Causerie de Br. Ramanandamrita :

 » Merci à tous, je cherche généralement dans l’assistance quelqu’un en train de bâiller pour comprendre si je dois arrêter. C’est d’abord un bâillement bouche fermée, puis plus large, puis le corps me dit simplement : « S’IL TE PLAÎT ARRÊTE ! » Et ça se termine par un bâillement, bouche grande ouverte.
Actuellement, je n’ai que mon ordi devant moi. S’il en a assez, je le fermerai. Ou si la connexion internet me dit qu’au nom de la paix sur terre, je dois le couper, je le ferai. Si la connexion s’arrête, il suffit de rafraîchir la page et de chercher la nouvelle connexion “live”.

Nous nous plaignons souvent de notre vie trépidante. Elle est si mécanique, monotone, vide de sens, stressante, etc.

Je suis sûr que beaucoup d’entre vous ont déjà prié ainsi :

  • Étant enfant : « J’aimerais pouvoir jouer toute la journée. Personne pour me déranger, me réveiller, me forcer à aller à l’école. »
  • Comme conjoint : « Puis-je passer une journée avec ma meilleure moitié et avoir du bon temps avec lui ou elle ? »
  • Comme employé : « J’en ai assez de devoir affronter les embouteillages tous les jours. Les trajets domicile-travail sont infernaux. » Ou « Je ne veux pas voir la sale tête de mon patron tous les jours. J’aimerais pouvoir rester à la maison. »
  • Comme étudiant : « J’aimerais que nos examens soient reportés indéfiniment. » Ou « J’aimerais être promu à la classe supérieure sans examen. »
    Et tant d’autres prières auxquelles nous pouvons penser comme : « Dieu, s’il te plaît, montre un peu de pitié envers moi, montre-moi de la compassion. »

Compassion se dit karuna en sanskrit. Nous sommes à l’âge du « smart » phone (téléphone « intelligent »). Il auto-corrige tout ce que nous tapons. Karuna a probablement été auto-corrigé en Corona. Dieu a dit : « Ainsi soit-il, tous les souhaits ci-dessus ont été réalisés grâce à Coronavirus. »

Je ne veux pas parler aujourd’hui de la gravité de la situation : il n’y a pas de quoi se réjouir mais au moins ne faisons pas de cette expérience quelque chose de négatif. Faisons-en plutôt quelque chose de positif.

Dans le chapitre 2, verset 14 de la Bhagavad Gita :
mātrā-sparśhās tu kaunteya śhītoṣhṇa-sukha-duḥkha-dāḥ
āgamāpāyino ’nityās tans-titikṣhasva bhārata,

il est ici dit que nous faisons l’expérience de la dualité dans la vie.
śhītoṣhṇa : le chaud et le froid ; sukha-duḥkha : les expériences agréables et désagréables ; mātrā-sparśha – ces expériences sont engendrées par l’interaction de nos sens et des objets perçus. ; āgamāpāyinaḥ – Elles apparaissent et disparaissent, éphémères par nature. Donc, apprenons à les affronter, avec endurance, avec patience (titikṣha) . Ne fuyons pas la situation.

Je pensais que je ne parlerai pas du tout du corona mais j’ai reçu des messages qui me demandaient de dire ce que j’en pensais et de parler du message d’Amma à ce sujet. Le message vidéo d’Amma a été publié il y a déjà quelques jours.

Je suis en quarantaine depuis plusieurs jours. Ça me rappelle l’histoire d’Amma du père qui parle à son fils.  Il n’a rien d’autre à faire, donc il médite. C’est pareil pour moi, je n’ai rien d’autre à faire, donc je médite et je contemple.
Plaisanterie à part, je savoure la situation. Sinon, je ferais mes bagages tous les quatre matins et je changerais de chambre à chaque fois. Amma m’a donné une occasion en or de méditer dans la solitude et de regarder en moi.

