Extraits du message d’Amma pour Navaratri – délivré le 11 octobre 2016 à Amritapuri.
« Mes enfants, Navaratri (fête hindoue qui célèbre durant neuf nuits et dix jours des formes diverses de déesses du panthéon hindou) est une occasion pour adorer la Parashakti, la déesse toute-puissante, créatrice de l’univers.
Navaratri est le temps des vœux, des austérités et de la dévotion. Les expressions de dévotion varient selon les lieux. Dans certains endroits, un aspect différent de Devi (la mère divine) est célébré chaque jour. Dans d’autres endroits, on la célèbre sous la forme de Kali (déesse hindoue de la préservation, de la transformation et de la destruction) ou de Durga (symbole de l’unité des forces divines) pendant les trois premiers jours, puis sous la forme de Lakshmi (déesse de la fortune et de l’abondance, épouse de Vishnou), les trois jours suivants, et enfin sous la forme de Sarasvati (déesse de la connaissance, de l’éloquence, de la sagesse et des arts), les 3 derniers jours. Dans d’autres endroits encore, la célébration a lieu uniquement les 3 derniers jours.
Les tendances négatives telles que la somnolence, la paresse, la luxure, la colère, l’orgueil, la jalousie, l’impatience et le manque de foi sont des obstacles aux pratiques spirituelles et à la progression sur le chemin spirituel. Les acquérir par la pénitence afin d’atteindre ainsi l’accomplissement spirituel, tel est le principe auquel Navaratri nous convie. À travers la prière, nous pouvons obtenir non seulement cela mais également la force, de bons auspices et la connaissance. Grâce à des vœux, nous pouvons augmenter notre volonté et acquérir une plus grande maîtrise de soi. Vijayadasami (le jour de Navaratri correspondant à la victoire de la déesse Durga sur le démon Mahishasura) en représente l’accomplissement.
Le jour de Durga Ashtami (jour de Navaratri le plus bénéfique pendant lequel de nombreux dévots jeûnent), nous offrons nos livres et nos outils de travail lors du rituel de purification, en signe de gratitude pour les bénédictions reçues pendant l’année écoulée.
Le tailleur choisit alors son aiguille et le guerrier son pistolet. De même, le médecin ou le boucher choisissent leurs outils de travail : c’est parce que les gens ont besoin de ces outils pour gagner leur vie. En offrant ces outils à Dieu, nous nous engageons à réaliser toutes nos tâches en hommage à Dieu.
Ensuite, nous les recevons comme offrande et commence ainsi une nouvelle vie. Vijayadasami est une occasion bénéfique pour toute nouvelle noble entreprise. Ce jour là, nous initions les enfants à l’apprentissage en leur faisant écrire les syllabes Harishree… (Seigneur…). Le mantra « Om Hari Shree Ganapataye Namah » représente tout l’univers des lettres. Les êtres humains apprennent principalement grâce à l’alphabet. Quand Devi, incarnation du langage, illumine l’esprit et la langue, le muet devient éloquent et l’illettré érudit.
La vérité ultime est pure Conscience. Elle ne subit aucun changement quand l’univers se manifeste à partir d’elle. Nous nous référons au pouvoir qui la sous-tend sous la forme de Devi. Dieu et le pouvoir divin ne sont pas dissociés, ils ne font qu’un, exactement comme le soleil et sa lumière, le miel et sa douceur, un mot et sa signification.
Nous avons la liberté d’adorer Dieu sous la forme que nous aimons, quelle qu’elle soit. Nous pouvons l’adorer en tant que mère, père, maître spirituel, ami, Dieu, ou comme notre propre enfant si, et seulement si, ce sont les principes spirituels qui guident notre dévotion. Parmi les relations humaines, c’est la relation mère-enfant qui est la plus noble. L’enfant est totalement libre avec sa mère. Il obtient ce qu’il veut en criant ou par ténacité. Même si la mère donne une fessée à son enfant, il la serre très fort. « Je n’ai pas d’autre refuge que ma mère », telle est son attitude. Quelle que soit la cause de son malheur, il se console sur les genoux de sa mère. Faisons de même envers Dieu. La mère est l’incarnation de la patience. L’enfant a beau se tromper encore et encore, la mère lui pardonne sans cesse et le comble d’affection. Cependant, la plupart des mères n’aiment à ce point que leurs propres enfants ; alors que la mère divine associe la discipline spirituelle à l’amour envers tous les êtres de l’univers.
Certains demandent : « Pourquoi dit-on de Maya (pouvoir divin de créer, perpétuant l’illusion de la dualité dans l’univers phénoménal, la nature illusoire du monde) qu’elle est Devi ? Maya ne nous conduit-elle pas à l’illusion, à la souffrance et à la servitude ? Pourquoi alors vénérer Devi ?»
L’univers est la manifestation visible de Devi. Elle imprègne toutes les formes. Puisqu’elle est tout, Maya aussi est Devi. Devi est celle qui délivre tout à la fois Maya et le Mayavi (le magicien) de l’illusion. Devi est la connaissance et l’ignorance. La connaissance nous conduit à la vérité. L’ignorance nous conduit au mensonge et à la souffrance. Parce que Devi est toute chose, elle est en même temps connaissance et ignorance, ainsi que la vérité suprême, qui est le substrat des deux. Maya n’est rien d’autre que notre propre mental. Ce n’est pas une force extérieure quelconque. Maya est la forme racine de notre mental. Le mental est la cause de la servitude et de la libération.
C’est l’histoire d’une bande de voleurs qui détroussent quelqu’un de ses objets de valeur puis le ligotent avec une corde et le jettent dans un puits. La victime crie à l’aide. En entendant les cris, quelques personnes s’approchent du puits. En voyant la personne, ils jettent une corde dans le puits et la sauvent. Une corde l’a ligotée et une autre corde l’a sauvée. C’est la même chose en ce qui concerne le mental, qui peut à lui seul emprisonner ou libérer. Nous pouvons verrouiller une porte lorsque nous tournons la clé à droite, ou la déverrouiller lorsque nous tournons la clé à gauche. Mais la clé ne change pas. C’est notre façon de nous en servir qui détermine si nous déverrouillons la porte ou non. De la même manière, le mental est seul responsable de la servitude et de la libération. La plupart de nos souffrances ont pour origine des idées fausses. Au crépuscule, le soleil se couche dans la mer. L’enfant pleure en croyant que le soleil se noie. Il en est de même avec la plupart de nos souffrances.
Dieu a assigné à chaque chose sa place dans l’univers. Il n’y en a pas de grande ou de petite. Voyez et vénérez chacun comme étant Dieu. Nous avons besoin de cette vision égale. C’est aussi le message qui se cache derrière Bommakkolu (présentation de statues sur plusieurs niveaux) associée à Navaratri. Nous adorons même la plus insignifiante idole comme faisant partie de Devi. La dévotion suprême est de voir, aimer, servir et adorer toute chose comme la Mère universelle.
Éveillons la connaissance juste depuis l’intérieur de nous-même. Lisons les écritures et mettons les enseignements en pratique dans notre vie. Puisse Navaratri éveiller cette attitude chez tous. Que la grâce divine vous bénisse tous. »