Swami Dayamritanananda Puri : 

 » En Inde, l’état d’urgence a été déclaré hier, imposant des restrictions de déplacement. Un véritable verrouillage. Cela peut dans un certain sens s’avérer positif dans la mesure où nous voyons désormais de nouvelles personnes que nous n’avions peut-être pas remarquées à la maison – à savoir les membres de nos familles – et auxquelles nous ne parlions peut-être pas. Ces gens que nous ignorons peut-être depuis si longtemps, et que nous ne pouvons maintenant plus ignorer. Cette situation a du bon et du mauvais.

L’avantage, ou l’inconvénient, c’est que mari, femme et enfants doivent passer du temps ensemble. Pas moyen d’y échapper en utilisant les smartphones et autres téléphones portables pour communiquer.

À l’extérieur, on voit des gens se battre pour du papier toilette, d’autres passer de la simple inquiétude à la paranoïa et la peur extrême. Aux Etats-unis les files d’attente s’allongent devant les magasins d’armes. Cela fait dans un sens ressortir ce qu’il y a de pire dans le monde. Amma l’avait prédit. Elle nous l’a répété maintes fois. En 2003, Elle a commencé à nous demander de réciter Lokah Samastah Sukino Bhavantu (prière en sanskrit signifiant : Puissent les être de l’univers être heureux et en paix) . En 2017, Elle a commencé à guider la méditation des fleurs blanches. Amma a annoncé que des problèmes surviendraient en 2020.

C’est pourquoi elle a souhaité que nous visualisions des pétales de fleurs blanches tombant sur la terre, et sur l’ensemble de ses habitants. Un brahmachari (disciple monastique) a demandé à Amma : « Amma, que va-t-il se passer en 2020 ? Une guerre ? ». « Non, ce ne sera pas une guerre, mais une situation comparable à une guerre, » a répondu Amma. Les restrictions sont désormais renforcées, rappelant à certains, sur certains point,  la seconde guerre mondiale, c’est-à-dire une situation de verrouillage total au niveau mondial. Rendez-vous compte, tout cela à cause d’un petit virus. Un petit virus a mis le monde entier à l’arrêt, les marchés boursiers et les transports. Les populations ne sont plus libres de se déplacer. Lorsqu’on y réfléchit … J’ai envie de vous lire une lettre imaginaire du virus Covid-19 adressée à l’humanité toute entière.