Je vais vous parler de certaines choses auxquelles j’ai pensé et sur lesquelles j’ai méditées :  en fait, il est difficile de méditer dans les moments difficiles. À ce propos, je donne généralement l’exemple suivant : on offre à un garçon le drone télécommandé qu’il désirait depuis longtemps. Trop excité pour lire la notice, le garçon fait voler le drone, la batterie se décharge, il se précipite alors sur la notice pour voir comment résoudre le problème mais dans la précipitation, il déchire les pages, ne trouve pas la solution et perd le drone. Ainsi va notre vie. Nous sommes trop excités pour méditer sur les enseignements d’Amma quand nous sommes heureux. Et dans les moments difficiles, notre mental est trop fermé pour comprendre les enseignements d’Amma ou les Écritures. Mais ce que la situation actuelle a de particulier c’est qu’elle nous fournit un environnement qui permet de lire, chanter, méditer, et plonger profondément à l’intérieur car nous sommes éloignés des autres et seuls à la maison.

Tout d’abord, je vais vous lire un article écrit par un des disciples monastiques d’Amma paru dans le magazine Matruvani, il y a bien des années. J’ai lu cet article le mois dernier à l’occasion de mon enseignement dans le New Jersey. C’est toujours bon à lire et relire. Quelqu’un a écrit à Amma :

« Cela faisait deux ans que je n’étais pas venue recevoir le darshan d’Amma. Pourtant, pendant le darshan, Amma ne m’a pas dit un mot. Alors qu’Amma me parlait tant autrefois ! Maintenant, Amma a beaucoup de personnes pour l’aimer. Amma n’a plus d’amour pour moi… » Après avoir lu cette lettre à Amma, son assistante, Lakshmi,  a préparé le magnétophone pour enregistrer sa réponse.


Amma reçoit quotidiennement des milliers de lettres en plusieurs langues, du monde entier. Au milieu de son emploi du temps serré, Amma répond à ceux qui ont besoin d’une réponse directe. Normalement, ces lettres sont traduites et lues à Amma en malayalam, sa langue natale, et les réponses d’Amma sont ensuite traduites dans les langues respectives avant d’être envoyées. Lakshmi lit souvent les lettres à Amma pendant qu’elle se brosse les dents, se coiffe, après sa toilette ou prend le thé.
En fait, en raison de l’attention qu’elle accorde à ses réponses, Amma oublie parfois de s’occuper de ses propres besoins. En entendant ces mots, Amma, qui était en train de manger, est restée assise en silence pendant un moment, puis elle a commencé à répondre comme si elle s’adressait directement à la plaignante.
Voici la réponse d’Amma, qui n’a pas été envoyée.

