(8 janvier, Kovai – Tour de l’Inde 2015)

Amma est arrivée à l’ashram de Kovai dans la matinée, mais le groupe du Tour n’est arrivé que dans la soirée. Au crépuscule, Amma s’est assise avec les dévots, les bénévoles du programme et avec tous ceux qui voyagent avec elle, et ils sont nombreux. Elle a chanté quelques bhajans et a commencé à distribuer le dîner-prasad : chapatis, idlis et curry. Elle a ensuite demandé que l’on raconte quelques anecdotes ou histoires drôles à caractère spirituel.

Deux ou trois personnes ont parlé d’histoires vécues. Une institutrice d’une des écoles Amrita Vidyalayam a évoqué l’un de ses élèves de maternelle. Ce petit garnement avait la mauvaise habitude de voler des objets de valeur dans la salle de classe. L’institutrice lui avait d’abord dit gentiment que ce n’était pas bien. Mais le garçon ne l’avait pas prise au sérieux. Elle avait dû ensuite faire preuve de sévérité.

Pendant les célébrations de l’anniversaire de Krishna, les élèves avaient raconté différents épisodes de la vie de Krishna. À un moment, ce petit garçon s’était levé et avait demandé à sa maîtresse : « Si Krishna avait le droit de voler, pourquoi pas moi ? » Un autre garçon avait renchéri en disant : « C’est pour ça que Krishna est né en prison ». La maîtresse en avait été choquée.

Elle a alors prié Amma avec ferveur et ressenti fortement qu’Amma lui répondait de l’intérieur. Elle a répliqué : « En réalité, les Gopis priaient quotidiennement Krishna de venir dans leurs maisons pour voler du beurre. C’est en réponse à leurs prières que Krishna venait voler le beurre. » L’institutrice fut tout étonnée de lire une explication détaillée d’Amma (au sujet de cette Leela de Krishna en particulier) dans le numéro suivant du Matruvani. Elle remercia Amma de lui avoir apporté cette réponse.

Amma décida d’approfondir la philosophie qui sous-tend cette histoire pour que ses enfants gardent foi en Krishna.

Amma dit : « Krishna n’était pas un voleur. De même que le soleil n’a pas besoin de la lumière d’une bougie, Krishna n’a jamais eu besoin de rien ni de personne.

Certains de ses amis d’enfance étaient pauvres. Quand Krishna et ses camarades sortaient pour aller s’amuser dehors, certains se plaignaient d’avoir faim. Alors Krishna allait prendre du beurre chez différentes Gopis pour le donner à ses amis. Ce n’est pas pour lui qu’il le faisait.

Deuxièmement, les familles des Gopis n’aimaient pas trop Krishna. Elles ne voyaient en lui qu’un petit vacher. Les Gopis, elles, vouaient une profonde dévotion à Krishna. Elles souhaitaient ardemment pouvoir lui offrir du beurre mais leurs proches s’y opposaient. Même en barattant le beurre, les Gopis priaient Krishna d’accepter le beurre comme gage de leur amour. Elles conservaient une partie du beurre dans des pots et sortaient pour aller vendre le reste ainsi que d’autres produits laitiers : babeurre et fromage.

En dérobant le beurre, Krishna répondait aux prières des Gopis et en plus il gagnait leur cœur. C’est pourquoi on l’appelle « Chitta chora », le voleur des cœurs. En s’en allant au marché, les Gopis ne pensaient qu’à une chose : « Est-ce que Krishna va venir chez moi aujourd’hui ? Est-ce qu’il prendra sa part de beurre ? » De cette façon, elles pensaient constamment à Krishna.

En prenant part au jeu divin de voler du beurre dans différentes maisons, le Seigneur Krishna faisait d’une pierre trois coups : il calmait la faim de ses camarades pauvres, il répondait aux prières des Gopis et il les aidait à penser constamment à lui. »