(26 juillet 2020, Amritapuri, Inde)

Tout d’abord, je veux exprimer ma profonde estime à l’équipe et aux membres de coordination AYUDH Europe pour avoir gardé vive la flamme de leur inspiration et de leur enthousiasme même au milieu de tout ce qui se passe dans le monde. Je voudrais saisir cette opportunité de remercier tout spécialement Robert et Rakshida, les coordinateurs généraux d’AYUDH Europe, qui se sont consacrés avec dévouement à la réalisation de ce projet. Toutes mes congratulations et mon amour à chacun d’entre vous. Je voudrais ajouter que cela me manque vraiment d’être physiquement avec vous. Je me réjouissais de participer à cette rencontre des cœurs, comme je l’ai fait ces dernières années à plusieurs reprises. Mais nous devons accepter la volonté de Dieu et rester en harmonie avec lui tout en faisant notre part pour améliorer le monde.

Avant d’entrer dans le vif du sujet d’aujourd’hui, prions quelques secondes en silence. Priez quelques secondes pour la paix dans le monde et pour la guérison de la terre, de la nature et pour la guérison des cœurs de milliards de gens dans le monde entier.

J’aimerais maintenant que vous fassiez tous un petit exercice.Fermez les yeux. Puis balayez votre environnement du regard. Remarquez chaque objet autour de vous, du plus petit au plus grand, la taille de la pièce, la disposition des objets, la chaise sur laquelle vous êtes assis, la table devant vous, la lampe de table, les images au mur, les sons proches et lointains, l’air que vous respirez… La brise qui vous caresse, les arbres, les plantes et le petit morceau de ciel que vous voyez de votre fenêtre. Tout ce qui vous entoure, promenez votre regard. Pendant un instant, imaginez que vous êtes un peintre passionné, en pleine réflexion sur le point de capturer la beauté de ce moment. Maintenant, inspirez lentement, inspirez et arrêtez-vous… Vous entendez peut-être encore le chant des oiseaux, le bruit des moteurs, les gens qui parlent… mais en vous, ils deviennent totalement silencieux. Maintenant, essayez de prendre du recul et de vous positionner en observateur. Vous observez, mais de loin, regardez tout simplement. Vous avez du recul. Regardez votre corps, observez votre respiration, voyez, entendez, sentez, mais au fond de vous, restez totalement à distance, non impliqué, non engagé, tout autour de vous il y a comme des nuages qui flottent dans le ciel étendu. Laissez-les aller et venir, vous êtes le ciel, le vaste ciel, le substrat immuable et stable des nuages qui bougent et flottent. Vous êtes immobile. Ressentez le silence profond et restez juste témoin.

Le sujet d’aujourd’hui est le suivant : Agir aujourd’hui pour un meilleur avenir. Je voudrais apporter une légère modification à ce titre. Je voudrais remplacer « Agir aujourd’hui pour un meilleur lendemain », par « Agir en ce moment pour un meilleur avenir ». Selon la loi de Dieu, la loi de l’existence, il n’y a ni passé ni avenir. Dieu n’a qu’un seul temps : le temps présent. Seul le moment présent existe. Ainsi, tout en adhérant à toutes les règles établies par l’homme dans notre pays, notre état ou notre ville, n’oublions pas la loi ultime de Dieu : la loi de l’univers. La loi cosmique est au-dessus de toutes les lois créées par l’homme, et une décision prise sur ce plan est irrévocable, car Dieu est le juge suprême du code supérieur de l’univers. Toutes les autres lois s’écroulent en poussière une fois cette loi supérieure appliquée, et c’est ce qui arrive actuellement. Ce n’est encore qu’un aperçu ; nous ne pouvons même pas imaginer l’intensité et l’impact qu’ont la vie ou Dieu s’ils décident d’exécuter la vérité.

