Voici la retranscription de l’enseignement spirituel du dimanche 22 mars donné par Swami Shubamritananda Puri, initié par Amma au Sannyas (renonçement) le 13 mars dernier ❣️

Voici le lien en anglais :
https://www.youtube.com/watch…

 » J’espère que vous êtes tous en bonne santé et que vous avez bon moral, au milieu de ce défi majeur auquel le monde est confronté en raison de la pandémie de Coronavirus. Amma pense à vous tous et suit constamment la situation dans les différents pays, et ses prières sont à coup sûr là pour chacun d’entre vous.

Comme beaucoup d’entre vous le savent, Amma nous avait mis en garde qu’une situation semblable à une guerre dans le monde en 2020 affecterait de nombreuses sphères de la vie humaine. Lorsque nous avons entendu les chefs de nation nous parler, la plupart d’entre eux ont également fait référence à la situation actuelle comme étant « une guerre avec un ennemi invisible ». Amma nous conseille à tous de faire de notre mieux dans l’effort collectif pour faire face à cette pandémie, et de respecter l’isolement, les tests, etc. et, intérieurement d’être optimistes, courageux et de ne pas laisser la peur être l’émotion dominante. Restons fermes dans la conviction que « Cela aussi passera ».

Il y a un mois, nous étions tous pris dans notre quotidien, personne ne pensait alors que rester à la maison, allongés sur le lit à regarder la télévision serait considéré comme un acte qui aiderait à sauver le monde. Les mêmes personnes qui vous auraient fait une remarque pour être arrivé en retard au bureau vous demandent maintenant de rester à la maison.

Amma dit que la vie nous réserve tant de surprises et que le monde entier est confronté à cette épreuve. « La vie est un professeur unique ; elle donne toujours les examens d’abord et les leçons ensuite ». C’est tout le contraire du fonctionnement de nos écoles et de nos universités, où les leçons viennent d’abord et les examens ensuite. Quelles sont les leçons que nous donne cette pandémie ? J’aimerais simplement vous faire part de mes réflexions à ce sujet. Après chaque leçon, je proposerai également quelques moyens concrets pour les mettre en pratique.

  1. Ne jamais considérez les choses comme acquises

Appréciez ce que vous avez, avant que cela ne devienne « ce que vous aviez ». Aujourd’hui, comme on nous conseille d’être isolés, même se promener est devenu un luxe. Nous est-il déjà arrivé de considérer les occasions de nous promener dans la nature comme un cadeau, avons-nous jamais dit merci à Dieu pour cela ? Rarement. Nous tenons normalement beaucoup de choses pour acquises, surtout en ce qui concerne notre santé, la nature ou nos proches. C’est lors des changements que nous prenons conscience de leur importance. Par exemple, nous ne réalisons jamais l’importance de nos dents lorsqu’elles sont là. Si une dent tombe, notre langue va systématiquement se loger dans l’espace vide.

Permettez-moi de partager une blague pour rendre les choses un peu plus légères : trois vieux hommes sont assis à table et discutent de tout et de rien. L’un d’eux dit : « Vous savez, je commence vraiment à perdre la mémoire. Ce matin, j’étais en haut des escaliers et je ne me rappelais pas si je venais de monter ou si j’allais descendre ».
Le deuxième homme dit : « Et vous trouvez ça grave ? L’autre jour, j’étais assis sur le bord de mon lit, et je ne me souvenais pas si je devais me coucher ou si je venais de me réveiller ! Content de lui, le troisième homme dit en souriant. « Eh bien, moi, ma mémoire est toujours aussi bonne – je touche du bois. » Il frappe trois coups sur la table. Il demande d’un air surpris : « Qui est là ?! »

Nous ne prenons parfois conscience de la valeur d’un moment que lorsqu’il est un souvenir. Vivons consciemment dans le présent. Lorsque nous prenons le temps de vraiment remarquer ce qui se passe dans l’instant, en nous empêchant de ressasser le passé ou de penser à l’avenir, alors nous reconnaissons et apprécions les grandes et les petites choses qui nous entourent en ce moment. Dans le rythme rapide de la vie, nous oublions de profiter de la beauté de chaque moment qui passe, nous ne parvenons pas à exprimer notre amour à nos proches, à leur accorder notre temps et notre attention. Mais tout cela pèsera lourdement sur notre esprit plus tard, et nous réalisons l’immensité de ce que ce que nous avons perdu.