« Arrêtez. Arrêtez, c’est tout. Ce n’est plus une demande. C’est un mandat d’arrêt. Nous vous aiderons. Nous mettrons en pause ce manège supersonique à grande vitesse. Nous arrêterons les avions, les trains, les écoles, les centres commerciaux, les réunions, la course effrénée des illusions et « obligations » qui vous empêchent d’entendre l’unique cœur battant que nous partageons, et la manière dont nous respirons ensemble, à l’unisson.
L’obligation que nous avons, c’est envers les uns les autres. Comme depuis toujours, même si vous avez oublié. Nous interromprons cette diffusion, cette diffusion cacophonique sans fin des divisions et des distractions, pour vous apporter ces nouvelles qui ne datent pas d’hier : nous n’allons pas bien. Tous autant que nous sommes. Nous souffrons tous. L’année dernière, les incendies qui ont brûlé les poumons de la terre ne vous ont pas arrêtés. Ni les typhons en Afrique, en Chine, au Japon. Ni la chaleur enfiévrée au Japon et en Inde. Vous n’avez pas écouté. Il est difficile d’écouter quand on est tellement occupé tout le temps, à se bousculer pour défendre le confort et les avantages qui servent de béquilles à nos vies. Mais les fondations sont en train de céder, se dérobant sous le poids de vos besoins et vos désirs.
Nous vous aiderons. Nous déclencherons des incendies dans votre corps. Nous enfiévrerons votre corps. Nous mettrons vos poumons en feu, nous les brûlerons, les inonderons pour que, qui sait, vous entendiez. Nous n’allons pas bien.
Contrairement à ce que vous pourriez penser ou ressentir, nous ne sommes pas l’ennemi. Nous sommes un messager. Nous sommes un allié. Nous sommes une force d’équilibre. Nous vous demandons d’arrêter, de rester immobile, d’écouter. De dépasser vos préoccupations individuelles et de prendre en considération les préoccupations de tous. D’être conscients de votre ignorance, de découvrir votre humilité, de renoncer à vos esprits pensants et de plonger profondément dans l’esprit du cœur. De lever les yeux vers le ciel, plus autant rayé par les avions, de le voir, et de prêter attention à son aspect : clair, enfumé, brumeux, pluvieux ? À quel point avez-vous besoin qu’il soit pur pour que vous puissiez vous aussi être en bonne santé ?
De regarder un arbre, de le voir, et de prêter attention à son état – de voir que de sa santé dépend la santé du ciel – de faire attention à l’état de l’air dont vous avez besoin pour être en bonne santé. D’aller au bord d’une rivière, de la voir, et de prêter attention à son état : claire, propre, trouble, polluée ? À quel point avez-vous besoin qu’elle soit pure pour que vous puissiez vous aussi être en bonne santé ? Comment sa santé contribue-t-elle à la santé de l’arbre, qui contribue à la santé du ciel, pour que vous puissiez vous aussi être en bonne santé ?
Beaucoup ont peur aujourd’hui. Ne diabolisez pas votre peur, et ne la laissez pas non plus vous guider. Laissez-la plutôt vous parler, dans votre immobilité, écoutez sa sagesse. Que pourrait-elle vous dire sur ce qui est à l’œuvre, ce qui est jeu, en danger, au-delà des menaces de la maladie et de l’inconfort personnels ?
Comme la santé d’un arbre, d’une rivière, le ciel vous parle de la qualité de votre propre santé, qu’est-ce que la qualité de votre santé pourrait vous dire au sujet des rivières, des arbres, du ciel et de tous ceux qui avec qui nous partageons cette planète ? Arrêtez.
Voyez si vous résistez. Remarquez ce à quoi vous résistez. Demandez pourquoi. Arrêtez. Simplement arrêtez. Restez immobiles. Écoutez. Demandez-nous ce que nous pourrions vous enseigner sur la maladie et la guérison, sur ce qui pourrait être nécessaire pour que tout aille bien. Nous vous aiderons, si vous écoutez. »

C’est le moment d’écouter. Toute la nature dit : « Oh, êtres humains, écoutez-nous ». Il nous est possible maintenant de nous arrêter un moment pour écouter. Vous attendez peut-être avec impatience d’écouter ce que dit Amma en ce moment. Que dit Amma à propos de la situation ?

Amritapuri est en situation de confinement, donc personne n’est autorisé à entrer. Au Kerala encore, des règles strictes limitent à 10 le nombre de personnes pouvant se réunir. Jusqu’à présent, le gouvernement ne s’est pas immiscé dans les pratiques spirituelles de l’ashram.
Amma nous a demandé de rester dans nos chambres et de faire nos pratiques spirituelles. C’est comme si nous étions en soins intensifs, comme si nous étions dans une unité de soins intensifs.

Amma nous a demandé à tous de regarder à l’intérieur.Cette vision c’est la vision de notre soi. C’est une belle occasion de plonger au plus profond, de rentrer à l’intérieur de nous-même, de comprendre qui nous sommes. Amma nous a assuré que si nous prions sincèrement, cela peut ne durer que quelques semaines. Si nous prions sincèrement, nous pouvons faire en sorte que les choses redeviennent ‘’normales’’ en quelques semaines. Amma nous conseille de nous asseoir et de prier, non seulement pour nous, mais aussi pour le monde entier.

Que devons-nous faire ? Prenons pour armes, les balles des mantras et les fusils des pratiques spirituelles. Prenons le temps de faire nos pratiques spirituelles, que nous ne faisons pas, que nous avons reportées, évitées. Nous avons tout fait, sauf notre pratique spirituelle. L’un des six dharmas à respecter est de faire nos pratiques spirituelles.
En ce moment, nous avons beaucoup de temps pour nous y consacrer. En outre, rattrapons le temps perdu. Amma nous dit que c’est le minimum à faire.

