5 octobre 2022, ashram d’Amritapuri

 

Navaratri c’est une fête de 9 nuits et 10 jours célébrant des formes de l’énergie féminine divine. Au Kérala, on fête particulièrement Sarasvati, déesse de la sagesse et des arts. Le 10e jour, on célèbre  Vijayadasami.

Pendant Navaratri, selon la tradition, la scène d’Amritapuri regorge de livres, d’instruments de musique et autres accessoires d’artistes. Tous ces objets de connaissance, vénérés lors des diverses rituels avaient été apportés par leurs propriétaires afin de recevoir des bénédictions.

Chaque jour, quand Amma monte sur la scène, tous les enfants la rejoignaient ; elle les guide dans le cadre d’une prière et d’offrandes de fleurs à l’autel. Cela fait partie de la grande célébration des 9 jours, comprenant quotidiennement des rituels et des bhajans* (chants dévotionnels) dans le kalari, le petit temple de l’ashram, et dans le hall principal.

Le jour de Vijayadasami (10e de cette fête), Amma initie toute l’assistance aux lettres de l’alphabet, traçant elle-même dans une assiette de riz : « Om Hari Sri Ganapataye Namah »* (hommage au Seigneur Ganesh). Lettre après lettre, Amma écrit et chacun reproduit la même lettre sur le sol avec les doigts. Elle demande aussi à chacun de répéter à haute voix chaque lettre après elle.

Après cette cérémonie collective, Amma a personnellement initié plusieurs jeunes enfants d’environ 3 ans à la connaissance. Elle les a pris chacun sur ses genoux et, tenant leur doigt, les a aidés à écrire ce même mantra lettre par lettre.

Extraits du message d’Amma lors de Vijayadasami

S’exprimant à cette occasion, Amma a déclaré : « Vijayadasami est la célébration d’une remarquable victoire. Nous avons tous expérimenté différentes sortes de succès dans la vie. Par exemple, obtenir de très bonnes notes à l’école et au collège, remporter des compétitions, des concours sportifs ou artistiques, réussir en affaires, gagner la guerre, etc. Cependant, la plus grande victoire de toutes est la victoire sur notre mental. Vijayadasami est la célébration de cette réalisation.

Toutes les forces aussi bien positives que négatives résident dans notre mental. Vijayadasami est la célébration de la victoire des forces divines sur les forces du mal. En autres termes, Vijayadasmi est la victoire sur nos tendances les plus viles et la réalisation de notre véritable nature divine. Il s’agit de transcender le fini et de réaliser l’infini.

Pour obtenir une telle victoire, nous avons besoin de la bénédiction de Parashakti la force transcendantale suprême qui contrôle l’univers. C’est pourquoi nous adorons Parashakti – la déesse, qui est la Mère, de forme féminine, et qui est la nature incarnée.

La Déesse Sarasvati, l’incarnation de la connaissance, est vêtue de blanc ; quand nous portons du blanc, nous distinguons immédiatement la saleté, nous ne pouvons plus porter le vêtement avant qu’il ne soit lavé. Le principe sous-jacent au fait de porter du blanc réside dans le fait que notre cœur doit être semblablement pur. Le cygne, qui représente la connaissance de l’absolu, et le paon représentant connaissance du monde sont tous deux des véhicules de la déesse. Dans ses quatre mains, Sarasvati tient un instrument de musique, un chapelet et un livre. Ses quatre bras symbolisent les quatre directions. L’instrument de musique représente la vibration du son transcendantal  mais également les autres arts. Le livre représente la connaissance, mondaine et spirituelle. Le chapelet représente la méditation. Nous devons contrôler notre mental ; le chapelet est un raccourci pragmatique pour le maîtriser ; on apprend au mental à ne pas errer ; même en s’asseyant tranquillement, le mental continue à réciter la prière ou le mantra. C’est en continuant à le réciter que l’on peut générer de l’énergie, que le mental peut être sous-contrôle et la stabilité de la conscience maintenue.

De même que la vie matérielle « climatise » le monde extérieur, la spiritualité « climatise » le monde intérieur – c’est-à-dire notre mental. Même dans les palais, des gens se suicident et souffrent de troubles mentaux. La spiritualité nous apprend à contrôler le mental, elle nous enseigne à nous adapter à chaque situation. Tout comme l’on modifie la vitesse d’un véhicule selon le type de route – qu’elle soit cahoteuse, en pente raide ou sinueuse – la spiritualité nous donne la capacité de nous adapter à n’importe quelle circonstance. Cela était jadis enseigné. Les enfants recevaient aussi ces enseignements à la maison ; ensuite, quand ils menaient une vie familiale, ils continuaient à faire preuve de respect et de gratitude envers toutes choses sur la Terre. Ils nous ont montré l’exemple à suivre.

De nos jours, le système éducatif repose essentiellement sur la réussite matérielle. Or, une éducation complète devrait nous donner le courage de résister et de faire face à chaque situation avec aisance ; elle devrait éveiller notre curiosité intellectuelle ; elle devrait stimuler notre habileté à réfléchir ; elle devrait nous donner le potentiel pour chercher et trouver des solutions en toute indépendance. Une bonne éducation devrait affûter notre caractère, encourager nos responsabilités sociales et nous inciter à respecter nos semblables. En bref, elle devrait procurer une bonne culture morale à chaque individu.

Tenir compte des sentiments des autres est un signe de culture véritable. L’éducation devrait développer la culture. La culture est la compassion. L’éducation véritable est celle qui élucide les vérités fondamentales. Les années d’éducation sont les années sur lesquelles chacun construit sa vie.

C’est la grâce de Dévi, le pouvoir cosmique, qui est responsable de tous les accomplissements et progrès dans la vie. Elle se manifeste sous forme de connaissance, d’amour et de toutes les vertus idéales. L’univers entier n’est qu’un jeu du pouvoir cosmique. C’est pourquoi nous devrions voir la Mère de l’univers en toutes choses et aimer et servir chacun avec équité, sans discrimination.  Puisse la grâce divine répandre ses bénédictions sur vous tous ! »

Nadapuja : rituel du son

En tout, 265 personnes ont participé à la Nadapuja : une offrande musicale incluant aussi bien les petits enfants que les personnes âgées. 165 joueurs de tabla, 75 joueurs de kaimani (petites cymbales), 6 chanteurs, 14 joueurs d’harmonium, un synthétiseur, un mridangam(tambour en forme de tonneau), une vina et un joueur d’edakka (tambour du Kérala que l’on frappe avec un bâton) – tous ont merveilleusement joué ensemble 3 chants tandis qu’Amma et le reste de l’ashram les regardaient avec beaucoup d’enthousiasme et d’admiration.