns. Pourquoi n’en as-tu pas rapporté plus ? » Le père expliqua : « Mon enfant, imagine un peu la tristesse de ta mère si elle vous perdait tous. Tous ces œufs sont les bébés de la tortue. Si j’avais pris tous les œufs, imagine sa tristesse. La maman tortue et le papa tortue n’auraient jamais pu se remettre de la perte de tous leurs enfants. Et puis toute la famille aurait été anéantie. Il faut laisser quelques œufs pour permettre à d’autres tortues de venir au monde et à l’espèce de survivre. »

Malgré les difficultés dans laquelle sa famille était plongée, le père se préoccupait de la douleur des tortues et de la préservation de l’espèce. À l’époque, les gens avaient de la compassion pour les autres êtres vivants, même s’ils souffraient eux-mêmes. Ils ne prenaient de la nature que ce dont ils avaient besoin. Ils rendaient le reste en offrande. Donnons toujours au minimum autant que nous prenons. C’est seulement à cette condition que la nature gardera son équilibre. Tel était l’état d’esprit de nos ancêtres. Aujourd’hui, il y a même des gens qui exportent ces tortues pour l’argent et la viande.

La Nature est notre première mère. Elle prend soin de nous tout au long de notre existence. Notre mère biologique nous laisse s’asseoir sur ses genoux pendant – disons – une paire d’années, mais la nature supporte patiemment notre poids pendant toute notre vie. Elle chante pour nous endormir, nous nourrit et nous caresse. À l’image de l’enfant qui est redevable à sa mère biologique, n’oublions pas notre devoir et notre responsabilité envers mère nature. Oublier cette responsabilité, c’est nous oublier nous-mêmes. Si nous oublions la nature, nous cesserons d’exister. L’oublier c’est aller vers notre propre mort.

En fait, autrefois, les gens n’avaient pas besoin de faire spécialement attention à la préservation de l’environnement parce que la protection de la nature faisait partie intégrante du culte rendu à Dieu et à la vie même. Les gens aimaient et servaient la nature et la société plus qu’ils ne se souvenaient de Dieu. Ils voyaient le créateur dans la création. Pour eux la nature était la forme visible de Dieu – qu’ils aimaient, adoraient et protégeaient. Essayons de réveiller cette tradition.

Quand un homme abat un arbre, en fait c’est son cercueil qu’il fabrique. Il ne suffit pas de planter un arbre à chaque fois que l’on en coupe un. Plantons-en au moins une cinquantaine. Un arbrisseau ne peut pas purifier l’atmosphère autant que le ferait un arbre gigantesque. Même 10 arbrisseaux ne peuvent pas faire le travail de purification effectué par un seul arbre adulte. Faute de voir le caractère divin de la nature et de la protéger à ce noble titre, protégeons la ne serait-ce que par désir d’auto-préservation.

 

Il n’y a rien d’insignifiant dans la création divine ; chaque plante, animal, insecte, microbe a sa place et son rôle. Si le moteur d’un avion tombe en panne, l’avion ne pourra pas décoller. En fait, l’absence d’une seule vis capitale aura le même effet. C’est la même chose qui se produit au niveau de la nature ; même les abeilles et les fourmis ont un rôle bien à elles à jouer. N’est-ce pas la pollinisation qui nous permet d’avoir des fruits et des légumes ? Nous nous éloignons de cette vérité, et nous utilisons des pesticides qui endommagent la mémoire des abeilles. Avant, les abeilles récoltaient du pollen jusqu’à trois kilomètres à la ronde avant de rentrer à la ruche. Mais de nos jours à cause des pesticides, elles perdent la mémoire et n’arrivent plus à rentrer chez elles, alors elles meurent. Faisons preuve de plus de discernement dans l’utilisation de ce genre de poisons. Mettons-nous à planter des arbres à fleurs et à implanter des ruches.

Tout a un rythme dans la création – il y a une relation indéniable entre l’univers tout entier et toutes les créatures vivantes. L’univers ressemble à un vaste réseau interconnecté. Si on fait bouger le coin d’un filet, c’est tout le filet qui vibre. De la même manière, tout ce que nous faisons se répercute dans toute la création. Nous ne sommes pas des îles individuelles, nous sommes les maillons d’une chaîne commune.

Ne soyons pas comme la personne du dixième étage qui entend des gens crier que le rez-de-chaussée est en feu et dit : « C’est seulement au rez-de-chaussée. C’est aux habitants du bas de s’en occuper. » Rendons-nous compte que le feu va bientôt gagner et que les flammes vont ravager notre étage. Ignorer cette réalité, c’est creuser notre propre tombe.

N’attendons pas que les autres changent. Sinon, il ne se passera rien. Même si les autres ne changent pas, soyons prêts à changer. Faisons ce que nous pouvons.

Que ceux qui possèdent une maison de 300 m² et qui veulent en construire une neuve en construisent une de seulement 150 m². Que ceux qui veulent construire une maison de 90 m² en fasse une de seulement 45 m². Cela nous permettra d’épargner des arbres, de l’eau, de l’électricité et d’autres ressources encore. Il y a aussi le covoiturage qui peut faire faire des économies d’énergie. De petits pas comme celui-là peuvent nous permettre d’effectuer des changements ; un pas après l’autre.

Imaginez un très grand lac pollué. Ne soyons pas déprimés à l’idée qu’il est impossible pour une seule personne de le nettoyer. Faisons ce que nous pouvons. Et puis, qu’un autre à son tour fasse de son mieux pour nettoyer le lac. Ce faisant, beaucoup de gens viendront nous prêter main forte et au bout du compte, tout le lac sera nettoyé. Ne cédons pas au découragement et n’abandonnons pas. Mettons-nous au travail. Covoiturer, élever des abeilles, planter des arbres, nettoyer la nature, recycler les déchets et cultiver des légumes, ce sont des choses à portée de tout le monde, nous pouvons tous faire notre part.

En ce moment la situation est catastrophique, mais faisons ce que nous pouvons. Si nous le voulons vraiment, nous pouvons transformer la terre en paradis, mais pour cela, créons d’abord un paradis en nous. Je prie le Suprême de nous accorder la grâce de le faire.