Comme vous le savez tous, l’humanité fait preuve d’une grande retenue en ce moment. Nous avons prouvé que ce n’est pas difficile pour nous de vivre seulement avec le strict nécessaire, pas vrai ?

Le Covid nous a ouvert les yeux, en nous aidant à réfléchir sur nos attitudes et nos actions. Partout dans le monde, les gens résolvent fermement de ne plus refaire les mêmes erreurs, de faire preuve de plus d’amour, de compassion et d’attention envers leurs semblables et la nature. Mais au cours ne serait-ce que du siècle dernier, l’humanité a connu beaucoup d’événements de ce genre qui lui ont ouvert les yeux. Il y a eu tant de carnages, sans compter la première et la seconde guerres mondiales, et encore d’autres guerres entre nations et pays. L’humanité a également connu la pandémie de grippe espagnole de 1918, de nombreuses catastrophes naturelles, des attentats … La liste est longue, et à chaque fois qu’ils ont été confrontés à ces calamités, les peuples de toutes les nations ont très certainement fait vœu de se montrer plus aimants, plus compatissants, et plus attentifs à l’avenir. De toute évidence, rien n’a changé et les gens ont vite oublié leur misère, leur sentiment d’impuissance et leur tristesse.

Nous oublions facilement les leçons, surtout lorsque celles-ci sont pour le bien commun. C’est dans nos gènes, malheureusement. Très bientôt, nous allons reprendre nos vieilles habitudes et recommencer à commettre les mêmes vieilles bêtises. Sinon, comment pourrions-nous devenir si déplaisants, égoïstes, rusés, cruels et traîtres, même après avoir vécu tant d’expériences extrêmement douloureuses dans le passé ? Alors, le plus important, le plus important : n’oublions pas, en lettres capitales et en gras, la leçon enseignée par la Covid. Avant tout, chacun d’entre vous doit prendre un engagement : Je n’oublierai pas la leçon enseignée par la Covid. Souvenons nous de ces leçons à l’avenir, chaque jour, à chaque instant, chaque fois que nous nous mettons à faire quelque chose, avant chaque action : souvenons nous.

À ce stade donc, permettez-moi de partager avec vous une liste de choses à se rappeler :

  1. Souvenez-vous de trouver le bonheur dans ce que vous faites, c’est la première chose à retenir. Rendez le travail plus agréable, pour être plus clair : aimez ce que vous faites.

L’énergie pure d’amour transformera votre travail en joie. Lorsque vous partez en voyage, que le voyage lui-même soit agréable, et pas seulement la destination. Et le plaisir, comme le répète Amma, est ici, maintenant au moment présent. Il y a de multiples sortes d’actions. La première est tournée vers le résultat, la seconde est tournée vers l’avenir et nous faisons quelque chose aujourd’hui pour avoir quelque chose demain. Dans ce cas, l’action est motivée par le résultat que nous attendons à l’avenir. C’est comme une corde attachée au cou d’un animal. C’est l’avenir qui nous tire, et nous sommes traînés sans défense, traînés comme du bétail par notre avenir. Et quel est l’avenir ? Ce n’est qu’un espoir, un rêve, une attente, c’est incertain, inconnu.

Il y a l’autre type d’action qui est spontanée et naturelle. Elle n’est ni orientée vers l’avenir, ni vers les résultats, elle n’émerge d’aucune idée ou modèle préconçu. Une telle action est l’expression de l’être intérieur, de ce que je suis, et non de ce que je veux ou de ce que je veux devenir.

