« Yogah Karmasu Kaushalam » (« le yoga est l’art d’agir ») et « Samatvam Yoga Ucyate » (« l’équanimité est le yoga »). La vie de Krishna est la preuve avérée qui confirme l’authenticité de ces aphorismes de la Bhagavad Gita. De même, nous pouvons dire que la vie de Krishna est également un commentaire de la Bhagavad Gita.
Au cours de sa vie, Krishna a accompli les tâches les plus ardues avec légèreté et enthousiasme. Il a gardé la même aisance pour gouverner le royaume et mener la guerre, que pour jouer des jeux divins avec les vachères. Quand il était adoré lors du grand rite à la cour de Yudhisthira en présence d’invités prestigieux, il avait le même sourire aux lèvres que lorsqu’il recevait en personne ses hôtes et leur lavait les pieds. Au lieu de fuir les problèmes, Krishna nous a montré comment y faire face avec discernement. Cependant on doit accomplir les actions avec un sentiment d’abandon, pas avec l’ego. C’est alors que nous sommes délestés de l’attachement à l’action et de son poids.
Nombreux sont ceux qui disent que Krishna a encouragé la guerre. Or, il a essayé à maintes reprises de l’éviter. Bien qu’il ait toujours échoué, et même après le début de la guerre, Krishna a sans cesse montré la voie par laquelle la guerre pourrait se transformer en austérité. En réalité, la guerre du Mahabharata représente notre conflit intérieur à tous : la guerre entre le bien et le mal.
Toutes sortes de gens viennent voir un maître spirituel – des policiers, des juges, des avocats, des soldats… Quand il conseille un soldat, le maître le fait selon le devoir du soldat. D’où le conseil donné à ceux qui travaillent dans ce genre de professions : essayer de faire comprendre, offrir un cadeau, prendre du recul, utiliser le bâton. Il peut arriver que les maîtres spirituels aient affaire à des gens fiers de leur pouvoir et de leur statut. Quand cet orgueil s’insinue, l’individu s’efface et il ne reste plus qu’un genre d’ivrogne. C’est cela que Krishna nous a appris.
Par exemple, si une personne ivre vient chez nous et se met à crier, nous pouvons d’abord dire gentiment : « Que fais-tu ? Ce n’est pas correct ! Tu ne devrais pas te comporter ainsi ! » S’il continue néanmoins à hurler des injures, nous pouvons lui dire : « Viens, je vais te faire un café ! » Et s’il continue quand même, nous pouvons lui dire : « Qu’attends-tu de moi ? Veux-tu de l’argent ? » S’il persiste dans ce comportement, nous pouvons nous éloigner. Mais si aucune de ces méthodes ne fonctionne, nous devons prendre le bâton pour le chasser. C’est la méthode conseillée à Arjuna par Krishna.
Les soldats devraient adopter ces méthodes avec les gens qui troublent l’ordre. Si quelqu’un cherche à envahir notre pays, nous devons d’abord recourir à la patience et à des moyens pacifiques pour l’en dissuader. Mais s’il continue à nous menacer, ce sera notre devoir d’avoir recours à la guerre.
Le devoir du soldat c’est de protéger la vie des habitants de son pays. Pour planter un arbrisseau qui va devenir un arbre, il peut arriver que nous ayons à arracher de l’herbe pour semer la graine, mais c’est pour la bonne cause. Quand nous prenons des antibiotiques, elles détruisent du même coup beaucoup de cellules saines dans le corps, mais il faut en passer par là pour vaincre la maladie. Si nous laissons le champ libre à un égoïste, cela crée et renforce encore plus son ego. Krishna n’est pas venu pour cela, il est venu restaurer la vertu. Il est correct de pointer ce qui n’est pas vertueux.
Parfois, des gens viennent dire à Amma : « Amma, des gens ont accaparé nos terres, que devons-nous faire ? » Normalement, Amma leur conseille de commencer par porter plainte auprès des autorités locales ; si rien ne change, qu’ils prennent un avocat et attaquent en justice. Amma ne peut pas leur dire de ne pas se battre pour leur terre et de se laisser faire ; après tout, cette terre est à eux de plein droit.
S’il n’existait pas d’amendes pour excès de vitesse, les gens seraient incités à rouler vite et causeraient des accidents mortels susceptibles de tuer les chauffeurs et les autres passagers.
Tout a un devoir qui lui correspond. S’élever contre le mal est en soi un devoir. « Yogah kamasu kaushalam » : « le yoga est l’art d’agir » et « Samatvam Yoga Ucyate » : « l’équanimité est yoga ». La vie de Krishna donne la preuve des aphorismes de la Bhagavad Gita et les authentifie. De même, nous pouvons affirmer que la vie de Krishna est également un commentaire de la Bhagavad Gita.