(11 avril, Suhagnagari, Ferozabad, sur la route de Lucknow – Tour de l’Inde 2016)
Après Vrindavan, Amma et le groupe se sont rendus à Lucknow. Pendant le trajet, l’équipe s’est arrêtée pour déjeuner à Suhagnagari, dans le district de Ferozabad. L’endroit le plus ombragé fut une discothèque – la FM Green City ! Amma s’est assise sur la terrasse et a servi le repas à tout le monde, tout en chantant des bhajans (chants dévotionnels). La visite d’Amma à Vrindavan et la demande effectuée par les sages et les ascètes à cette occasion ont fait l’objet d’un article dans le journal local – un plaidoyer collectif pour qu’Amma aide à nettoyer la rivière sacrée Yamuna, tellement polluée. Un reporter local du journal en hindi, l’édition Hindustan de Ferozabad, est sorti de nulle part pour demander à Amma ce qu’elle en pensait. Amma a répondu volontiers à toutes ses questions.
Elle a dit : « Pour ce genre de projet, il faut que tout le monde travaille ensemble. Il faut d’abord sensibiliser la population. Sans prise de conscience, ce sera comme l’histoire de l’éléphant qui s’asperge de poussière après le bain. Pour l’instant, les eaux des toilettes filent tout droit dans la rivière et la contaminent dangereusement. La première étape, c’est donc d’arrêter de déverser les eaux des toilettes dans la Yamuna.
Les bénévoles d’Amma ont déjà nettoyé la rivière Pampa où, chaque année, plus de 20 millions de personnes se baignent dans le cadre de leur pèlerinage vers le temple de Sabarimala. Après s’être baignées, elles abandonnent leurs vêtements dans la rivière. Ceux-ci y restent alors pendant des années et salissent les eaux. Les bénévoles ont nettoyé la rivière et en ont retiré des tonnes de vieux vêtements. Le gouvernement a désormais installé des panneaux d’avertissement demandant aux gens de ne pas abandonner leurs vêtements dans la rivière, les sensibilisant ainsi aux risques encourus. La Haute Cour du Kérala a même décidé qu’il s’agissait d’un délit. Ceux qui enfreignent cette nouvelle règle doivent payer une amende. Le tri sélectif des déchets importe lui aussi. Des poubelles ont été installées pour recueillir spécialement les vêtements, tandis que d’autres sont destinées aux autres déchets. La sensibilisation progresse grâce à la couverture médiatique et aux interventions de la police. Après notre cinquième année de nettoyage de la rivière Pampa, la situation s’est améliorée d’environ 80%. On a cessé d’y déverser les eaux des toilettes et les rejets des usines.
Ici, la situation est différente. La rivière Yamuna est très longue. Elle parcourt différents États. Les gouvernements de chaque État devraient autoriser son nettoyage, y contribuer et coopérer. Les eaux usées ne devraient pas s’y déverser. Il faudrait installer des toilettes chez les personnes vivant au bord de la rivière, et construire des toilettes collectives pour ceux qui n’ont pas assez de place pour en installer chez eux. Des usines de traitement des eaux usées devraient être mises en place dans chaque secteur. Il devrait y en avoir une pour chaque millier de maisons. Une autre alternative serait que des générateurs fonctionnant au biogaz traitent les déchets.
Afin de gérer les problèmes liés aux déchets émis par les usines, des subventions devraient leur être allouées pour les aider à inventer une méthode d’élimination écologique des déchets. Si une usine ayant bénéficié de cette aide financière n’atteignait pas les objectifs fixés dans les délais donnés, elle se verrait sanctionnée par une amende ou par des coupures d’électricité et d’eau.
Des organismes et des comités devraient être constitués, avec la coopération des communautés concernées et des représentants du gouvernement. Des personnes pourraient être embauchées pour mettre en œuvre les politiques ainsi décidées. Le nettoyage de la rivière Yamuna ne se concrétisera que si les gens sont nombreux à se réunir à cette fin.
En dernier lieu, il faut une prise de conscience ; de simples changements législatifs ne suffiront pas. Des diabétiques qui prennent leurs médicaments sans arrêter de manger des bonbons et sans faire suffisamment d’exercice verront leur glycémie demeurer à des niveaux dangereusement élevés. De même, nous devons être plus conscients vis à vis de la rivière Yamuna et de notre manière de la traiter. »
Amma a chanté un bhajan puis donné le darshan (bénédiction sous forme d’étreinte) aux habitants de la région avant que le groupe du tour ne reprenne la route pour Lucknow.