Extraits du message d’Amma pour la Gita Jayanti, la fête célébrant la Bhagavad Gita :

« La Bhagavad Gita propose le chemin parfait pour réussir dans tous les domaines, qu’ils soient matériels ou spirituels. En général, les êtres humains concentrent leurs efforts sur la satisfaction matérielle. Cependant, cette attitude ne garantit ni bonheur ni contentement. Nous pouvons même en arriver à perdre le bonheur et le contentement que nous éprouvions auparavant. Nous avons de nombreux exemples de ce genre autour de nous.

D’un côté, il y a les actions du passé et les conflits qu’elles ont engendrés dans le présent. De l’autre, il y a les mauvaises décisions prises dans le présent et les actions qui en découlent, qui engendreront d’importants conflits par la suite. Ces deux catégories de conflits sont la marque de l’existence humaine. C’est un véritable champ de bataille.

Il existe des conflits similaires entre le corps et le mental, sans parler de la bataille constante entre l’intellect et le mental, c’est-à-dire entre le discernement et l’émotion. De tels conflits, aussi bien internes qu’externes, ne sont pas nouveaux. Ils sont aussi vieux que l’humanité. On peut dire que la bataille de la Bhagavad Gita (Kurukshetra) symbolise les conflits inhérents à l’être humain.

Nous sommes constamment sur un champ de bataille. Quel que soit le but que nous nous fixons, il nous faut surmonter tous les obstacles qui se présenteront sur notre chemin. Le fait de les surmonter est comparable à une lutte. Par exemple, nous souhaitons avoir de très bonnes notes à un examen. Alors que nous sommes en train d’étudier avec sérieux, un ami nous invite au cinéma. Nous pouvons penser : « Oh, il m’appelle pour aller voir un film. J’y vais ou pas ? Quelle est la meilleure chose à faire ? Si j’y vais, je vais peut-être rater mon examen. Mais si je n’y vais pas, est-ce que je ne vais pas décevoir mon ami ? En raison de mon attachement à lui, ne devrais-je pas y aller puisqu’il m’invite ? » Une lutte, un conflit se déroule. Cependant, si nous souhaitons atteindre notre objectif, il nous faut agir avec discernement. « Si j’y vais, que va-t-il se passer ? Je vais perdre un temps précieux de révisions. Ensuite je vais me coucher tard. Mes capacités de mémorisation en seront affectées. Et je ne réussirai pas mon examen ! » Ceci constitue un type de neti, neti : une négation systématique de tout ce qui n’est pas utile. Ça aussi c’est une forme de lutte.

Pour avancer, il nous faudra nous engager dans la bataille. Celui qui s’en détourne en prétextant qu’il ne veut pas lutter, perd. Il a remis sa tête aux mains de la mort. L’autre voie, au contraire, nous conduit vers l’immortalité, et chaque pas nous mènera de plus en plus haut.

Lorsque ce sens du devoir s’éveille en nous, nous devenons capables d’apporter de l’harmonie dans la société. Lorsque nous changeons, nous amenons les autres à changer eux aussi. Ainsi, c’est le mental qui est à la racine de toute chose. Ce n’est que lorsque nous comprenons la nature du mental que nous pouvons l’élever.

En réalité, nous sommes nous-mêmes l’obscurité ou la lumière que nous trouvons en chemin. Nous sommes nous-mêmes les fleurs ou les épines qui jonchent notre chemin. Avec de l’argile mouillée, nous pouvons fabriquer une image de Dieu ou une image du diable. Les deux sont notre création.

« Élevons-nous nous-mêmes ; ne nous rabaissons pas. Tu es ton seul ami ; tu es ton seul ennemi. » (Uddhared-ātmanātmānaṁ nātmānam avasādayet | ātmaiva hyātmano bandhurātmaiva ripurātmanaḥ || Chapitre 6, verset 5 de la Bhagavad Gita)

Éveillons-nous et élevons-nous par nous-mêmes. Il y a beaucoup de choses que nous seuls pouvons faire, que les autres ne peuvent pas faire à notre place. Par exemple, si nous avons faim, les autres peuvent nous apporter à manger, mais pour apaiser notre faim, c’est à nous de manger. Faute de quoi nous aurons toujours faim. Si en revanche c’est notre mère, notre père, notre sœur ou notre frère qui mangent à notre place, cela ne calmera pas notre faim.

Nous avons peut-être tel ou tel talent. Tel véhicule peut avoir assez de carburant. Cependant, si la batterie n’est pas chargée, le véhicule ne pourra pas démarrer et le carburant ne servira à rien. De même, c’est la batterie de la confiance en soi qui nous fait avancer. C’est la fusée de lancement qui nous projette vers le haut.

Notre mental est dans la confusion, comme s’il se tenait à un carrefour, ne sachant pas dans quelle direction aller. Le maître spirituel nous mène directement vers l’autoroute. Une fois sur l’autoroute, nous pouvons rouler à notre aise. Il est certain que le maître spirituel est une source d’inspiration. Mais il est absolument indispensable de fournir des efforts personnels.  C’est en adoptant cette attitude que nous nous ouvrons à la grâce. Nous devenons comme un récipient vide et propre, capable de contenir du lait sans le gâter. C’est aussi comme faire une demande de visa après avoir reçu son passeport. Dans ce cas, on peut comparer le passeport à notre ouverture et le visa au « facteur grâce ».

Ne nous dévalorisons pas, n’ayons pas de complexe d’infériorité. Le sentiment d’infériorité engendre le malheur et la colère et nous fait glisser dans des schémas comportementaux négatifs.

Lorsque nous avons des déceptions et des difficultés dans la vie, il nous arrive souvent de fuir nos responsabilités, nos obligations et notre devoir. Nous ne nous rendons pas compte qu’au contraire, dans ce genre de situations, nous devrions nous éveiller et agir en conscience. C’est ce qu’il y a de plus important. C’est la plus grande responsabilité qui nous soit donnée.

Les chercheurs spirituels peuvent avoir à faire face à des difficultés multiples, aussi bien internes qu’externes et celles-ci peuvent parfois être importantes. Ainsi, lorsque la dépression nous envahit, élevons-nous en méditant sur les vérités énoncées dans les Écritures afin de conserver notre confiance en nous. Nous ne devrions à aucun prix nous permettre de perdre confiance en nous.

Nous sommes nous-mêmes les fleurs ou les épines qui jonchent notre chemin. Avec de l’argile mouillée, nous pouvons fabriquer une image de dieu ou une image du diable. Les deux sont notre création. C’est nous qui sommes pour nous-même un ami ou un ennemi. Il se peut qu’il y ait des ennemis, aussi bien intérieurs qu’extérieurs. Mais ils sont notre création mentale. Si notre mental nous aide à suivre le chemin du devoir et de la sainteté, alors il est notre ami intérieur. Si le mental nous détourne du devoir et de la sainteté, alors il est notre ennemi intérieur.

La confiance en soi est comme une fusée de lancement. Ne nous comparons pas aux autres et ne développons pas de complexe d’infériorité. Même des personnes considérées comme étant très fortes intérieurement peuvent perdre leur confiance en elles dans certaines situations. »