On renaît quand on meurt complètement à notre ego
‘Il est dit que Dieu est l’incarnation des infinies qualités divines. Il est au-delà des mots et de la pensée. Les mahatmas nous permettent de faire l’expérience de la divinité de Dieu. Ce qui fait la spécificité des mahatmas, c’est qu’ils mettent en pratique ce qu’ils prêchent. À cet égard, il en allait de même pour Jésus Christ. Il était l’incarnation du sacrifice de soi, de l’amour et de la connaissance spirituelle. La vie même du Christ était son message.
En observant la vie des grands êtres tels que Krishna et Jésus, nous voyons que beaucoup de forces diaboliques ont essayé de leur nuire. Il en découle un enseignement spirituel : quand la connaissance spirituelle – personnifiée par l’enfant divin – est sur le point de naître, nos tendances égoïstes et matérialistes essaient de l’en empêcher. C’est seulement à force d’efforts sincères, de vigilance et d’attention que nous accéderons à la connaissance de soi. Si on verse de l’huile sur une étincelle, elle s’éteint. Mais une fois qu’elle s’est transformée en un énorme feu, elle ne s’éteint pas même si on l’arrose d’huile ; le feu consume l’huile. De la même manière, quand la conscience spirituelle commence à peine à grandir en nous, toutes nos tendances et pensées négatives essaient de la bloquer. Mais une fois que nous serons établis dans la connaissance de soi, il n’y aura plus de place pour les tendances matérialistes et négatives. Tous les grands gourous s’incarnent dans le but de débarrasser les esprits des hommes de l’obscurité de l’ignorance et de l’adharma [l’iniquité] et de répandre la lumière de la connaissance.
Liberté et servitude
La naissance de Jésus révèle un autre principe spirituel profond. Jésus n’est pas né dans un superbe palais. Il est né dans un endroit modeste, dans le coin d’une étable. Ses parents n’étaient ni riches ni lettrés. Leur seule richesse était leur pureté mentale. De plus, hormis quelques privilégiés, très peu de gens ont entendu parler de sa naissance. L’enseignement à en tirer, c’est que l’éveil spirituel vient aux chercheurs humbles et patients. Videz-vous de votre ego et je viendrai demeurer en vous – telle est l’essence du message du Seigneur.
Si nous prenons l’exemple de la vie de Krishna, nous voyons qu’il est né dans la prison où le méchant Kamsa avait enfermé ses parents, Vasudeva et Devaki. La prison représente l’ignorance spirituelle, et la naissance de Krishna l’avènement de la connaissance de soi qui ouvre les portes de la prison et permet de se libérer. En prison, Devaki et Vasudeva ont prié intensément le Paramatman (le Soi suprême) – ce qui a permis la naissance de Krishna. L’amour n’a pas de limites. On ne peut pas l’enfermer entre quatre murs. Même si en apparence nous sommes libres, nous restons enfermés dans la prison de notre mental ignorant. Par contre, même jeté physiquement en prison, le mahatma reste toujours libre intérieurement. Le monde extérieur n’enchaînera jamais les mahatmas. Même s’ils vivent dans le monde, ils en sont détachés, à la manière du beurre qui flotte à la surface de l’eau.
La science de la prière
En nous abandonnant véritablement, nous nous éveillerons et nous nous élèverons. En ce moment, nous avons la connaissance mais nous ne sommes pas conscients. Nous voyons bien des choses mais sans les voir vraiment. Nous entendons des choses mais sans les écouter vraiment – parce que notre mental n’est jamais présent à ce que nous voyons ou entendons. Dans un bhajan, on chante : « Oh Seigneur, je suis venu à toi les mains jointes. Je t’en prie, écoute-moi. » Ce qui signifie en réalité que c’est à nous de voir et d’entendre – grâce à la conscience accrue dans la prière. Dans l’état actuel des choses, notre mental n’est jamais dans le présent ; il ne cesse de vagabonder. Même si Dieu demeure en nous, nous ne sommes pas en Dieu. Il y a beaucoup de choses en ce monde qui enchaînent notre mental. Pour ramener le mental en Dieu, la prière peut être extrêmement utile.
