(28 janvier, tour de l’Inde 2020)

La 11ème édition du salon hindou de la spiritualité et du service a été inaugurée mardi dernier par Amma à l’université Gurunanak de Chennai.

Le thème de la conférence de cette année était : « Vénérer le féminin pour encourager le respect des femmes ».

Partageant l’estrade avec Amma : le Dr Padma Subrahmanyam, artiste et chercheuse, présidente du comité d’organisation de la conférence ; Rajalakshmi R., femme d’affaires responsable d’IMCTF, une fondation promouvant des actions pour la formation morale et culturelle des jeunes, vice-présidente du comité d’organisation ; et Sheela Rajendra, doyenne et directrice des établissements scolaires PSBB de Chennai (qui délivrent un enseignement dans le respect de la tradition indienne), secrétaire et membre du comité de réception de la conférence.

Mesdames Saindhavi Prakash Kumar, Suchitra Balasubramanian, Vidya Kalyanaraman et Vinaya Karthik Rajan ont merveilleusement interprété l’invocation « Maitreem bhajata » pour la paix dans le monde et l’hymne national indien « Vande maataram ».

Le Dr Thangam Meganathan, directrice des institutions éducatives Rajalakshmi, a accueilli Amma au programme tandis que J. Rajalakshmi, vice-présidente du comité d’organisation, prononçait ces quelques mots : « Aucune civilisation n’a accordé autant d’importance à la vénération du féminin que notre riche civilisation indienne. Aucune autre culture n’a autant célébré dans ses pratiques la puissance du féminin que notre tradition indienne. Depuis des temps immémoriaux, la puissance du féminin a été vénérée en Inde, non seulement en termes spirituels ou philosophiques mais aussi dans la vie quotidienne ».

Lors de son allocution, Amma a déclaré : « Pour Amma, hommes et femmes sont égaux : Dieu et la nature ont accordé aux deux sexes des qualités et des talents uniques. Pour que la société puisse se développer et s’épanouir, la contribution à la fois des hommes et des femmes est fondamentale. C’est un soulagement de voir aujourd’hui plus de femmes impliquées dans les sphères politiques, sociales et financières.

Le féminin constitue le fondement et l’essence même de l’être de la femme. Aujourd’hui, nombreux sont les hommes qui considèrent que les femmes ne sont qu’un corps, que de la chair. Beaucoup d’entre eux pensent : « Après tout, la viande est sans vie ; elle n’est là que pour être mangée. » Nous avons oublié la grandeur des qualités maternelles.

Habituellement les médias parlent des femmes abusées comme de « victimes » ou de « proies ». Ces termes les présentent comme étant sans défense, faibles et démunies. De nombreuses personnes pensent que les femmes sont faibles, fragiles et misérables. Ce genre de croyance doit changer. Pour cela, les gens devraient se rendre compte de la puissance du féminin et des qualités maternelles. Ils devraient reconnaître cette puissance.

Certains hommes croient, à tort, qu’ils sont supérieurs aux femmes et plus nobles qu’elles et donc qu’ils devraient en être les maîtres. Dieu et la nature n’ont rien à voir avec cette croyance. Dans la nature, il n’y a aucune loi ou différence de cet ordre. La tradition indienne considère toute perception des qualités d’amour et de compassion comme des incarnations du féminin. D’où le concept des cinq mères : la mère de naissance, la mère patrie, notre mère la Terre, notre mère les Védas (les textes sacrés de la tradition indienne) et notre mère la vache.

La société considère les femmes comme des êtres sans défense, faibles et capricieux et les enchaîne par ce conditionnement. Or il n’y a rien qu’une femme ne puisse faire si elle y est résolue. Il y a juste besoin que les circonstances adéquates soient réunies pour que sa puissance inhérente puisse se révéler. En réalité, si nous y regardons de plus près, nous pouvons facilement voir la force du féminin et la puissance de son influence dans tous les domaines : du niveau familial à celui du gouvernement national.

La force d’une femme réside dans ses qualités maternelles. Les qualités maternelles recèlent un grand pouvoir de transformation. C’est un pouvoir qui agit grâce à la compréhension du cœur de chacun. Dieu a accordé aux femmes un cadeau divin, le sein, qui leur rend la compassion toute naturelle. Cette compassion naturelle qu’ont les femmes est extrêmement précieuse. Mais elle devrait aller de pair avec le juste discernement. Autrement, il est possible que les gens profitent indûment de cette qualité.