« Ma fille chérie, tu dis qu’Amma ne t’aime pas, qu’Amma ne t’a pas parlé alors que cela faisait deux ans que tu n’étais pas venue pour le darshan. Amma ne sait qu’aimer, elle ne sait pas montrer son amour. Amma ne pouvait rien dire tant son cœur débordait d’amour quand elle t’a vue. Peut-on parler en deux secondes de tout ce qui s’est passé pendant les deux dernières années ? L’océan d’amour peut-il être contenu dans la coquille d’un mot ? Mais, ma fille, tu dois savoir que depuis toutes ces années, en ce moment même et pour toujours, Amma est avec toi jour et nuit, comme ton ombre. Ma chère fille, tu devrais être assez gentille pour montrer un peu d’amour à Amma aussi. Tu n’as pas idée à quel point Amma était impatiente d’entendre un mot de ta part ou au moins de te voir penser à Amma.
Laisse-moi te rappeler certains des événements d’hier. Combien de fois, au petit matin, Amma t’a-t-elle murmuré à l’oreille « Lève-toi, lève-toi » ? Mais tu n’as fait que t’enfoncer plus profondément sous ta couverture. Plus tard, lorsque tu t’es levée avec hésitation, Amma était sûre que tu te souviendrais d’elle pendant un moment ou au moins que tu te tournerais vers la table pour regarder la photo d’Amma. Mais cela n’a pas d’importance, peut-être que tu avais à penser à des choses importantes. Après tout, Amma n’a qu’à s’occuper de ses enfants. Ensuite, pour te rappeler que tu avais une mère, on a fait dire à ta fille : « Bonjour, maman ». Sans succès. Lorsque ta fille a timidement tendu la main pour te toucher, tu l’as grondée et chassée en criant : « Brosse-toi les dents et fais ta toilette ! » Amma a pensé que tu t’étais peut-être levée du mauvais pied. Se consolant à l’idée qu’il restait encore du temps, Amma est entrée dans la cuisine. Là, tu as commencé à chercher la boîte d’allumettes après avoir ouvert le gaz de cuisine. Ne la trouvant pas, tu t’es mise à maudire tout le monde. Heureusement, ton mari, qui se rasait à ce moment-là, a senti le gaz, ce qui a permis d’éviter une catastrophe ; Amma s’est sentie soulagée. Mais Amma avait perdu tout espoir de t’entendre dire un mot de remerciement pour la grâce de Dieu, à défaut de celle d’Amma.
Amma était toujours avec toi, pour t’empêcher de tomber, quand tu as glissé dans la salle de bains ; elle t’a fait penser à prendre la clé du bureau avant de sortir de la maison, elle a suscité la compassion du chauffeur de bus qui avait déjà démarré et elle a veillé à ce que tes pieds ne glissent pas quand tu as sauté sur le marchepied du bus déjà en marche. En arrivant avant toi au bureau, Amma a constaté que ton patron était d’humeur très colérique. Il s’apprêtait à te crier dessus. Que pouvait faire Amma ? Aussitôt, on a inspiré à un de ses amis proches de lui téléphoner pour lui annoncer une très bonne nouvelle. Il se réjouissait de la nouvelle quand tu es arrivée. Heureusement, il ne t’a pas dit un mot.

Amma sait que sa fille a beaucoup de responsabilités au bureau. Amma ne cesse de te souffler la bonne solution dans ton for intérieur. Mais le plus souvent, cette voix subtile est noyée dans les échos de tes pensées. Pourtant, Amma pensait que tu te souviendrais d’elle au moins au moment où tu sortirais ton repas, avant de manger. Même lorsque la personne assise à côté de toi t’a montré l’exemple, il ne t’est pas venu à l’esprit que tu devrais remercier Dieu pour la nourriture que tu allais manger. Debout à l’extérieur de la pièce et désireuse de recevoir une boule de riz de ta main, Amma a tendu la sienne. Tu l’as vue mais tu t’es détournée. Finalement, lorsque tu as jeté les restes à la poubelle, Amma en a pris une poignée aux chiens et s’est sentie satisfaite. Après tout, les restes de ses enfants sont du prasad (nourriture bénie) pour Amma.

Tu t’es reposée un moment après le déjeuner, Amma a attendu que tu lui dises quelque chose à ce moment-là. Mais tu avais envie de dire du mal des gens avec tes amis. Amma se demandait si elle ne pouvait pas espérer recevoir un petit pourcentage de l’amour que sa fille porte à ses amis ? Oh non, une mère ne devrait pas entretenir ce genre d’attentes. Les enfants ont leur monde à eux. Parfois même, ils n’aiment pas que leur mère y entre. Sur le chemin du retour du bureau, les yeux d’Amma t’ont suivie à chaque pas. La dalle qui recouvrait le drain sur ton chemin était sur le point de se briser en morceaux. Sa fille va-t-elle marcher dessus ? Tu as été sauvée, mais il s’en est fallu d’un seul pas ! Alors que tu traversais la route, le cœur d’Amma s’est serré. Ma fille n’a pas remarqué la voiture qui a dépassé un camion à toute vitesse. Oh mon Dieu ! Mon enfant ! Amma a dû agir rapidement. Tout ce qu’elle a pu trouver, c’est une mouche. Le temps que tu te frottes l’œil, la voiture avait filé.

