Enseignement d’Amma   :  » Autrefois en Inde on considérait que ce qu’il y avait de plus important dans la vie, c’était la conscience des principes spirituels. Mais de nos jours, le savoir matériel a pris le pas sur la spiritualité. Inutile d’essayer de remonter le temps. De tels efforts ne serviraient qu’à nous décevoir. Ce qui est important maintenant c’est d’apprendre à aller de l’avant en protégeant de la destruction ce qui reste de bon dans notre culture.

Il y a longtemps, on n’envoyait les enfants à l’école qu’à l’âge de cinq ans. Aujourd’hui, nous inscrivons les enfants à l’école maternelle dès l’âge de deux ans et demi. Avant l’âge de cinq ans, nous devons nous contenter de donner de l’amour aux enfants. Nous ne devons en rien entraver leur liberté. Ils doivent pouvoir jouer à leur gré. Tout ce que nous avons à faire, c’est faire attention à leur sécurité, les empêcher de se brûler ou de s’approcher des étangs, de peur qu’ils ne tombent à l’eau. Peu importe qu’ils fassent des bêtises, nous ne devons leur témoigner que de l’amour. Même quand nous leur montrons qu’ils ont fait des bêtises, nous devons le faire avec un amour extrême. Ils ont été protégés neuf mois dans le ventre maternel, et doivent être protégés pendant les cinq premières années de leur vie dans un autre ventre – un ventre d’amour. Mais il n’en est plus ainsi aujourd’hui.

Au nom de l’éducation, nous mettons beaucoup trop de pression sur nos enfants – bien plus qu’ils ne peuvent en supporter. À l’âge où ils devraient pouvoir jouer avec leurs amis, nous enfermons nos enfants dans des salles de classe, comme des oiseaux en cages. De plus, si les enfants ne sont pas premiers de leur classe dès la maternelle, les parents sont fous d’inquiétude et exercent encore plus de pression sur eux.

Les enfants vivent dans un monde de totale innocence. Ils grandissent en racontant des histoires aux fleurs et aux papillons. En regardant leur univers, nous avons un tel sentiment d’émerveillement ! Ils sont naturellement heureux et c’est leur nature de transmettre ce bonheur aux autres. Mais au lieu de s’imprégner de l’innocence de leurs enfants, les parents se préoccupent au contraire d’attirer leurs enfants dans leur monde – le monde de la compétition et de la frustration.

Amma se rappelle une histoire. Deux enfants du voisinage étaient en train de jouer ; il arriva que l’un des enfants se fasse légèrement mal à la main. Voyant cela sa mère s’en prit à la mère du second enfant. Lorsque la dispute s’envenima, maris et voisins se mirent à prendre partie. L’affaire dégénéra. Au beau milieu de cette histoire, quelqu’un se mit à la recherche des enfants. Il les retrouva, tout heureux de jouer ensemble, ayant tout oublié de leur querelle.

De nos jours, les parents ne prennent pas le temps d’expliquer le but de la vie à leurs enfants, ni de les aider à adopter un mode de vie qui les mène à ce but. Personne ne semble prendre le temps de découvrir les intérêts naturels de l’enfant, ni d’encourager et de développer ses talents latents. Une saine émulation scolaire peut aider les enfants à faire des progrès et à faire de leur mieux, mais le niveau de compétition que nous voyons aujourd’hui n’est source que de stress. S’ils n’arrivent pas à satisfaire les attentes de leurs parents en matière d’examens, ils sont débordés mentalement et la déception les poursuit toute leur vie.

Réfléchissons au but de l’éducation. L’éducation moderne permet bien sûr d’obtenir un diplôme et un travail bien payé, mais est-ce que cela nous apportera une paix mentale durable ? Si nous n’avons pas la volonté d’incorporer l’enseignement des valeurs culturelles dans l’éducation moderne, nous élèverons des démons et non des sages. Dans la vie, la paix et le bonheur s’enracinent dans la conscience des valeurs culturelles. Seule la spiritualité peut nous conduire à la culture et à la sagesse suprêmes. »