Imaginez que vous soyez tombé au fond d’un trou profond et qu’il n’y ait personne pour vous sortir de là, avec quelle intensité vous appelleriez au secours ! Mettons autant d’intensité dans nos prières. Appelons le divin du fond de nos cœurs, avec l’innocence d’un enfant. Prier, réciter son mantra et méditer sont autant de façons d’éveiller le divin en nous.
Nous pouvons tenir un gros livre à bout de bras pendant environ cinq minutes. Mais si nous nous forçons à rester une heure dans cette position, nous aurons terriblement mal à la main. Si on nous oblige à rester comme ça pendant toute la journée, il faudra appeler une ambulance. Il en va de même avec notre peine. Nous devons nous décharger de nos peines et les déposer aux pieds du divin tout en priant du fond du cœur.
Autrefois, on voyait au bord des routes des grandes pierres soutenues par des piliers. Les gens qui portaient de gros sacs sur la tête ou sur le dos pouvaient déposer leur fardeau sur ces pierres pour se reposer un peu. Nous sommes nombreux à porter ce genre de fardeaux intérieurs – bien trop lourds pour nous. Profitons du temps de prière dans la salle de puja pour nous libérer de ce fardeau.
Puissent nos cœurs fondre en prière. Prier intensément, ce n’est pas faire preuve de faiblesse. Au contraire, tout comme la cire qui fond nourrit la flamme, la prière intense éveille notre dévotion et notre amour.
Pleurer pour Dieu est l’un des moyens de se rapprocher du divin. Il y a beaucoup de moyens d’atteindre le sommet d’une montagne. Les uns prendront les escaliers. D’autres se feront hisser dans une nacelle. D’autres escaladeront les rochers… On ne peut pas dire qu’un moyen est meilleur que les autres. C’est pour cela que le Sanatana Dharma énumère tant de pratiques spirituelles. Si un restaurant n’offre qu’un plat, il n’y en aura pas pour tous les goûts. Si un magasin de chaussures ne vend qu’une seule taille, très peu de gens pourront s’y fournir. De la même façon, personne ne peut dire qu’une voie est meilleure que l’autre.
Même si nous faisons de l’introspection, en oubliant le corps, les émotions et l’intellect, et en nous rappelant que nous sommes l’atman, il reste que nous avons besoin du mental pour l’atteindre. L’état révélé par les mahavakyas (les grandes paroles) comme tat tvam asi (« tu es Cela ») se retrouve dans la prière quand l’ego se dissout en restant constamment conscient de ceci : « je ne suis rien ; Tu es tout. »
C’est au moment où Devaki et Vasudeva – ou Marie et Joseph – prièrent intensément et s’abandonnèrent en comprenant que Dieu était leur seul recours qu’un enfant divin leur naquit. Cette divinité demeure en chacun de nous, mais dans l’état actuel des choses, nous sommes incapables de la voir parce que nos cœurs sont fermés. C’est comme si nous étions assis dans une pièce aux fenêtres murées par des planches et que nous nous plaignions de ne pas avoir de soleil. L’aveugle verra-t-il quelque chose si on allume une lumière devant lui ? Une personne enrhumée sentira-t-elle quelque chose si on lui met une fleur parfumée sous le nez ou si on vaporise du parfum ? Il faut ouvrir notre cœur. Quand une fleur est encore en bouton, on ne peut pas profiter de sa beauté ni de son parfum. Il faut pour cela attendre qu’elle s’épanouisse.
Renaissance et mort de l’ego
Les êtres humains sont par naissance des enfants de l’univers. Mais ils peuvent renaître comme des enfants de Dieu également. Cette renaissance se produira lorsque nous mourrons complètement à notre ego. La véritable naissance de notre identité en tant que Soi suprême survient en nous quand disparaît la dernière trace d’ego. Ce n’est pas quelque chose qui se produit après la mort. Il nous faut mourir à l’ego avant de mourir pour de vrai.