Amma raconte une histoire intéressante : Il était une fois un garçon qui se promenait dans la forêt avec son grand-père. Ils y allaient parfois au lever du soleil et parfois le soir. Une fois, au cours d’une de ces promenades, le garçon a trouvé une pièce de monnaie dans un tas de feuilles sèches. Le garçon était ravi. Quelques semaines plus tard, il a trouvé une autre pièce de monnaie. À partir de ce jour-là, le garçon marchait un peu derrière son grand-père, les yeux fixés sur le sol, cherchant d’autres pièces sous les feuilles sèches. De temps en temps, il trouvait une pièce de monnaie qu’un passant avait accidentellement laissée tomber. Il gardait soigneusement toutes ces pièces. Des années plus tard, le jeune homme est allé voir son grand-père avec enthousiasme pour lui montrer sa collection. Il lui a dit : « Regarde grand-père, j’ai ramassé toutes ces pièces en retournant les feuilles au cours de mes promenades avec toi. »
Le vieil homme sourit avec compassion à son petit-fils et lui dit : « Petit-fils, pendant que tu regardais par terre à la recherche de ces pièces, as-tu pensé au nombre de levers et de couchers de soleil que tu manquais ? As-tu jamais remarqué les arcs-en-ciel ? Tu ne savais pas qu’il y avait des fleurs en pleine floraison tout autour ; tu n’as pas pu profiter de leur parfum. Tu n’as pas entendu le gazouillis des oiseaux. Mon enfant, ces occasions perdues peuvent-elles se retrouver un jour ? »

Nous entendons des éloges funéraires touchants prodigués à des proches après leur départ. Mais s’ils avaient été prononcés du vivant de la personne, cela l’aurait rendue si heureuse. Alors, apprenons à profiter de chaque instant présent, à le vivre avec amour et gratitude.

Mise en pratique : À l’avenir, ne remettons pas à plus tard nos pratiques spirituelles. Beaucoup pensent que les pratiques spirituelles sont une affaire de retraité. Mais c’est vraiment idiot. La vie est si fragile. Profitons du moment présent. Réfléchissons aussi à notre vie et comptons toutes les bénédictions qui nous ont été accordées et cultivons la gratitude. Profitons de ce temps pour mieux comprendre nos proches, pour renforcer les liens qui nous unissent. Prenons conscience des moments que nous avons en main et vivons-les pleinement du mieux que nous pouvons.
Souvenez-vous : pendant ce temps d’isolement, on peut toujours écouter de la musique, on peut toujours passer de bons moments en famille, on peut toujours lire un livre, on peut toujours chanter à haute voix, on peut toujours rire, on peut toujours partager l’espoir … Profitons de ce que nous avons…

  1. Recherchez l’éternel

La crise à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui nous rappelle une autre vérité importante : l’impermanence est la nature de tout ce qui existe dans le monde. La seule chose qui soit une garantie dans le monde est « l’absence de garantie » pour tout. Avec cette crise, en l’espace de quelques semaines, de nombreux changements sont intervenus dans la vie des gens. Les marchés boursiers se sont effondrés, de nombreux secteurs d’emploi ont été touchés, nos plans de voyage ont changé, les horaires quotidiens des individus ont changé. L’impermanence a toujours été la nature du monde, mais de telles situations rendent cette vérité plus visible. Nous ne savons jamais ce qui va se passer à l’instant d’après.

