C’est l’histoire d’un maître spirituel et de ses disciples, épuisés après une longue marche. L’un des disciples dit : « Je ne peux pas faire un pas de plus. Je suis épuisé, asseyons-nous ici, je n’arrive plus à avancer. Je t’en prie, poursuis ton chemin, je vais me reposer un moment et te rejoindrai plus tard. » Le maître spirituel eut beau insister, le disciple s’entêta et le maître spirituel s’en alla.

Un peu plus tard, le maître spirituel aperçut une fillette qui attendait avec de quoi manger, à côté du champ où des fermiers récoltaient le blé. Le maître spirituel alla la chercher et la laissa près du disciple qui se reposait. Lorsque les agriculteurs voulurent déjeuner, ils ne trouvèrent ni la petite ni la nourriture. Craignant qu’elle n’ait été kidnappée, ils partirent à se recherche, et la virent enfin assise aux côtés du disciple.

Ils s’écrièrent : « Nous l’avons trouvée, cet homme l’a enlevée », et ils se mirent à hurler sur le disciple, l’accusant d’avoir kidnappé la fillette. Les agriculteurs en colère se saisirent de bâtons pour frapper le disciple et l’encerclèrent. En les voyant, le disciple effrayé se leva, se mit à courir et atteignit la destination avant le maître.

Le maître arriva une heure plus tard. Voyant le disciple, il demanda : « Comment as-tu réussi à me dépasser ? N’étais-tu pas en train de te reposer, toi qui étais totalement épuisé et incapable de faire un pas de plus ? ». Le disciple répondit : « Tu n’aurais pas dû me faire ça. » Et le maître spirituel de répondre : « Tu as donc trouvé la force de continuer, ce qui prouve que tu aurais pu continuer à avancer, mais tu as refusé ; dis-moi donc comment tu as trouvé la force d’arriver avant moi ? » Cette anecdote montre que la force est en nous. Fournissons les efforts nécessaires, et nous pourrons avancer, sans nul doute.

À l’époque actuelle, seule la dévotion due à la crainte porte ses fruits. Kamsa, l’oncle de Krishna, craignait tellement Krishna qu’il le voyait partout, dans l’eau, dans chaque pilier et chaque poteau, tout cela à cause de sa peur. De même, les gens prient par peur des conséquences – « Que je ne sois pas puni, qu’il m’arrive de bonnes choses », etc.

C’est la crainte qui conduit les gens à la foi et non la compréhension des principes spirituels ou des vérités fondamentales. Il est dit que, dans l’ère actuelle, seule la dévotion due à la peur est bénéfique. Personne ne cherche la connaissance qui mène à la libération. Le goût est ce qui importe le plus à la langue, les yeux recherchent la beauté, les oreilles la mélodie – le mental quant à lui se laisse fasciner par des attributs extérieurs.

Ceux qui ont la connaissance n’ont pas de crainte et ne perdent pas de temps. Ils ont l’esprit pratique et savent qu’il est impossible de regagner le temps perdu. Quant aux autres, seule la peur fait ressortir leurs talents et les éveille.