Article posté par Br. Dhyanamrita le 30 août sur le blog d’Amritapuri

« La semaine dernière pendant le darshan, je suis resté aux côtés d’Amma pendant un long moment. Une femme d’âge moyen est arrivée. Elle venait du centre du Kérala. C’était la première fois qu’elle rencontrait Amma. Elle lui a raconté qu’au début de l’année, alors qu’il était en train de pêcher vers 3 heures du matin, son mari avait eu une attaque en lançant son filet depuis son bateau et était tombé dans les eaux vaseuses. En larmes, elle a expliqué qu’il n’était pas parvenu à se dégager de la vase et qu’il avait fini par se noyer. Elle ne savait plus quoi faire.

Leur aîné, qui avait dans les 25 ans, avait reçu une décharge électrique quand il n’avait que 3 ans à cause d’une prise défectueuse et son cerveau en avait été irrémédiablement endommagé. Comme elle devait tout faire pour lui, l’habiller, lui brosser les dents… il lui était impossible de travailler. Elle a aussi confié à Amma qu’il devenait parfois violent, se mettant en colère sans raison apparente. Auparavant, elle parvenait à gérer ces épisodes, mais à présent qu’il avançait en âge et devenait de plus en plus fort, et sans la présence de son mari, la situation devenait intenable. Les seules ressources de la famille proviennent de son fils cadet qui répare des autoradios.
Amma sécha ses larmes et fit appeler un dévot qui habite dans la même région qu’elle pour lui demander de mettre en place une aide financière et matérielle afin de la soutenir elle et sa famille.

Peu de temps après, une fidèle de longue date du nord du Kérala vint au darshan. Son mari avait été l’un des tout premiers à inviter Amma dans leur ville. Celui-ci était décédé depuis longtemps déjà, tué lors d’un affrontement politique. Depuis lors, les ressources de la famille sont limitées. Malgré tout, cette femme avait quand même réussi à inscrire leur fille dans une école d’infirmières et cette dernière venait juste d’obtenir son diplôme. Le problème a présent était qu’elle devait rembourser une dette de 150 000 roupies à son école ou travailler à l’hôpital pendant 3 ans avec un salaire inférieur de 33 % au salaire de départ habituel, soit 8 000 roupies par mois (environ 100 euros) au lieu de 12 000 (environ 150 euros). Son autre enfant est autiste. Elle raconta qu’il est capable de réciter le Lalita Sahasranama parfaitement, et qu’il la corrige même lorsqu’elle fait une erreur de prononciation. Cependant, malgré ses 29 ans, il ne peut jamais rester seul. Ce jour-là, cette femme était venue voir Amma pour lui demander des conseils au sujet de sa fille.

Ce fut ensuite au tour d’un homme d’âge mûr de venir à Amma. Il avait le visage bouffi et les yeux jaunâtres. Il était évident qu’il souffrait d’une hépatite. Il dit à Amma que c’était la seconde poussée de la maladie depuis qu’il l’avait contractée 7 ans auparavant. Il lui dit aussi qu’il travaillait dans le commerce mais qu’à présent, avec son foie endommagé à 70 %, il ne pouvait plus aller travailler. On avait dû lui poser un cathéter pour drainer son abdomen, mais c’était maintenant ses jambes qui gonflaient. Son médecin lui avait dit récemment qu’il lui faudrait une greffe du foie dans les 3 mois. Marié, avec un fils et une mère malade dont il devait s’occuper, cet homme était venu pour demander à Amma s’il pourrait obtenir de l’aide pour une greffe du foie à l’hôpital Amrita. Amma confia cet homme, qui gardait malgré tout encore le sourire, à un ashramite à qui elle demanda de se renseigner sur son cas et de faire le nécessaire.

Amma a souvent dit que nous devrions écouter les histoires et les soucis d’au moins une dizaine de personnes qui viennent à son darshan. De cette manière, elle dit que nous serons en mesure de développer de la compassion. Après avoir entendu ces trois histoires, je me sentais déjà un peu accablé. Combien de souffrances y a-t-il en ce monde ? Combien de fardeaux similaires ont-ils été placés aux pieds d’Amma ? Je me rappelle qu’une fois quelqu’un a demandé à Amma pourquoi le chemin du sannyasa (renoncement) était considéré comme plus ardu que celui des gruhasta (laïcs). Amma a répondu que le chef de famille a la responsabilité d’une seule famille alors qu’en fin de compte, le Sannyasi a la responsabilité du monde entier. Je ne suis pas sûr que tous les renonçants partagent ce point de vue, mais Amma, dans son parfait renoncement, a pris sur elle les soucis d’innombrables êtres, d’innombrables familles. Sans même parler de l’œuvre caritative de l’ashram, Amma consacre sa vie entière à accompagner les malheureux : elle est une épaule sur laquelle pleurer, une oreille toujours prête à écouter, un sourire inspirant … »