Ce n’est pas facile de transcender l’ego. Quand la connaissance de soi s’éveille à l’intérieur, l’ego disparaît automatiquement. L’ego ressemble à l’obscurité. On ne peut pas enlever l’obscurité. Mais elle disparaît automatiquement quand on allume la lumière. Pour amener la lumière de la connaissance de soi, engageons-nous constamment dans sravanam, mananam et nididhyasanam – apprendre les enseignements spirituels, purifier les doutes les concernant et s’établir dans ces vérités.
Notre ego s’est renforcé à cause de notre identification à notre statut et à notre position et ce n’est pas facile de dépasser cet attachement. Quand quelqu’un nous adresse des éloges, il est facile de succomber à l’ego. Par contre, même si on nous répète dix mille fois que notre véritable nature c’est le Soi suprême, on ne le comprend toujours pas vraiment.
L’esprit de Noël, c’est partager et prendre soin
À l’approche de Noël, les décorations illuminent la plupart des villes et des cités et les magasins sont pleins de clients qui achètent des cadeaux de Noël pour eux ou leurs proches. Mais au milieu de tout cela, ne cessons pas pour autant de nous concentrer sur ce qui est éternel au profit de ce qui est éphémère. Profitons de la création tout en nous souvenant du créateur. Si un ami vous envoie des chocolats, vous pouvez les savourer tout en vous souvenant de cet ami. De la même façon, restons concentrés sur le créateur.
Essayons de parler de façon désintéressée. Les paroles sont très puissantes. Un mot malheureux peut pousser quelqu’un au suicide tandis qu’un mot juste peut sauver quelqu’un. Des gens viennent voir Amma en disant : « Untel m’a dit cela. J’ai décidé de mettre fin à mes jours. J’ai même fixé la date. À quoi bon vivre dans un monde pareil ? Je l’ai aimé et je l’ai aidé de façon complètement désintéressée. Mais j’ai reçu tout le contraire en retour. » Amma prend le temps de leur parler et de les consoler, et ils changent d’avis et repartent soulagés. Amma ne leur offre que quelques paroles venues du fond du cœur.
Faisons de bonnes actions, cela nous rendra dignes de recevoir la grâce de Dieu. Quand nous allons vers les autres, Dieu vient vers nous. Beaucoup de gens disent : « J’ai fait du séva et des pratiques spirituelles pendant tant d’années et voilà tout ce que je récolte ! » Ils n’ont pas la bonne attitude. Qu’ils disent plutôt : « Au moins j’ai pu faire toutes ces pratiques spirituelles. Au moins, j’ai pu rendre tous ces services au monde. » Quand on sème une graine, on ne sait pas si elle va germer ou pas. Si elle ne germe pas, il faudra refaire le semis. Mais cela ne se passe jamais comme cela en ce qui concerne les bonnes actions. Les empreintes de nos bonnes actions ne disparaissent jamais. Ce sont des dépôts garantis qui nous resteront toujours. Ce ne sont pas comme les entreprises commerciales où il faut recommencer à zéro si on fait faillite.
L’esprit de Noël, c’est partager et prendre soin. Ne nous contentons pas de penser uniquement à nous. Regardons un peu autour de nous et voyons aussi ce dont les autres ont besoin. Contribuons à aider ne serait-ce qu’une seule personne. Si mes enfants en sont capables, ce sera cela la vraie fête de Noël.
Le Seigneur doit naître dans nos cœurs. Que de bonnes pensées, de bonnes paroles et des actions pleines de compassion décorent la crèche de nos cœurs. Puisse le Paramatman y demeurer à jamais. Puisse la grâce nous bénir tous. Amma souhaite un très joyeux Noël à tous ses enfants.’