Supposons par exemple que vous vous promeniez dans une rue. Une personne marche devant vous, et soudain vous voyez les clés de voiture qui tombent de la poche de son pantalon. Il continue à marcher sans se rendre compte de ce qui s’est passé. Vous ramassez les clés de voiture, les remettez à la personne sans vous arrêter pour voir s’il y a un photographe de presse pour rapporter le merveilleux acte d’altruisme que vous venez d’accomplir. Vous ne regardez pas autour de vous pour vous assurer que les gens dans la rue voient la belle action que vous avez accomplie. Vous remettez simplement la clé à son propriétaire et vous partez sans même attendre un « merci ». C’est un exemple d’action naturelle et spontanée. Dans ce cas, soyez reconnaissant envers l’autre personne qui vous a donné l’occasion d’avoir un aperçu de votre être intérieur : de ce que vous êtes vraiment, de la joie éprouvée de n’avoir aucune attente de l’avenir, d’aucun résultat.

Cette expérience satisfaisante et épanouissante est le résultat d’une action réalisée sans aucune attente, sans concentration sur le résultat ou l’avenir. Regardez des personnes en action qui ont accompli beaucoup de choses dans la vie : regardez un bon musicien chanter, danser ou jouer d’un instrument. Regardez un grand sportif jouer au football, regardez un éminent sculpteur à l’ouvrage sur une statue, regardez un scientifique dans son laboratoire, un bon professeur en train d’inspirer une classe, regardez notre Amma donner le darshan (bénédiction sous forme d’étreinte), regardez chacune de ses actions. Elle aime tout profondément, il n’y a rien de trop petit pour elle. Tout, chaque chose apparemment insignifiante est importante pour Amma. Ainsi, le processus de création est en soi extrêmement agréable. Quand vous agissez, vous faites quelque chose, vous créez quelque chose, c’est plus agréable que n’importe quoi d’autre. Alors, mes chers frères et sœurs : concentrez-vous sur votre action, rendez la agréable, plaisante. Lorsque vous regardez faire des gens formidables, l’action en soi est bien plus glorieuse que tout ce que la chose finie pourrait apporter : imitez-les. C’est la première chose à retenir.

 

  1. Souvenez-vous que vivre c’est gérer des émotions

Il peut arriver à n’importe qui d’être pris par la panique et des crises émotionnelles, même en cette période, car ce sont des phénomènes répandus. La Covid a attaqué le monde entier, jusque dans les moindres recoins. Paniques et crises émotionnelles peuvent donc être assassines dans de nombreuses professions : pour les militaires comme pour les hommes d’affaires.

Alors, utilisez des techniques comme la méditation, la récitation de votre mantra ou des exercices de respiration simples, pour vous aider à vous détendre, penser plus clairement et faire face aux montagnes russes de vos émotions lorsque des difficultés surgissent. Des exercices simples de respiration … Vous connaissez la technique d’Amma, celle qu’elle donne partout, à la fin de chaque programme public. Ma Om. Tout simple : Ma, Om, Ma, Om, Ma,Om….

Essayez : vous serez conquis. Vous le ferez absolument tous les jours, peut-être trois ou quatre fois par jour. Parce que le bonheur que vous en retirez, la détente que vous ressentez, votre vécu sont géniaux. La sagesse n’est donc pas la capacité de savoir. C’est une grosse erreur ou une grosse idée fausse répandue dans le monde d’aujourd’hui, surtout chez les jeunes. La sagesse n’a rien à voir avec la collecte d’informations, ce n’est pas la capacité d’apprendre, c’est votre capacité intérieure à vous libérer de l’anxiété et de la peur des résultats, surtout lorsqu’il s’agit d’accomplir son devoir envers la société.

 

  1. Souvenez-vous de ne jamais perdre de vue les objectifs qui sont les vôtres à force d’imiter les autres.

Le soldat peut trouver paisible et heureuse la vie de fermier et le fermier peut trouver la vie de soldat excitante et dynamique. Au bout du compte, les deux rôles sont tout aussi importants l’un que l’autre : Au lieu de sauter sur l’herbe plus verte de l’autre côté, veillez à faire de votre mieux avec les capacités qui sont les vôtres. Mieux vaut vivre son destin de manière imparfaite que d’imiter la vie d’un autre à la perfection. Steve Jobbs, l’inventeur, le créateur, l’ambassadeur d’Apple, des ordinateurs Mac déclare : « Votre temps est compté, alors ne perdez pas votre temps à vivre la vie d’un autre, ne tombez pas dans le piège du dogmatisme, qui consiste à vivre selon ce que pense quelqu’un d’autre. Ne laissez pas le bruit des opinions des autres noyer votre voix intérieure à vous, et surtout ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. »