Bien qu’Amma ne connaisse aucun Dieu ou Déesse en dehors d’elle-même, dans sa résolution de mère, elle appelle parfois le Seigneur. Comment se fait-il que pas un mot de remerciement à cette puissance universelle ne soit sorti de tes lèvres ? On entendait très bien les chants du soir sortant des haut-parleurs du temple voisin ; tu avais l’habitude de chanter ces prières quand tu étais jeune. Amma était très impatiente de t’entendre chanter à nouveau comme tu le faisais autrefois. Vains espoirs d’une mère, hélas. Amma est alors restée à tes côtés pour les tâches du soir, elle a attiré ton attention sur les bonnes choses au bon moment, t’a donné un coup de main et a proposé de l’enthousiasme à ton esprit fatigué. Amma sait qu’une fille mariée, qui est devenue une mère, saura se souvenir de sa propre mère, ne serait-ce qu’au tout dernier moment. Finalement, ma fille a éteint la lumière de la cuisine. Il restait quelques instants avant d’aller au lit. Amma, comme une orpheline dans un sous-verre poussiéreux dans la salle de prières, derrière une lampe ternie allumée par la servante pour éviter les réprimandes, attendait avec espoir un regard de sa fille. C’est alors que le son de la télévision s’est fait entendre. Amma est allée voir quel était le programme préféré de sa fille. C’était une histoire stupide, entrecoupée de publicités de mauvais goût. Ma fille bâillait et se frottait les yeux. Si c’est si ennuyeux, pourquoi ne peut-elle pas se lever et s’en aller ? se demandait Amma. Au lieu de cela, elle regarde toute la série, critiquant les producteurs et les acteurs. Délaissant ses devoirs d’école, la petite fille regarde elle aussi. Si le jardinier laisse les ravageurs attaquer les fleurs en bouton, à qui peut-il s’en plaindre ? Un seul soupir pourrait-il contenir tous les chagrins intérieurs d’une mère ? Non !

Au moins avant d’aller au lit, dis-moi un mot ou adresse-moi une pensée ou une prière. Il en a été ainsi aujourd’hui. Demain, ma fille chérie se souviendra certainement de moi. Dors bien ma fille, laisse Amma te couvrir d’un drap de beaux rêves. Même si sa fille ne le sait pas, que les baisers chaleureux d’Amma baignent son front… avec une larme involontaire. »

Amma se leva soudainement, comme si elle se réveillait d’un rêve. « Oh Lakshmi, qu’est-ce que j’ai dit ? Ne lui écris pas ces choses-là. Elle sera blessée. Écris-lui simplement : « Amma n’a pas pu te parler à cause de la foule. Ne t’inquiète pas, Amma est toujours avec toi. Bisous à ma fille chérie. Bisous, Bisous, Bisous… » C’est tout ce que tu dois écrire. »

Lakshmi lui dit :« Amma, tu n’as rien mangé. Quand est-ce que … »  et Amma répondit  : « Ça n’a pas d’importance. C’est l’heure du darshan. Beaucoup de personnes doivent être inquiets, ils attendent depuis si longtemps.  »

Je vais évoquer trois points concernant le fait qu’Amma nous regarde, voit chacune de nos actions, à chaque instant.

D’abord, dans cette réponse d’Amma, il est dit qu’Amma est toujours avec nous, telle une ombre : quand on dit que Dieu nous regarde et qu’il est toujours avec nous, qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela se passe à trois niveaux, tout d’abord, le niveau divin – où Amma nous regarde à proprement parler. Je suis sûr que vous êtes nombreux à l’avoir expérimenté. C’est mon expérience personnelle avec le chant    »Nee indri verarum illai » (voir note en bas de page): pendant le tour des USA et d’Europe, Amma m’a répété qu’elle aimait m’entendre chanter  » Ammaaaaaa   » dans ce chant. Je l’ai chanté pendant une visite chez quelqu’un aux USA et je me suis dit : « Est-ce qu’Amma m’écoute en ce moment ? » Amma m’a téléphoné dans la demi-heure qui suivait. Elle m’a dit que depuis une demi-heure, elle se rappelait de moi et avait eu envie de m’appeler. Par la suite, quand j’ai entonné ce chant en essayant de ruser pour voir si Amma m’appellerait, elle ne l’a jamais fait.