Il n’est pas possible de se sentir en sécurité dans un monde en mutation si nous n’avons pas découvert l’immuable en nous. Amma dit que c’est comme essayer de danser sur une scène qui tremble tout le temps. Ainsi, en comprenant cela, nous devons développer la concentration et l’intensité nécessaires pour nous efforcer d’atteindre l’éternel, l’immuable. Si nous sommes capables de nous concentrer sur notre véritable Soi ou sur Dieu en nous, alors nous pouvons être témoins de tous ces changements sans en être vraiment affectés. Cela peut se faire soit en cultivant l’attitude du témoin, soit en cultivant l’abandon au Divin.

Il y a un bel exemple dans la Mundaka Upanishad : Il y a un arbre sur lequel vivent deux oiseaux. L’oiseau de la branche inférieure est occupé à goûter des fruits et à siffler, tandis que celui de la branche supérieure reste immobile en observant l’oiseau assis sur la branche inférieure. L’oiseau du dessous représente notre état d’esprit, pris au piège du monde, et affecté par tout ce qui se passe autour. Nous devons aussi développer l’attitude de l’oiseau témoin – qui reste parfaitement immobile dans la paix et la félicité, vierge de toute trace de malheur. Une fois que nous devenons témoin de la vie et de notre propre esprit, il y a toujours la paix à l’intérieur, indépendamment des situations extérieures. Ces personnes peuvent aider les autres de manière réelle, car leurs actions proviennent de ce centre de paix. C’est ce que nous voyons chez Amma. Elle est avec nous dans nos souffrances, et pourtant elle peut nous conseiller sur la bonne voie à suivre car elle est capable de voir les choses clairement à distance sans être affectée intérieurement.

Amma nous rappelle également que ce même état de sérénité intérieure peut être se gagner en cultivant l’abandon au Divin. Lorsque nous nous voyons comme un instrument entre les mains du Divin, nous ne nous attachons jamais à quoi que ce soit dans le monde. Il n’y a qu’un seul attachement, celui où on s’attache à Dieu. Lorsque Amma est allée dans le Gujarat après le tremblement de terre de 2001, elle s’est rendue dans de nombreux foyers de victimes de cette catastrophe. Il y avait un vieil homme assis devant une maison, qui avait perdu plusieurs membres de sa famille. Sa maison avait été totalement détruite et il avait également perdu ses magasins. Amma lui a demandé : « Comment fais-tu face à la situation ? » Tout calme, il eut une très belle réponse : « Amma, tout ce que j’ai perdu appartenait à Dieu en premier chef. Il a maintenant décidé de le reprendre. C’est tout à fait son droit ». Il y avait un tel calme chez cet homme qui avait tout perdu matériellement. Mais comme nous l’a dit Amma, il n’avait pas perdu sa vraie richesse qui est la force intérieure qu’il avait développée grâce à son lien avec Dieu.

Mise en pratique : nous nous plaignons tous auprès d’Amma de ne pas avoir le temps de faire nos pratiques spirituelles. Nous devons cesser. Essayez de mettre en place une discipline spirituelle et de vous y tenir : chant, méditation, yoga, lecture de livres spirituels, réflexion, vœux de silence, etc. Tout cela nous aidera à nous renforcer intérieurement et à faire face à la situation sans perdre la paix intérieure.

  1. Nous sommes tous des êtres interconnectés et non des îles isolées.

Lorsque la pandémie a commencé en Chine, beaucoup ont pensé que ce n’était pas leur problème. Mais aujourd’hui, c’est devenu un problème mondial. Nous ne serons pas tous infectés par le virus, mais nous sommes déjà touchés. Un virus ne respecte aucune frontière de pays, de langue, de couleur, de nationalité, etc. Nous avons déjà vécu ce genre de choses. En 2011, à cause d’une éruption volcanique en Islande, la circulation des personnes s’est arrêtée dans le monde entier. Amma nous donne toujours l’exemple suivant : supposons qu’une personne vivant au 10e étage d’un immeuble voit le rez-de-chaussée en feu et entende la personne qui y habite l’appeler à l’aide. Si elle dit : « C’est le rez-de-chaussée qui est en feu. C’est votre problème, pourquoi devrais-je m’en inquiéter », c’est pure de la folie pure car le feu du rez-de-chaussée peut rapidement se propager vers le haut. De la même façon, le problème de quelqu’un d’autre aujourd’hui sera le nôtre demain. Alors, ne restons pas aveugles aux problèmes des autres, soyons proactifs, compatissants et tendons la main. En sanskrit, le mot pour compassion est « karuna », qui est très proche de « corona ». Chassons le « corona » et répandons la karuna.