Le monde est en proie à la paranoïa et pense « Il faut avoir peur ». De quoi ont-ils peur ? Tout le monde a peur de la mort, et préserve son propre corps, maintient son corps. C’est la cause de toutes les peurs. Nous comprenons, en tant qu’enfants spirituels d’Amma, que notre mort est imminente.
On peut dire que covid-19 est une menace réelle qui se profile, mais qui sait ? Nous pouvons rencontrer la mort demain par accident ou faire une crise cardiaque. La mort peut survenir à tout moment.

Dans la Bhagavad Gita, Krishna nous dit : « Celui qui est né est certain de mourir, et celui qui est mort va naître à nouveau. »
La mort, nous savons qu’il y a un temps pour mourir. Tout comme dans l’histoire où une malédiction a condamné Parikshit a périr dans 7 jours par le serpent Takshaka. L’heure de notre mort est déjà déterminée.

Ne nous inquiétons pas des événements extérieurs. À réfléchir continuellement, nous perdons du temps, et il arrivera ce qui doit arriver. Et il n’est pas en notre pouvoir d’influer sur la situation ou d’y changer quoi que ce soit.

Le seul changement que nous pouvons opérer, c’est en nous et c’est nous adapter à la situation. Avec du courage. Dire que nous allons y faire face avec courage et force. Amma est avec nous, elle nous tient la main. Laissez Amma s’en occuper.

Laissez-moi vous raconter une histoire : Un homme attendait un bus tard le soir. Ce bus est parfois en retard et parfois il ne passe pas du tout. Notre homme remarqua soudain une femme qui attendait aussi. Il se retourna et vit que son fils lui tenait la main. Au bout d’un moment, la femme commença à faire les cent pas, très agitée et impatiente. Il lui demanda pourquoi. Elle lui expliqua que son mari était hospitalisé, et qu’elle devait lui apporter à manger et des médicaments.
« Mon mari en a besoin, et je suis très inquiète. » L’homme remarqua le petit garçon, qui serrait la main de sa mère, paraissait imperturbable. Il était même au contraire très calme, il se mit doucement à chanter. « Le bus viendra peut-être, le bus s’en ira peut-être. » Il chanta ce refrain en boucle doucement. L’homme ne quitta pas des yeux l’enfant, qui n’était pas inquiet, parce qu’il tenait la main de sa maman.

Comprenons qu’Amma nous tient la main. En ces temps d’inquiétude, de peur. L’inquiétude pourra disparaître dès que nous comprendrons qu’Amma est avec nous.

Parmi ce qu’il y a eu de magnifique ces temps-ci, il y a eu la récente cérémonie. Amma a donné le Sannyas et le Brahmacharya (initiation de renoncement et de vœux monastiques) à 212 disciples à Amritapuri. Quelle bénédiction incroyable, dans tous les sens du terme d’être initiés par elle. Il est ahurissant de se rappeler ce qu’Amma a accompli alors, dans ce monde en chaos et plongé dans la confusion. Elle a offert 212 disciples au monde. Amma dit que le Sannyasin est une offrande au monde. 68 Sannyasins ont été initiés au cours de cette cérémonie. En devenant sannyasin, la personne n’appartient plus à aucune caste ni rang, ni pays, elle appartient au monde entier. Les 212, ont été consacrés à une vie de service. Amma nous a tous offert au monde, afin que ce monde devienne un endroit meilleur.

Je vous en prie, comprenez qu’Amma ne fait qu’accomplir son devoir. Il ne s’agit pas uniquement d’une femme indienne à la peau sombre qui se limiterait à un corps d’un mètre cinquante … Amma est aussi dans nos cœurs. Si nous allumons cette lumière dans nos cœurs, si nous faisons nos pratiques spirituelles, nous sentirons qu’Amma est la bougie qui réside dans chacun de nos cœurs. Je prie pour que nous ressentions cette lumière, afin de pouvoir avancer dans l’obscurité. Ne perdez pas de temps à vous inquiéter ni à avoir peur de ce qui est arrivé ou va arriver.