Les femmes ne sont pas dépendantes et sans défense comme des petits chatons ; elles ont le courage et la force de rugir comme des lionnes. Elles ne sont pas des bougies qui doivent être allumées par quelqu’un d’autre ; elles sont comme le soleil qui brille de lui-même. Les hommes ont peut-être plus de force musculaire que les femmes, mais les femmes ont un muscle qui les rend plus fortes que les hommes. Il leur faut renforcer ce muscle. C’est celui du cœur. Si les femmes cherchent à entrer en compétition avec les hommes en développant leur puissance musculaire physique, cela reviendra à commettre une nouvelle erreur pour essayer de corriger la précédente. Cela ne mènera la société nulle part. Si on accorde aux femmes leur liberté et de bonnes opportunités, elles pourront briser leurs chaînes et se lever.

Le réseau d’oeuvres humanitaires d’Amma gère AmritaSREE, un programme pour l’autonomisation des femmes, qui a déjà aidé des milliers de femmes en Inde. On donne à ces femmes un capital de départ et les formations nécessaires pour qu’elles puissent monter leur propre entreprise. Nombreuses sont les participantes à n’être jamais allées à l’école. Beaucoup ont été maltraitées par leurs maris, qui les battaient en rentrant soûls à la maison. Elles sont nombreuses à avoir souffert de la pauvreté, ayant parfois dû se résoudre à mâcher des noix de bétel pour calmer les tourments de la faim lorsqu’il n’y avait rien à manger à la maison. Après avoir rejoint le programme AmritaSREE, beaucoup d’entre elles ont réussi. Leur affaire prospère et elles gagnent à présent un revenu décent. De plus, ces femmes se sont organisées pour venir en aide de plusieurs façons à d’autres femmes démunies et sans abri autour d’elles, allant même jusqu’à construire des maisons pour les familles à la rue. Leurs maris, qui auparavant étaient nombreux à les battre, les traitent maintenant dignement et avec respect.

La société créée par les hommes s’était transformée en voie à sens unique, sur laquelle eux seuls pouvaient circuler. Mais les temps ont changé. La société est devenue comme une autoroute qui permet aux femmes de voyager tout autant qu’eux. Les hommes doivent les laisser les dépasser au besoin, mais aussi leur ouvrir la voie.

La femme est le premier enseignant de la société. Ainsi, si les mères s’en donnent la peine, elles peuvent semer les graines de notre riche culture dans le cœur de leurs fils et filles. Les leçons qui insistent sur l’importance de respecter les filles et les femmes seront ainsi assimilées naturellement. Si les conditions favorables sont établies, alors nos enfants deviendront des citoyens adultes idéaux. Nous serons aussi capables d’éveiller en eux une culture et un caractère nobles. La science nous dit que nos gènes déterminent notre comportement. Amma pense plutôt que c’est l’environnement dans lequel une personne a grandi qui a l’influence la plus déterminante.
Aujourd’hui, il semblerait que le seul souhait des femmes soit d’aller de l’avant. C’est vrai, elles doivent sans aucun doute aller de l’avant. Mais il serait préférable qu’elles prennent parfois le temps de s’arrêter et de regarder en arrière. En effet, juste derrière elles, il y a un enfant qui les suit. Dans l’intérêt de l’enfant, il convient que la mère cultive un peu de patience. Il faut faire un peu de place pas seulement dans son ventre, mais aussi dans son cœur.

La force, la beauté et le parfum de l’avenir de notre société devraient être définis par les mères d’aujourd’hui. Le lait maternel ne nourrit pas seulement le corps de l’enfant mais contribue à développer son esprit, son intellect et son cœur. De la même manière, les leçons de vie et les valeurs transmises par la mère, le modèle, donnent à l’enfant la force et le courage qui lui seront utiles plus tard. Ce n’est que lorsque les mères s’éveilleront et feront leur possible en ce sens que nous verrons la naissance d’une nouvelle ère, prospère et pleine d’amour et de compassion.
Le féminin et le masculin sont des qualités intérieures qu’on ne peut pas cultiver uniquement en changeant de vêtements et de manières. Pour les personnes qui considèrent que le seul but de la vie est de combler leurs désirs émotionnels et physiques, les relations entre hommes et femmes n’auront que cette seule vocation. Les hommes qui sont dans cet état d’esprit ne seront pas en mesure d’aider ou de respecter quiconque, surtout pas les femmes. De telles personnes ne sont capables que de s’aimer elles-mêmes. La vision indienne de la vie ne s’articule pas autour du corps physique ; elle est centrée sur l’âme. Voir Dieu en tout, accomplir nos actions en accord avec les lois naturelles universelles, considérer toute relation, et donc aussi celle entre mari et femme, comme un chemin vers Dieu, voilà la vision indienne de la vie.