  1. Souvenez-vous d’être juste

Essayez autant que possible de traiter tout le monde avec compassion. Ressentez de la compassion à l’égard du monde. Qu’est-ce que la compassion ? Pour certains il est très compliqué de faire preuve de compassion, et c’est peut-être le cas pour les gens qui vivent dans le monde et qui sont militaires ou qui travaillent dans les affaires. La compassion peut se révéler extrêmement compliquée. Mais soyez équitable, juste. c’est faisable. C’est une forme de compassion praticable dans le monde. Soyez juste, si vous commencez à traiter vos ennemis avec autant de considération que vos amis, vous ressentirez moins de culpabilité. Par ennemis, je n ’entends pas seulement les pays voisins, ou quelqu’un qui vous a humilié, insulté ou conduit à l’échec, non. Il peut s’agir aussi de gens, de vos parents, il y a des gens qui considèrent leurs parents comme des ennemis, qui considèrent leurs frères et sœurs comme des ennemis. Alors faites preuve de compassion à leur égard, soyez juste envers eux, car vous aurez moins de culpabilité et moins de fantômes émotionnels en vous. Seul voit vraiment celui qui voit Dieu en toute créature, sans nuire ni à soi ni à autrui.

  1. Souvenez-vous d’équilibrer connaissance et action

L’humanité est plus intéressée par l’acquisition de connaissances que par l’action accomplie sur la base de ces connaissances. C’est pourquoi notre monde est surpeuplé de bavards, et ceux qui agissent deviennent une espèce en voie de disparition. Les personnes immatures pensent que connaissance et action sont deux choses distinctes ; les sages les considèrent comme une seule et même chose.

 

  1. Souvenez-vous de ne pas fuir votre devoir

Ne fuyez pas votre devoir à cause d’un excès d’analyse. Une fois que vous avez choisi une tâche, n’analysez jamais trop et n’utilisez pas la paralysie de l’analyse comme excuse pour fuir l’exécution de grandes choses. L’excès d’analyse peut vous paralyser. Abstenez vous. Par exemple, vous êtes bon musicien mais vous souhaitez changer d’activité et vous consacrer à la pratique de l’homéopathie. C’est un mauvais service que vous vous rendez et que vous rendez à la société parce que vous pouvez apporter beaucoup à la société grâce à votre musique. Votre musique servira également d’instrument pour élever votre niveau de conscience. Vous pouvez aimer d’autres tâches que la vôtre, vous pouvez aimer la tâche d’un autre et ne pas aimer la vôtre, mais accomplissez quand même votre tâche à vous et pas celle d’un autre, même si vous pouvez l’accomplir au mieux – au risque de continuer à être pris dans le champ des contraires, et de souffrir sans fin.

 

  1. Souvenez-vous d’avoir foi dans les lois divines de l’univers

Ni le temps ni la vie ne sont des lignes droites. Nous avons des milliers d’exemples qui nous montrent que le temps et la vie ne sont pas des lignes droites. Ils reviendront, ils sont cycliques. Tout, chaque action sans exception reviendra. Souvent nous déprimons et nous désespérons à l’idée que tout est perdu et nous jetons l’éponge. Nous pensons que les forces inférieures vont l’emporter et que nous n’y pouvons rien. Plutôt que de vous inquiéter de vos malheurs, continuez à faire ce que vous avez à faire du mieux possible ; une force supérieure viendra toujours protéger la vérité.