Amma a dit que, si nous prions avec sincérité, tout peut revenir à la normale.

Voici ce qu’en dit Swami Shantamritananda Puri :

« Lorsque vous avez un problème et de la peine, vous vous en ouvrez à Amma, et vous les lui confiez. Amma ne dit jamais que ce n’est pas son problème. Elle pleure aussi, elle est plus proche de notre souffrance que nous ne le sommes nous-mêmes. Elle la ressent encore plus que nous n’en sommes capables. C’est pourquoi elle éprouve une compassion infinie à notre égard. Elle est comme notre mère. Je souhaite sincèrement être ici avec vous pour partager cela avec vous… En fait, il y a moins de deux semaines, je pensais passer quinze jours sans bouger au centre Amma de Chicago. J’ai d’abord pensé qu’il n’était question que d’une réunion en Inde lorsqu’on m’a demandé au téléphone de rentrer à Amritapuri. C’est arrivé par surprise, et ça peut également cesser par surprise.

Je ne savais pas du tout que j’allais venir, et je ne sais pas quand je rentrerai. Nous sommes simplement ici. Une chose est sûre au vu de la situation mondiale : elle nous amène tous à vivre dans l’instant présent.  Malgré nos plans, rien de tout cela n’a eu lieu. Vous pouvez toujours faire des plans, mais à quoi bon réfléchir aujourd’hui à l’avenir ? Nous devons profiter de l’instant présent. Sans nous inventer d’excuses. C’est ce qu’Amma nous a toujours dit de faire. Des événements sont finalement advenus qui nous contraignent, nous orientent vers cette conviction. Nous ne pouvons plus les ignorer.

Chaque jour, nombreux sont ceux qui meurent de maladies terribles. Nous n’avons jamais trop pensé à eux, ni versé de larmes à leur sujet. Cette situation constitue un énorme appel à nous réveiller. Elle me rappelle les catastrophes terribles qui frappent le monde. Ces événements nous tirent de notre torpeur. Nous dormons, en rêvant très confortablement au fond de nos lits, pendant que notre maison brûle. C’est quoi ce sommeil ? Est-il vraiment si bon de dormir alors que la maison est en feu ? Les enfants demanderont peut-être : pourquoi me réveilles-tu ? Maman pourquoi es-tu si méchante avec moi ? Une véritable mère, une mère aimante, emplie de compassion, fera tout ce qu’elle peut pour les sauver, les réveiller, leur porter secours et les sortir de la maison.

C’est ce que mère nature est en train de faire : nous empêcher de nous précipiter dans la tombe. Soyons reconnaissants pour l’occasion qui nous est offerte de nous concentrer sur notre croissance spirituelle.»

Questions-réponses :

L’organisation de pratiques spirituelles live
Nous pouvons peut-être organiser des enseignements hebdomadaires. Comme vous ne pouvez pas aller à l’extérieur, mieux vaut vous tourner à l’intérieur. Avons-nous déjà vu la conscience suprême procurer de mauvaises expériences ? En un sens, on peut dire que les expériences qui nous arrivent ne sont ni bonnes ni mauvaises. Chacune de nos expériences est une bénédiction. Dire « Cela est bon. Cela est mauvais. » revient seulement à coller des étiquettes. Dans cette vie, les prétendues mauvaises expériences s’avèrent bien plus utiles et bénéfiques pour nous dans la mesure où les moments difficiles nous apprennent beaucoup. Comprenons ce que cette situation nous enseigne. Nous sommes contraints de rester à la maison.
Amma nous répète depuis des années de cultiver ce que nous mangeons, de faire pousser des légumes. Pensez-y et en plus agissez en conséquence.
Amma va-t-elle s’exprimer en direct ?
Nous ne savons pas

Le tour des États-Unis aura-t-il lieu ?
Personne ne le sait. Nous partons du principe qu’Amma viendra, en espérant que tous les problèmes disparaîtront, qu’Amma fera le tour et que la situation mondiale redeviendra normale. Nous prions pour qu’Amma vienne aux États-Unis cet été.