« Amma a appris quelque chose dans sa jeunesse. Après avoir pondu un œuf, certaines poules attendent quelques jours avant d’en pondre un autre. Pendant ce court laps de temps, elles caquettent beaucoup et restent simplement au nid. Elles s’agitent et font beaucoup de bruit si l’on s’approche d’elles. Il arrive que certaines ne sortent même plus manger, même quand elles ont faim.
La mère d’Amma disait toujours : « Oh non ! Si cette poule reste à couver comme ça, elle ne pondra plus jamais ! On doit faire quelque chose. » Elle se rendait alors dans le poulailler, attrapait la poule et la jetait dans la lagune. C’était si triste… Pauvre poule ! Elle ne sait même pas voler ! On aurait pu croire qu’elle essayait de tuer la poule. Mais celle-ci se débattait dans l’eau encore et encore, et réussissait d’une manière ou d’une autre à revenir sur la berge. Alors, la mère d’Amma la remettait à l’eau. Amma était toute triste : « Pauvre poule. Ne la jette plus à l’eau. Elle va couler et mourir. » Mais la poule battait à nouveau des ailes et réussissait à revenir sur la berge. La mère d’Amma la remettait souvent à l’eau une troisième fois. Après ce traitement, une fois sortie de l’eau, la poule ébouriffait ses plumes et, toute joyeuse, elle rentrait et recommençait à manger.
Au bout de 10 à 15 jours, elle se remettait à pondre. Si elle n’avait pas été jetée à l’eau, elle se serait simplement laissé dépérir et mourir de faim. En fait, la poule était capable de bouger, et la mère d’Amma le savait. Elle savait qu’elle mourrait si elle cessait de bouger. Elle la jetait donc à l’eau pour l’aider à réveiller ses forces. Elle lui enseignait à surmonter sa paresse et à refaire des efforts. Une fois hors de l’eau, la poule était ragaillardie.
Amma a retenu de cette histoire que nous avons tous en nous des compétences, mais que la paresse nous pousse à ne rien faire et à perdre notre temps. Notre vie tourne mal et, bien que vivants, nous sommes comme morts. Nous devons redevenir utiles. Le maître spirituel fait la même chose avec le disciple. Bien souvent à l’époque, Amma ne pouvait s’empêcher de penser : « Comment ma mère peut-elle être aussi cruelle envers la poule ? n’a-t-elle point de compassion ? » Or il s’agissait en fait de compassion, c’était une question de vie ou de mort pour la poule. Sauver la vie d’une poule permet aussi de sauver d’autres vies. Certaines personnes vivent de l’élevage de 10 à 20 poules. Si elles récoltent 20 œufs par jour, elles gagnent 20 roupies (30 cents). Si elles dépensent 15 roupies pour acheter des aliments, cela veut dire qu’elles réalisent un bénéfice de 5 roupies par jour. Ainsi, lorsque la poule se remet à pondre, elle sauve la famille qui dépend d’elle.
Seul un maître spirituel sait comment s’y prendre avec un disciple. Seul le maître spirituel sait comment nous débarrasser de notre paresse. Nous désirons généralement suivre les caprices et lubies de notre mental, mais celui-ci nous tire toujours vers le bas. Il nous tire toujours vers les bas-fonds. Nous devons donc prendre conscience du Soi et devenir comme le feu. La flamme se dirige toujours vers le haut même si on la met à l’envers. Puisse cette conscience être accordée à tous. Puissiez-vous tous cultiver votre force intérieure. Puissiez-vous tous être bénis par la grâce. Amma offre cela au Paramatman.