Le gouverneur du Tamil Nadu, R.N. Ravi, a dévoilé une sculpture de près de 7 mètres de haut représentant Nataraja sur le campus de Coimbatore de l’université Amrita. La cérémonie a eu lieu le 6 octobre sur le campus principal de l’université d’Ettimadai.
Comme le dit souvent Amma, présidente de l’université Amrita » Ce n’est pas la statut que l’on vénère mais la philosophie de sa représentation qui passe par nous. Chaque symbole véhicule les valeurs essentielles pour des relations harmonieuses mutuelles entre les êtres humains et avec la Nature. Shiva sous la forme de Nataraja symbolise les rôles de Créateur, Conservateur et Destructeur de l’Univers, évoquant le concept traditionnel du cycle sans fin du temps. »
Dans la première moitié du vingtième siècle, Ananda K. Coomaraswamy a expliqué ce que Nataraja représentait pour lui. Originaire de Ceylan, Coomaraswamy était métaphysicien, historien et philosophe de l’art indien ; il a été l’un des premiers médiateurs de la culture indienne en Occident.
Capable de voir au-delà du rythme, de la beauté, de la puissance et de la grâce inégalés de Nataraja, il a expliqué que le roi des danseurs et des acteurs prend l’univers pour son théâtre. Avec de nombreux pas à son répertoire, il est à lui seul acteur et spectateur.
« Un superbe thème religieux ou artistique dans lequel n’importe quel superbe symbole finit par être tout pour tous les humains ; traversant les âges, il donne aux hommes le trésor qu’ils trouvent dans leur propre cœur. Quelles que soient les origines de la danse de Shiva, avec le temps elle est devenue l’image la plus claire de l’activité de Dieu dont tout art ou toute religion peut se targuer », a-t-il écrit dans un texte intitulé « La Danse de Shiva ».
Fritjof Capra, un scientifique né à Vienne, a écrit « Le Tao de la physique », best-seller international publié pour la première fois en 1975. Il y explique comment la danse de Shiva est une métaphore primordiale de la configuration des particules subatomiques dans la physique moderne.
« Le rythme de la création et de la destruction ne se manifeste pas seulement dans la succession des saisons et la naissance et la mort de toutes les créatures, c’est aussi l’essence même de la matière inorganique. Pour les physiciens modernes, la danse de Shiva est donc la danse de la matière subatomique », a écrit Capra dans son livre.
« Il y a des centaines d’années, des artistes indiens ont créé de magnifiques statues de bronze pour représenter Shiva dansant. À notre époque, les physiciens ont utilisé les technologies les plus avancées pour figurer les motifs de la danse cosmique. La métaphore de la danse cosmique réunit donc la mythologie ancienne, l’art religieux et la physique moderne. »
En harmonie avec la philosophie des deux auteurs, une statue de Nataraja a été inaugurée en 2004 au CERN (le Centre Européen de Recherche en Physique des Particules), près de Genève. Elle a été offerte par le gouvernement indien pour célébrer la longue association du Centre de Recherche avec le pays et pour souligner le message profond que Nataraja communique dans le domaine d’étude du CERN.
Centrée sur cette même vision universelle, l’installation de la sculpture de Nataraja sur le campus de l’université Amrita de Coimbatore élargit le concept du domaine subatomique pour en revenir au monde que nous avons sous les yeux et que la danse de Nataraja englobe également.
L’enseignement à l’université Amrita n’a pas pour seule philosophie de donner les moyens aux étudiants de subsister matériellement, elle vise aussi à les former à la vie elle-même, en mettant l’accent sur une recherche motivée par la compassion ayant un impact au niveau mondial. Ainsi, chaque aspect de la connaissance qu’un étudiant acquiert entretient des valeurs culturelles profondément enracinées, en même temps qu’un engagement social pour le plus grand bien de la société – une société à même de vivre en harmonie avec le rythme universel.
La statue de Nataraja a été conçue et réalisée par l’Amrita Shilpa Kalakshetra, une branche de l’université Amrita qui forme des jeunes talents aux arts traditionnels et aide à redonner aux arts et artisanats tombés en désuétude leur gloire et leur statut d’antan. Le campus de Coimbatore compte également sept autres statues : celles de Saraswati Devi, Adi Shankaracharya, Swami Dakshinamoorthy, Meerabaï, la mère et l’enfant, Arjuna et Buddha.