Peu importe que nous vivions différemment en différents endroits du monde que vous soyez Président ou Premier ministre de votre pays, PDG, gérant, professeur, artiste, ou que sais-je encore, peu importe la vie que vous menez … Rappelez-vous toujours qu’il n’y a qu’une seule loi qui gouverne chacun d’entre nous sans exception, il s’agit de la constitution centrale de Dieu. Ainsi il faut rendre compte de chaque action, tôt ou tard, c’est un cercle, tout nous revient.

 

  1. Souvenez-vous d’être méditants

La méditation est l’art de puiser dans ce qui est silencieux en nous et de le traduire en acte, ce qui permet de réfléchir, d’écouter et de guider les autres plus clairement. Vous aurez alors plus de patience, plus d’amour, plus de stabilité émotionnelle.

  1. Souvenez-vous d’être intuitifs

Une fois que, grâce à la méditation, nous aurons réalisé le silence intérieur, nos vies ne seront plus guidées par les pensées conflictuelles du mental. Nous développerons une autre faculté : un esprit intuitif qui nous permettra de prendre les bonnes décisions au bon moment avec la bonne compréhension. Amma dit :  »Être intuitif signifie être spontané. »

–Première étape vers la spontanéité : faire de vrais efforts, s’y consacrer et travailler d’arrache-pied.
–Deuxième étape : lâcher-prise, oublier tout ce que l’on a fait. Simplement tout oublier, parce que vous avez déjà fourni assez d’efforts avec toute la sincérité dont vous étiez capable.Oubliez tout ce que vous avez fait et soyez dans le moment présent avec un mental détendu.
–Et de ce repos émerge la troisième étape. Et l’esprit intuitif commence à fonctionner, lorsque vous êtes détendu, parce que vous travaillez dur pendant la journée. Vous dormez très bien la nuit ; un sommeil profond, sans rêves, reposant. Ce que vous faîtes le matin, pendant la journée, l’action sincère vous aide à vous connecter à la conscience supérieure. Nous n’en sommes pas conscients, mais qu’est-ce que le sommeil ? C’est se connecter à la source d’énergie. D’où l’importance primordiale du sommeil. Albert Einstein dit que l’esprit intuitif est un don sacré et que l’esprit rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur en oubliant le don.

Je voudrais vous raconter une histoire qui m’a été racontée par Dr Priya, gastro-entérologue à l’hôpital Amrita de Kochi. Lorsqu’elle était étudiante, on avait diagnostiqué un cancer avancé à l’un de ses patients. Cet homme habitait à quatre heures de l’hôpital et il était venu à l’hôpital Amrita avec une jaunisse et de fortes démangeaisons sur tout le corps. Pêcheur de métier, il était alcoolique et presque toute sa famille l’avait abandonné. Selon Dr Priya, l’attitude habituelle des médecins à l’égard de ce genre de patients est la suivante : « On les avait prévenu que l’alcool leur détruirait le foie, alors qu’ils souffrent maintenant. » C’est l’attitude courante. Même si l’on veut éprouver de la compassion, le mental revient à la charge avec des « Il l’a bien cherché ». En recevant le diagnostic, cet homme, avait hurlé sur les infirmières, les médecins et tous ceux qui s’approchaient de lui. Comme il n’y avait pas de remède, on lui avait proposé un traitement palliatif pour soigner sa jaunisse et ses démangeaisons. Comme il était pauvre, il avait été soigné gratuitement. Dr Priya lui avait demandé de revenir dans un mois pour un contrôle, mais il n’était pas revenu. Dr Priya avait fait part du rendez-vous manqué à un professeur, qui avait déclaré que l’homme était probablement ivre chez lui. Il viendrait s’il avait un problème. Quoi qu’il en soit, il lui avait dit que si elle l’appelait, il lui hurlerait dessus, alors pourquoi s’en faire ? Il avait probablement raison, mais des paroles d’Amma avaient traversé l’esprit de Priya : « Ne pas juger une personne sur son comportement. Elle a peut-être vécu des souffrances que vous êtes loin de comprendre, que loin même d’ imaginer. La compassion ne devrait jamais être assortie de conditions. »

