La signification de Navaratri : C’est le jour sacré où nous tenons les doigts délicats de la nouvelle génération pour initier les enfants au savoir. Vijayadasami est le point culminant de l’adoration de Shakti effectuée les neuf jours précédents. En invoquant la bénédiction de Sarasvati Dévi, la déesse du savoir, les enfants entrent dans le monde de la connaissance. En tenant l’index de l’enfant, nous lui faisons écrire dans le riz le mantra « Hari Sri Ganapataye Namah ». C’est quand l’enfant abandonne son doigt au maître qu’il peut recevoir l’enseignement du maître.

Et voici la véritable explication de cet usage : le maître spirituel tient l’index de l’enfant pour le rituel de la première écriture. On utilise normalement l’index pour montrer les autres du doigt. Nous les montrons du doigt en disant : « Il est comme ci ! Elle est comme ça ! » On peut aussi l’appeler le doigt de l’ego. Quand nous montrons quelqu’un du doigt, trois autres doigts pointent vers nous. Quand nous critiquons quelqu’un, nous oublions que nous avons commis trois fois plus d’erreurs. Abandonner son index au maître spirituel symbolise l’abandon de l’ego. Quand la connaissance s’éveille, l’humilité suit. Une personne qui a la Connaissance est humble. Voyant le Divin en chacun, elle respecte tout le monde. Tout est la création de Dieu ; seul l’ego est notre création.

Quand le maître spirituel voit l’abandon de soi du disciple, son amour et sa grâce se répandent sur lui. Le jour de Vijayadasami, même les érudits écrivent « hari sri ganapataye namah ». Cela marque leur renaissance en tant que débutant. « Je ne sais rien », cette attitude humble du débutant, sa soif d’apprendre, son enthousiasme et sa patience le guident vers la connaissance suprême. Vijayadasami nous rappelle de préserver cette humilité, cet enthousiasme et cet abandon de soi toute notre vie.

Beaucoup se demandent pourquoi Sarasvati Dévi n’est pas invoquée dans le mantra « Om hari sri ganapataye namah ». En sanskrit, chaque lettre est associée à un nombre. Les nombres associés aux lettres de ce mantra forment la somme de 51. L’alphabet sanskrit comprend 51 lettres, et l’alphabet est considéré comme une forme de la déesse elle-même. En outre, le nombre des lieux spécifiques où l’on vénère la Mère divine en Inde est de 51. Donc, chaque lettre de l’alphabet représente aussi un de ces lieux.

Pendant les neuf jours qui précèdent Vijayadasami, on vénère Sarasvati Dévi sous différentes formes. On adore Durga pour obtenir la santé et le succès, puis Mahalakshmi pour la richesse, et enfin Sarasvati pour la connaissance. Pour obtenir la réussite matérielle, chacune est essentielle : la santé, la richesse et la connaissance.

Les plus grands obstacles dans la vie spirituelle sont l’inertie, la paresse et l’ignorance. Quand le mental est plongé dans l’inertie la qualité de l’action est souvent plus efficace que la qualité de pureté pour nous en faire sortir.
Un enfant qui s’est réveillé le matin mais qui est trop paresseux pour sortir du lit, se pelotonne sous le drap si vous lui chantez tendrement une douce chanson. S’il sait qu’il va recevoir une fessée, il se lève d’un bond. Le plus souvent, notre mental ressemble à cet enfant : il est sous l’emprise de l’inertie. On triomphe de l’inertie par l’action. Dévi nous y aide.

Quand une vache mange les légumes que nous avons plantés dans le jardin, si nous lui disons : « Si tu manges tous mes légumes, comment vais-je les vendre et joindre les deux bouts ? » Elle continuera à manger jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien. Il faut brandir un bâton et crier à la vache « Va-t’en ! » Alors elle s’enfuira en courant. Une vache ne discerne pas ce qui est correct de ce qui est incorrect. Elle veut simplement apaiser sa faim.

De même, si l’enfant pense que sa mère viendra avec un bâton au cas où il ne se lèverait pas, alors il n’a pas d’autre choix que de se lever. Cela lui donne cette vigilance. C’est le rôle de la déesse Durga.

Un maître spirituel frappe un jour à la porte de son disciple. Le disciple répond : « Ouvrez la porte et entrez. » Le maître dit : « Cette porte ne peut pas être ouverte de l’extérieur, car la poignée est à l’intérieur. » Ainsi, le disciple doit d’abord ouvrir son cœur. Sinon, le maître spirituel ne peut pas entrer. Il faut pour cela que le disciple ait de la maturité.

De même, pour que les études spirituelles aient un impact, le chercheur doit d’abord avoir de la maturité. Il faut d’abord semer les graines des pratiques spirituelles dans le champ de la dévotion. Une fois qu’elles ont germé, il faut les transplanter dans le champ de la connaissance. Dans ces conditions, nous ferons une bonne récolte.

Dieu nous parle le langage du silence. Quand les pensées disparaissent et que le mental est calme, nous pouvons entendre la mélodie de Dieu, qui demeure constamment en nous. Dieu voit et connaît toutes nos pensées, nos actions, tous nos silences et tout le reste parce que tous les êtres de la création demeurent dans cette énergie infinie et suprême. Une mère comprend le sens des regards et des balbutiements de son tout-petit. Elle comprend même ses états intérieurs silencieux. Ainsi, Dévi connaît les désirs de ses dévots sans même qu’ils les lui disent. Dévi préfère peut-être la prière du mental silencieux et méditatif, libre de pensées plutôt que celles du mental rempli de désirs innombrables. C’est peut-être pourquoi un des noms de Dévi est Moukambika, la mère silencieuse. Elle est l’énergie suprême qui, dans le silence, fait et connaît toute chose, tout en restant détachée, non-affectée et, comme le ciel infini, témoin de toute chose.

Outre la prospérité matérielle, Navaratri illustre l’évolution graduelle d’un chercheur spirituel vers le but ultime de la réalisation du Soi. Jagadambika élimine les impuretés et détruit l’ego du chercheur qui a fait de la réalisation de Dieu le but de sa vie. Dans le silence ainsi créé, elle nous éveille au Soi intérieur.

Le jour de Durgashtami, nous déposons nos livres et nos instruments devant l’autel et nous les reprenons le jour de Vijayadashami. Symboliquement, c’est faire l’offrande de notre vie au Divin, puis recevoir ce que nous avions offert comme un cadeau béni. Cela revient à prendre un nouveau départ après s’être imprégné de l’idéal du souvenir de Dieu et de l’abandon au Divin.
Lorsque nous rencontrons le succès, nous disons que c’est grâce à nos capacités et à nos talents. Quand nous rencontrons l’échec, nous accusons Dieu. Nous ne devrions pas avoir cette attitude. Voyons-nous comme un instrument entre les mains du Divin, comme un pinceau manié par le peintre ou un stylo tenu par l’écrivain.

Quelle que soit notre profession, soldat, couturier, ou quoi que ce soit d’autre, nous déposons nos outils devant l’autel le jour de Durgashtami. L’objectif est de se rappeler que Dieu est la puissance réelle qui agit à travers nous. C’est un acte d’abandon au Divin. Cela nous aide à être moins fiers de nos succès. Le souvenir de Dieu et l’abandon au Divin, voilà ce qui rend notre vie réellement bénie. Grâce au savoir, associé à l’effort juste, nous devenons aptes à recevoir la grâce.