Mise en pratique : les gens sont effrayés et tendus à cause de l’actualité. Les personnes âgées et celles qui ont des problèmes de santé préexistants se sentent particulièrement vulnérables. Nous devons être là pour eux. Si certains de vos amis ou des membres de votre famille ou d’autres personnes se sentent seules ou ont peur, appelez-les. Prenez contact avec elles, appelez-les souvent, parlez-leur en chat ou en vidéo. Nous pouvons également en profiter pour demander pardon. Nous avons peut-être des amis ou des membres de la famille avec lesquels nous ne nous entendons pas bien et avec lesquels nous avons rompu depuis longtemps. C’est un bon moment pour les appeler ou leur envoyer un message et leur demander comment ils vont. Cela pourrait être important pour eux et aussi permettre de renouer les liens.

Chers frères et sœurs, alors que nous sommes confrontés à ces défis en ce moment, Amma est là, elle nous tient par la main, pour nous aider à avancer. Éveillons la foi et ne laissons pas la peur et l’anxiété nous envahir. Sinon, nous serons confrontés à trois pandémies. Ne permettons pas que la peur et l’anxiété deviennent également des pandémies.

En mon nom, je vous demande vraiment de ne pas croire tous les messages que nous recevons sur WhatsApp ou Facebook. Ayons des sources d’information fiables. N’écoutons pas les infos en continu : cela ne peut que nourrir la peur et l’anxiété. Tant et tant d’individus et d’organisations donnent de si beaux témoignages d’amour et d’attention et diffusent de l’espoir et de la joie. Transmettons ces messages et ces vidéos autant que possible.

Même sur le plan physiologique, la peur crée du stress. Le stress crée une inflammation. L’inflammation fragilise le système immunitaire et nous rend plus vulnérables. Ainsi, lorsque nous essayons de renforcer notre système immunitaire, donner de l’amour et de l’espoir à l’intérieur de nous est aussi le moyen de le stimuler. L’isolement est un terme que nous entendons souvent. Isolons aussi le virus de la « peur ». Restons dans la solution, pas dans le problème.

Le monde a été confronté à tant de défis de ce type dans le passé. Au début du XIXe siècle, il y a eu des famines, des maladies comme le choléra, la variole et la grippe espagnole. Plus récemment, nous avons eu le SRAS, la grippe porcine, le H1N1, etc. Mais, finalement, les êtres humains vont l’emporter. Toutes ces situations font ressortir la résilience de l’esprit humain, qui l’emportera sûrement. Et je suis sûr, avec la grâce d’Amma, que “cela aussi passera ». Bien que nous ne puissions pas voyager pendant ces périodes, faisons en sorte que le voyage intérieur soit parfait et joyeux.

J’adore ces quelques lignes d’Albert Camus :

 Au milieu de la peur, j’ai découvert qu’il y avait en moi un amour invincible.

Au milieu des larmes, j’ai trouvé en moi un sourire invincible.

Au milieu du chaos, j’ai trouvé en moi un calme invincible.

Au milieu de l’hiver, j’ai trouvé en moi un été invincible.

Peu importe la force avec laquelle le monde m’attaque, en moi, il y a quelque chose de plus fort, de meilleur, qui repousse cette attaque.

Soyez en bonne santé, soyez en sécurité et que la grâce d’Amma nous protège tous.