Donc Dr. Priya s’était souvenue de ce que dit Amma et avait décidé d’appeler l’homme quand même. Et quelqu’un avait décroché. Quand elle avait demandé le patient, la personne au bout du fil avait dit qu’ils n’avaient pas de service de livraison. Priya était interloquée. Finalement, elle avait compris que c’était le numéro d’un stand de thé près du domicile du patient. Finalement, Priya avait réussi à joindre le patient et lui avait demandé comment il allait. Long silence puis : « Vous m’avez bien appelé ? Personne ne m’a jamais appelé de toute ma vie. Comment vous êtes vous souvenue de moi ? » Elle l’entendait sangloter au téléphone. Il n’arrivait pas à se remettre du fait que quelqu’un se préoccupait de lui.

Quelques jours plus tard, Priya avait reçu un coup de fil affolé : « Dr Priya, venez vite. Quelqu’un est là avec du poisson pour vous ». Croyant à une blague, elle avait raccroché. Dix minutes plus tard, un autre appel : « S’il vous plaît, venez tout de suite, cet homme avec du poisson est en train de faire un scandale ici ». Quand Priya était arrivée, elle avait vu son patient avec un seau de poissons vivants. Elle était perplexe. Il s’était précipité vers elle, lui avait mis le seau dans les mains en disant : « Je n’arrive toujours pas à croire que vous vous soyez souciée de moi au point de m’appeler. Il fallait que je vous donne quelque chose en retour. Ce que j’ai trouvé de mieux, c’était du poisson frais. Je les ai pêchés moi-même. Vous voyez, je les ai même mis dans de l’eau pour que le poisson soit le plus frais possible. Prenez-les, s’il vous plaît. » Les yeux de l’homme s’étaient remplis de larmes. Il n’avait même pas les moyens de s’acheter des chaussures correctes, mais il avait marché quatre heures, en s’arrêtant de temps en temps pour changer l’eau, juste pour lui donner le cadeau. Priya ne mange même pas de poisson, mais elle les avait pris quand même.

Tout cela pour dire qu’un acte apparemment insignifiant a beaucoup compté dans la vie de cet homme. Il est mort deux mois plus tard, mais le propriétaire du stand de thé a appelé Priya et lui a dit que le pêcheur n’avait cessé de parler à tout le monde de cet appel spécial jusqu’au jour de sa mort. Ainsi, consciemment ou non, les petits actes de compassion, d’humilité, de patience, de courage et de persévérance qu’Amma inspire à des millions de personnes se fraient petit à petit un chemin jusqu’à des millions d’autres personnes.

Tel est l’indescriptible pouvoir de transformation d’un maître spirituel comme Amma. Les gens pensent que la spiritualité est la négation de la vie. Non, c’est l’affirmation de la vie. Les anciens sages appréciaient et accueillaient les mondes extérieurs et intérieurs. C’est la voie que suit Amma en créant un beau mélange de science et de spiritualité, de matière et d’esprit. Et pour Amma, le monde et Dieu ne sont pas deux mais un. Amma dit : « Tout comme le soleil n’a pas besoin de la lumière d’une bougie, Dieu n’a besoin de rien de notre part, car Dieu est donneur de lumière. Autour de nous, tant de gens souffrent. Consolons-les. Donnons-leur l’aide dont ils ont besoin. » C’est cela le véritable amour de Dieu, la véritable spiritualité.

Avant de conclure, permettez-moi donc de répondre aux trois questions que vous m’avez envoyées. Autrement dit, je vais résumer tout ce que j’ai dit en deux mots, car au vu du contenu de vos questions, j’y ai répondu tout au long de cette causerie.

