(13 janvier 2015)

On célèbre Pongal le jour de « Makar Shankranti » lorsque la courbe du soleil commence à monter vers le Nord. Au Tamil Nadu, on appelle cette fête Pongal ou Thai Pongal.
Cette période – considérée comme favorable – est appelée Uttarayanam. Les festivités de Pongal durent quatre jours.

Le premier jour de la fête (Bhogi), est célébré le dernier jour du mois de Margazhi. Ce jour-là, les gens décorent leur maison. On achète de la vaisselle neuve et on nettoie sa maison et les environs.

Le deuxième jour (Perum Pongal), est le plus important. Les gens vénèrent Surya, le dieu du Soleil. Les femmes décorent la cour centrale de leur maison avec de très beaux kolams – dessinés avec de la farine de riz bordée d’argile rouge. On met le payasam de Pongal à cuire au petit matin au lever du soleil, juste au moment où commence le nouveau mois.

Lors du troisième jour (Mattu Pongal), on rend hommage aux troupeaux qui aident les fermiers de mille et une manières. Ce jour-là, on lave les vaches, on les pare avec de la poudre vermillon et des guirlandes et on les nourrit.

Le dernier jour, c’est Kaanum Pongal. Les familles se rassemblent sur les berges des rivières pour festoyer. C’est également le moment de danser des danses traditionnelles comme kummi et kolattam. Les femmes prient pour la prospérité de leurs frères.

Au Tamil Nadu, la nouvelle année débute avec Pongal. C’est le moment où l’on commence à cuisiner les céréales de la nouvelle récolte. À cette occasion, on s’amuse dans tous les foyers. On offre de la nourriture et des vêtements aux pauvres. Le lendemain, on vénère la vache et on donne à manger aux animaux et aux oiseaux. « Pour moi, il n’y a ni créateur ni création. Au même titre que l’océan et les vagues, tout est un. Dieu est en chaque être humain ou dans le monde, et le monde est en chacun. Tout ce que nous faisons avec amour devient un acte d’adoration. La nature elle-même fait partie de Dieu. C’est la raison pour laquelle nous avons également des temples en l’honneur de créatures aussi insignifiantes que les lézards, les arbres et les serpents venimeux. Nous fêtons « Mattu Pongal » pour vénérer le bétail indispensable à l’agriculture. C’est une manière de remercier la création toute entière, en ce qu’elle est l’énergie qui perpétue la vie », dit Amma.

Le soleil est vénéré comme l’incarnation et la source de la force vitale sans laquelle nous ne saurions exister. Pour obtenir la bénédiction du soleil, on lui offre du payasam – qui sera ensuite mangé comme prasad. Le deuxième jour, on vénère une vache qui représente tous les animaux et, là encore, on lui offre du payasam. Le troisième jour, on vénère les relations familiales, avec à nouveau des offrandes de payasam et surtout on se réunit en famille. On oublie toutes les éventuelles disputes ou incompréhensions familiales et les cœurs s’ouvrent. C’est un temps de guérison, pour se reconnecter en profondeur à l’univers, mère nature et tout un chacun. Cette fête nous fait voir la création entière pour ce qu’elle est véritablement : une merveilleuse bénédiction divine.

Amma a également souligné un aspect intéressant de l’intelligence de ce genre de culte qui, loin d’être une forme de superstition, est une preuve de bon sens. Durant ce festival, par exemple, dans toute l’Inde du Sud, on fait cuire du payasam que l’on laisse déborder. Ce débordement de « douceur » représente Prema (l’amour divin) qui devrait s’écouler de nos cœurs et inonder toute la création. Amma nous a ensuite expliqué que pendant la cuisson, les vapeurs de riz, de lait, de cardamome et autres épices qui se dégagent dans chaque maison se mélangent à la fumée des feux de bois traditionnels pour créer un parfum spécial doté de vertus médicinales très bénéfiques pour l’atmosphère. L’observance collective de cette tradition et d’autres pratiques du même genre a un effet positif sur « l’environnement mental » ainsi que sur le temps, le climat et l’harmonie de la nature en général. Ce n’est là qu’un des aspects de la sagesse subtile qui sous-tend ces coutumes simples et élégantes.

Pongal signifie « déborder ». Pongal, c’est quand débordent l’amour de l’homme pour la nature et l’amour de la nature pour l’homme. Les êtres humains entretiennent de bonnes pensées et font de bonnes actions, ce qui rend la nature heureuse. La nature accorde une belle récolte à l’homme. Le mental universel et le mental individuel débordent et s’unissent, c’est ce que symbolise Pongal.

« Matru-devo bhava, Pitr-devo bhava, acharya-devo bhava atithi-devo bhava— Puissiez-vous voir Dieu dans votre mère, Dieu dans votre père, Dieu dans votre maître, Dieu dans vos invités – c’est cela l’enseignement du Sanatana Dharma. Tout respecter et tout vénérer. Pourquoi ? Parce qu’il n’existe rien d’autre que Dieu. Puissiez-vous profiter de la fête de Pongal pour graver Dieu et cette culture profondément en vous avant de les répandre à l’extérieur.

Ces fêtes sont vraiment l’occasion de réunir les gens de la région. Même ceux qui travaillent au loin ne manquent pas de revenir chez eux pour participer à la fête. Tout le monde s’assied ensemble pour partager le repas et évoquer le passé. Ces fêtes nous donnent l’occasion de vivre la joie et l’exubérance des cœurs qui se réunissent. Ces festivités sont des moments sacrés qui nous aident à vivre dans l’amour et l’unité et à nourrir nos relations.