Le temple est la demeure de l’idole. De même, notre corps est la demeure de la conscience divine intérieure. Ce monde est aussi un temple car Dieu réside en ce monde. Voilà la vision spirituelle de l’Inde. Toute personne qui possède ne serait-ce qu’une compréhension élémentaire de cette perspective n’essaiera pas d’abuser ou d’insulter quiconque, encore moins les femmes. Ces personnes ne pourront s’adresser à elles qu’avec une attitude pleine de respect et d’estime.

Essayer de changer la nature intrinsèque d’un objet ou d’un être ne peut qu’être dangereux. C’est pourquoi, tout en adaptant leur attitude et leur profession au monde moderne, les femmes devraient s’efforcer de conserver leur nature intrinsèque. Si elles y parviennent, elles pourront s’élever vers des sommets plus hauts encore. Elles seront capables de briller dans tous les domaines. Elles n’auront pas à lutter pour se faire respecter et reconnaître. Respect et reconnaissance leur seront témoignés naturellement et spontanément. L’énergie et l’efficacité intrinsèques propres aux femmes dépassent l’imagination des hommes. Les qualités maternelles, la patience, la tolérance et la résilience sont des qualités que les hommes aussi peuvent cultiver. Chez les femmes cependant, ces qualités sont naturelles. Si ces qualités sont largement reconnues comme étant nécessaires pour garantir le succès et la prospérité des familles, des nations et des institutions, alors comment les femmes pourraient-elles être inférieures aux hommes ?

Autrefois, l’Inde a connu un âge d’or où les gens étaient capables de voir la connexion entre l’individu et la société depuis un point de vue spirituel. À l’époque védique et post-védique, les femmes étaient traitées avec beaucoup de respect et de révérence. À cette époque, les femmes avaient leurs droits, leur liberté, leur place et elles étaient respectées. Dans le millénaire qui a suivi, l’Inde a fait l’objet de nombreuses invasions et a été réduite en esclavage. Ces attaques envers la souveraineté de l’Inde et l’assujettissement qui en a découlé ont eu de lourdes conséquences sur les citoyens, non seulement extérieurement, mais aussi au niveau intellectuel, émotionnel et social. On a cherché à détruire nos valeurs spirituelles, nos systèmes de croyances, nos modes de vie et nos traditions, notre respect de nous-même. Notre identité de base, notre capacité de réflexion, notre individualité même, ont été mises à mal. Nous sommes devenus faibles, facilement influençables et manipulables. Ceci a transformé notre manière de considérer notre famille et nos relations personnelles, de même que nos idées à propos des femmes. Nombreuses sont les blessures infligées à cette époque qui ne se sont jamais refermées.

Malgré tout, l’Inde reste l’Inde. Les sages de l’antiquité ont imprégné cette terre de leur vision et d’une force unique capables de nous réveiller pour gravir de nouveau les sommets. Rien ne peut nous détruire ou nous priver de cette capacité. Nous devons cependant faire les efforts personnels nécessaires. Continuons à essayer de réveiller ceux qui dorment. Il est peut-être impossible de réveiller ceux qui font semblant de dormir, mais si ceux qui dorment vraiment se réveillent, alors ceux qui font semblant ne pourront plus faire semblant très longtemps.
Lorsque nous commencerons à reconnaître l’essence spirituelle de notre terre et à nous comporter en harmonie avec elle, alors l’Inde se réveillera. Sa grandeur perdue et sa prospérité reviendront spontanément. Amma prie l’Esprit suprême pour ce retour. Amma rêve d’une société et d’un âge d’or, où les femmes et les hommes feront l’objet d’un respect et d’une considération égales. Un âge d’or où les femmes ne seront pas menacées ni humiliées chez elles, au travail ou dans la rue. Un âge d’or où aucune femme ne sera illettrée. »

Et Amma de conclure : « C’est le rêve d’Amma ».

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