Numéro un : Dans un monde qui semble de plus en plus polarisé tant politiquement que socialement, que pouvons-nous faire pour commencer à nous rapprocher de ceux dont les idées diffèrent des nôtres ? 

Voici donc ma réponse : faites de votre mieux pour entrer en contact avec ces personnes, mais ne perdez pas trop de temps ni d’énergie à essayer de les convaincre du bien-fondé de votre point de vue. Si les gens voient toujours les choses différemment, cela signifie qu’ils le font consciemment ou peut-être inconsciemment. Mais une chose est sûre, ils ne veulent pas vous écouter. Ils ne veulent pas coopérer. Alors pourquoi voulez-vous perdre votre temps et votre énergie ? C’est bien, ils ont leurs propres opinions. Laissez-les faire. Mais vous, individuellement et collectivement, grâce à AYUDH, vous êtes assez nombreux. Votre unité et votre engagement représentent une force énorme. Cette union représente un potentiel énorme. Exploitez-la. Canalisez-la dans la bonne direction avec la bonne attitude au bon moment. Et c’est plus que suffisant. Connectez-vous avec tous les membres d’AYUDH dans le monde entier. C’est ce que je vous suggère. Pas seulement en Europe, pas seulement en Amérique du Nord et du Sud, en Inde aussi. Nous avons des AYUDH partout dans le monde. Créez une plate-forme. Créez une plate-forme commune pour pouvoir interagir. Échangez des idées et mettez-les en œuvre dans vos pays ou villes respectifs en tenant compte de la culture locale. S’il vous plaît.

La deuxième question : De plus en plus de jeunes désespèrent de voir le monde changer. Par quoi devraient-ils commencer pour précipiter le changement ?

Ma réponse est donc : dites oui à au moins une vertu. Que ce soit l’amour, la patience, la sollicitude, la compassion, la tolérance, n’importe quoi. Dire oui à une seule vertu précipitera le changement. Commencez petit. Faites de petits pas, des pas de bébé, mais dites oui à une seule vertu. Le Mahatma Gandhi a dit oui à une seule vertu : la non-violence. Et notre Amma a dit oui à l’amour universel. Et vous pouvez en faire autant à votre façon. Faites juste le premier pas, parce que le premier pas est aussi le dernier pas. Cela signifie que lorsque vous faites le premier pas, vous devez avoir la flamme en vous. La flamme, la passion, l’engagement, l’amour, entretenez cet amour. Maintenez cette flamme vive, parce que cette flamme est primordiale et c’est pourquoi le premier pas est le dernier. Le premier pas doit donc être fait correctement avec feu, le reste suivra.

Et numéro trois : Compte tenu de la situation actuelle du Covid, qu’est-ce qu’Amma et vous-même, Swami, attendent de la part des jeunes afin d’apporter des changements ?

La réponse est simple. N’oubliez jamais ces leçons. En ce qui me concerne, c’est la seule et unique réponse. N’oubliez jamais ces leçons. Retenez les et mettez en pratique ce que vous avez appris, car nous, les êtres humains, avons cette faiblesse d’oublier. Alors n’oubliez jamais ces leçons. Rappelez-vous et mettez en pratique ce que vous avez appris.

Ainsi, même si nous n’avons pas pu être physiquement ensemble cette année, je suis immensément heureux que nous ayons eu l’occasion de nous rencontrer, de ressentir, de partager et de renouveler notre foi dans l’amour et le service de l’humanité et de la nature. Que la grâce et les conseils d’Amma soient avec tous mes frères et sœurs d’AYUDH. Prions ensemble. Prions ensemble pour la paix dans le monde en chantant trois fois  »Lokah Samastah Sukhino Bhavantu » (Que tous les êtres du monde entier soient heureux et en paix.).

Puisse le monde guérir. Puisse la nature guérir. Puissent tous les cœurs des êtres humains guérir. Puissent tous les êtres du monde entier être heureux et en paix.