Dans un royaume, un jour de l’année, le roi offrait des cadeaux à tout le monde. Un mendiant qui vivait dans le royaume se dit : « Pourquoi ne pas me rendre auprès du roi ? Je suis malade et ne peux pas travailler pour gagner ma vie. Peut-être que j’obtiendrai quelque chose en allant là-bas. » Le mendiant n’avait pas les moyens de prendre un mode de transport et le palais était loin. Il fallait trois ou quatre jours de marche. En route, le mendiant s’écroula d’épuisement devant un petit cours d’eau. Il se traîna jusqu’à la berge et but un peu d’eau en se disant : « Comme cette eau est bonne ! Généralement, les gens offrent quelque chose au roi quand ils se présentent à lui. Je n’ai rien à lui donner, mais cette eau est si délicieuse que je vais lui en offrir un peu. » Sur ce, l’homme remplit d’eau un sac de toile et poursuivit son chemin jusqu’au palais.

La file d’attente pour rencontrer le roi était longue. Les gens apportaient des cadeaux coûteux pour le roi, et le roi leur offrait de l’or et des pierres précieuses en retour. Le roi fit approcher le mendiant. Dès que l’homme arriva auprès du roi, tout joyeux, un grand sourire aux lèvres, il lui offrit l’eau qu’il avait récoltée : « Mon roi ! Cette eau est très bonne ! tellement délicieuse ! »
-Le roi prit l’eau et la goûta. « Oh ! Cette eau est effectivement délicieuse ! »À ces mots, le roi y trempa à nouveau les lèvres.
-Voyant le roi savourer l’eau, les ministres autour de lui dirent : « Nous voulons goûter cette eau. »
-Mais le roi répondit : « Non, je ne vous donnerai pas une goutte de cette eau. »
-Ils réitérèrent leur demande, mais le roi refusa.
Le roi offrit ensuite un cadeau au mendiant et l’invita à reprendre sa route. Tout à sa joie, le mendiant s’en alla. Les ministres étaient perturbés. Normalement, le roi partageait ce qui lui était offert avec les ministres ou les autres hommes de l’assemblée. Ceux-ci s’approchèrent du roi : « Votre Majesté, pourquoi n’avez-vous pas partagé cette bonne eau ? Nous ne comprenons pas. »

Le roi répondit : « Le mendiant était épuisé et sur le point de s’évanouir quand il a bu l’eau d’un petit cours d’eau. Donc à ce moment-là, il a eu l’impression que l’eau était douce et délicieuse. Il n’avait rien d’autre à m’offrir. C’est pour cela qu’il m’a apporté cette eau. C’est eau est en réalité très sale et n’est pas bonne. Mais, si j’avais dit à ce pauvre mendiant que l’eau qu’il m’avait apportée au prix de tant d’efforts n’était pas bonne, tous les cadeaux que j’aurais pu lui donner n’auraient pas suffi à guérir la douleur de son cœur. Il se serait dit : « Comment ai-je pu faire boire de l’eau sale au roi ? » Il n’aurait pas pu apprécier son cadeau et serait parti avec le cœur lourd. C’est pour cela que j’ai dit que son eau était délicieuse. J’ai refusé de vous en donner parce que je n’étais pas certain qu’elle soit potable. »

Nous avons besoin de deux choses en ce monde : la vérité et des secrets. Certaines vérités dont nous savons qu’elles sont déplaisantes ne sont pas bonnes à dire en face. Par exemple ne disons pas à quelqu’un « Ton visage ressemble à celui d’un singe » de peur de l’offenser. Il y a des choses qu’il ne faut tout simplement pas dire.

Nous devrions faire toutes nos actions et tous nos devoirs avec amour et douceur. C’est cette douceur qui transforme les actions ordinaires en service du maître spirituel. Dénuée de douceur et d’amour, l’action n’est que labeur. Au même titre, ce qui n’est effectué que pour l’appât du gain n’est que simple labeur. Par contre, ce qui est effectué au service de l’amour et de la croissance intérieurs, l’est au service du maître spirituel. Ces actions sont des actes d’adoration du soi intérieur. C’est cela, la vraie dévotion.