Deuxièmement, Dieu nous regarde par le biais de Mère Nature et la loi de la nature nous contraint ou nous regarde. Qui que nous soyons, nous devons nous adapter au cadre de la loi de la nature. Si nous soulevons un verre et que nous le lâchons, il tombera forcément et il est très probable qu’il se brisera – qui que nous soyons, grand/petit, masculin/féminin, supérieur/inférieur. S’il faut équilibrer ou restaurer l’équilibre de la création, Mère Nature prendra les mesures nécessaires. Si le petit enfant met des jouets partout dans toute la maison, de temps en temps, sa mère devra se montrer sévère pour ramener l’ordre dans la maison. Voici où nous en sommes aujourd’hui.

Quand on y pense, est-ce que les virus corona nous font la guerre ? Est-ce qu’ils sont nos ennemis jurés ? NON. Ils ne font que vivre leur vie et se multiplier. Ce faisant, il apparaît qu’ils sont dangereux pour nous. Cela s’est transformé en pandémie. Mais quand on y pense, est-ce que nous ne sommes pas une pandémie plus grande que le virus corona ? Est-ce que nous ne menaçons pas un plus grand nombre d’êtres et d’espèces ? Bien sûr, que nous ne sommes pas sur terre pour tuer les animaux. Telle n’est pas notre intention. Mais c’est notre façon de vivre qui les tue. Parce que sans en avoir l’intention, nous exploitons égoïstement Mère Nature. C’est pourquoi dans son message Amma a insisté sur le mot sanskrit de shraddha. Nous manquons de shraddha et cela fait mal à Mère Nature. Shraddha est un mot intéressant qui ne peut pas se traduire directement en français. La traduction par « vigilance » est incomplète. Quand on dit qu’on fait quelque chose avec shraddha, cela signifie qu’on le fait avec une concentration parfaite, en restant totalement présent et le moins distrait possible. En ayant foi et confiance dans les choses et les personnes impliquées, en ayant foi et confiance en nous, en respectant les conditions, nous-même et les autres.

Agir avec la bonne attitude, en étant positif. Être patient. Éveiller l’attitude de l’acceptation, quel que soit le résultat. Être vigilant et conscient de ce qu’on fait en pensant aux conséquences de nos actions, tout cela à la fois, c’est ce que l’on appelle faire quelque chose avec shraddha. Si on manque de shraddha, on devient une pandémie pour les autres.

J’ai vu des infos montrant certains effets positifs du COVID 19 : Comme les humains restent à l’intérieur, les dauphins sont revenus sur les côtes italiennes ; l’eau des canaux de Venise est redevenue claire ; des loutres se promènent sans être inquiétées à Singapour au bord de la mer ; des éléphants tout mignons jouent en liberté dans la nature au lieu de faire des tours imposés devant une foule hurlant dans un chapiteau énorme ; la qualité de l’air s’améliore de toute évidence, y compris dans les villes les plus polluées du monde ; les émissions de dioxide d’azote ont baissé en Asie et en Europe ; à New York, les émissions de CO2 ont baissé de 5 à 10% selon l’université de Columbia.
En ce qui concerne l’ego, nous sommes peut-être les meilleures créatures et la meilleure espèce d’invincibles êtres humains mais aujourd’hui, nous paniquons à cause de minuscules créatures microscopiques. Quelle ironie ! Ces organismes invisibles à nos yeux ont mis nos vies à l’arrêt – du jamais vu. Est-ce que notre ego nous donne de la force ou bien est-ce qu’il nous rend crédules ? Nous pouvons réfléchir à notre propre niveau personnel, notre ego nous rend crédules. Il nous fait du tort – même s’il semble être un ami plein de promesses.

