» Disons qu’un homme plante un petit arbre. Au bout de cinq jours, il déterre le petit arbre pour voir si ses racines ont poussé. Puis il le plante de nouveau. Il le déterre de nouveau au bout de cinq jours pour vérifier la taille des racines et le replante. Le plant finit par mourir. Voilà ce qui arrive lorsque nous courons partout à la recherche de Dieu. À peine commençons nous à nous enraciner que nous nous mettons à penser : « Je n’arrive à rien ici, si j’allais là-bas, j’y arriverais peut-être mieux. » Ce dont nous avons vraiment besoin, c’est de patience.

Un oiseau était perché sur le mât d’un bateau. Il souhaitait rejoindre la même destination que le bateau. Le bateau avançait doucement. Au bout d’un certain temps, il pensa : « Pourquoi je n’essaierais pas de voler vers le nord, j’atteindrai alors la côte ». Alors l’oiseau s’envola vers le sud, mais au bout d’un moment, complètement épuisé et il dût revenir se poser sur le mât du bateau. Un peu plus tard, il s’impatienta de nouveau et s’envola vers l’est. À nouveau trop fatigué, il dût revenir au bateau. Bientôt, l’oiseau impatient s’envola vers l’ouest, pour revenir une fois encore exténué. Il fallut quelques jours au bateau pour atteindre la côte et l’oiseau s’envola alors, satisfait. L’oiseau aurait pu rester posé sur le bateau au lieu de voler dans toutes les directions et de gaspiller son énergie. Quel besoin avait-il de voler ? Aucun. Il en va de même pour ceux qui courent partout d’un endroit à un autre, à la recherche de Dieu. La patience et le lâcher-prise, voilà ce que nous avons besoin de cultiver.

Certaines personnes disent à Amma : « Lorsque je suis allé voir ailleurs, on m’a dit que c’était le mental qui était la cause de mon chagrin. J’ai bien apprécié ça. » En fait, Amma l’a déjà dit de nombreuses fois : « C’est le mental qui est la cause du chagrin. »

C’est l’histoire d’un homme qui racontait toujours à son maître spirituel combien il était malheureux. Un jour, le maître spirituel répondit : « Mon fils, tout ton chagrin vient de ton mental. » .
L’homme, frustré, dit : « C’est facile à dire pour vous, mais c’est moi qui souffre ! »
Le lendemain, quand l’homme revint pour voir le maître spirituel, il le vit accroché à un arbre couvert d’épines, en train de hurler : « J’ai tellement mal, tellement mal, tellement mal ! »
L’homme, perplexe, demanda : « Mais que faites-vous ? N’est-ce pas vous qui vous accrochez à cet arbre ? »
Et le maître spirituel de hurler de plus belle : « J’ai tellement mal… tellement mal ! »
Le disciple se mit à crier : « Maître ! C’est vous qui vous accrochez à l’arbre, lâchez simplement l’arbre et tout ira bien ! Lâchez-le et descendez ! »
Le maître spirituel lâcha prise aussitôt et descendit de l’arbre. Puis il expliqua : « Tu as dit que ce que je faisais était absurde. Cela fait des années que je te le dis mais tu ne m’écoutes jamais ! »

« C’est le mental qui est la cause de votre chagrin. » Amma nous le répète et nous raconte des histoires du même genre. Ce dévot avait entendu ces histoires et paroles d’Amma un millier de fois et pourtant, lorsqu’il avait entendu la même chose ailleurs, il s’était exclamé : « Oh ! Comme c’est intéressant ! » . Alors, écoute-t-il vraiment ce que dit Amma ? C’est un point essentiel. C’est comme ça que fonctionne le mental. Si cette personne avait prêté attention à ce qu’Amma disait, lorsqu’il était à côté d’elle, il aurait compris. Tous les maîtres spirituels disent : « Aham Brahmasmi » (je suis Brahman) et « Tat Twam Asi » (tu es Cela). Les disciples pratiquent ensuite constamment l’écoute, la réflexion et l’intégration, c’est grâce à ce processus qu’ils peuvent saisir la profondeur de ces affirmations.

À l’époque, les disciples spirituels avaient la patience nécessaire pour le faire. Amma sait qu’aujourd’hui nous ne sommes pas assez patients. C’est pourquoi, à l’image de la poule qui concasse les gros grains pour ses poussins, ou bien de la petite clé qui ouvre une grosse boîte pleine de pierres précieuses, Amma essaie d’expliquer ces principes avec des exemples très simples. C’est la seule manière pour que l’on puisse comprendre et assimiler ces principes. On doit briser un bloc de pierre en petits morceaux pour faire du gravier. Pour comprendre, on a besoin aujourd’hui que les principes soient extrêmement simplifiés. C’est ce que fait Amma. Même ainsi, il y a des gens qui courent partout. Au véritable disciple spirituel, un seul mot suffit, à condition qu’il écoute avec attention et conscience. Tout ce qu’il a à faire c’est contempler ce seul mot. Mais aujourd’hui les disciples sont comme des nourrissons prématurés. Ils vivent dans un supermarché. Mettons du sucre sur notre langue, il nous sera très difficile de ne pas saliver. Il faut beaucoup de travail pour rendre potables les eaux usées. Amma comprend dans quel état nous nous  trouvons. Mais, Amma a beau faire, les gens n’en courent pas moins partout.

C’est l’histoire d’un garçon qui était en retard pour aller à l’école. Son nouveau pantalon était trop long de quelques centimètres et avait besoin d’un ourlet. S’il le portait tel que, il traînerait par terre. Il alla donc voir sa mère pour lui demander : « Maman, j’aime beaucoup ce pantalon et je voudrais le porter aujourd’hui. Tu pourrais me faire un ourlet, s’il te plaît ? »
Elle répondit : « Je dois partir au travail, et je dois partir maintenant. Je n’ai pas le temps. »
Alors le garçon alla voir son père et lui demanda : « Papa, tu pourrais raccourcir mon pantalon de sept centimètres, s’il te plaît ? »
Son père dit aussi qu’il devait partir travailler. Le garçon demanda alors à sa sœur mais elle dit qu’elle devait partir à la fac. Enfin, le garçon alla voir la femme de ménage mais celle-ci répondit : « Je dois nourrir les animaux, nettoyer la maison et cuisiner pour tout le monde, où trouverais-je le temps de coudre ? »
Le garçon finit par abandonner et il mit un autre pantalon pour aller à l’école. Lorsqu’il rentra de l’école, son pantalon ressemblait à un caleçon. Que s’était-il passé ? En rentrant du travail, son père avait ôté sept centimètres au pantalon. Ensuite, ce fut le tour de sa mère de couper elle aussi sept centimètres en rentrant du travail. Puis, quand sa sœur rentra à la maison, elle fit elle aussi un ourlet au pantalon. Un peu plus tard, la femme de ménage finit son travail et raccourcit, à son tour, le pantalon du garçon de quelques centimètres. Finalement, le pantalon avait tellement été raccourci qu’on aurait dit un caleçon !

Le garçon voulait arranger son pantalon mais c’est le contraire qui s’est passé. De la même manière, lorsque nous passons notre temps à courir partout, nous ne nous fixons nulle part. Nous nous déplaçons sans arrêt d’un endroit à un autre. Pour assimiler quoique ce soit, nous devons faire preuve de patience.