Dans le chapitre 6, verset 5 de la Bhagavad Gita, il est dit :
uddhared ātmanātmānaṁ nātmānam avasādayet
ātmaiva hyātmano bandhur ātmaiva ripur ātmanaḥ
É
levez votre propre Soi avec votre esprit, ne laissez pas votre Soi s’enliser. Votre esprit peut être le meilleur ami, confident de votre Soi, et votre esprit peut en être le pire ennemi.
Quand on cultive shraddha, on devient son meilleur ami. Quand on cultive l’ego, on devient son propre ennemi, ne rendez pas les autres responsables de vos problèmes, n’accusez pas tel ou tel personne qui vous pose problème – c’est vous même qui créez le problème.

Troisièmement, dernier point, nous nous regardons nous-même c’est à dire que Dieu nous regarde par le biais de notre conscience.
Amma raconte l’histoire d’un roi qui met ses fils à l’épreuve pour voir de quoi ils sont capables. Il leur demande de cacher un sac contenant des choses précieuses  et personne ne doit savoir où il est caché, personne ne doit les voir.
Le premier fils met longtemps pour trouver la cachette. Il va en ville où beaucoup de gens le voient, puis dans un village où là encore on le voit, puis en forêt où les arbres, les animaux le regardent. Enfin il s’en va au désert et comme personne ne le regardait, il a creusé un trou pour enterrer le sac.
Le second fils revient au bout de plusieurs jours, toujours avec le sac. Il dit : « je suis allé en ville, en forêt, dans le désert, j’allais creuser un trou et cacher le sac dans le désert mais alors je me suis rendu compte que moi je le voyais. Partout où j’allais, je le voyais. Ma conscience le voyait. Donc je n’ai pas pu le cacher.
Dans la Sainte Bible,  Acte des apôtres 22:15, il est dit : « Car tu seras son témoin » ; une déclaration faite dans un autre contexte. Mais examinée d’un point de vue spirituel, cette phrase dit que nous-mêmes sommes le témoin, au nom de Dieu.

Mettons  donc à profit ce temps pour la méditation et l’introspection, et avec un peu de chance nous arriverons à réinstaller notre système d’exploitation en appuyant sur la touche Reset. Mettons à profit ce temps de distanciation sociale pour nous rapprocher des nôtres et surtout de nous-même.
Passez du bon temps avec ceux qui vous sont chers et n’oubliez pas de leur déclarer explicitement votre amour et votre compassion. Dites-leur que vous les aimez et que vous vous souciez d’eux. Si possible, faites ce petit plus qui les rendrait heureux à travers des actions, des paroles et des intentions. Faites la cuisine ensemble, mangez ensemble, regardez un film ensemble chez vous. Surtout, et c’est le plus important, passez du temps constructif à parler de Dieu, d’Amma, à méditer, à réciter des mantras ou à chanter des bhajans.»

Note  : le bhajans auquel Br. Ramanandamrita  fait référence :

Amma, cette âme malheureuse n’a pas d’autre refuge que Toi ! Est-il juste de m’abandonner dans un tel état, Ô Mère ?
Est-ce juste ?

unnai kàttu nàn tapamirunten
Ennaye màtruvatu saritàno?
Nalliravum pakalumunnai venâi ninâren – unTiruppàdam maraippatu sarittàno?

Est-il juste de me jouer un tour alors que
je t’ai attendue, en accomplissant des austérités ? Est-il juste de recouvrir tes pieds divins
alors que jour et nuit, j’ai prié ?

un pàsakkaramennai allakkàttiruntu – unAnbu muttam ennai tazhuvayyenkiruntenSellappillaManamurukàtiruppatu sarittàno?

J’avais soif de ton étreinte si aimante et de ton doux baiser. Est-il juste de rester indifférente et de laisser pleurer
ton fils préféré, Ô Amma ?