Éloge de Swami Amritaswarupananda, un des premiers disciples d’Amma à l’occasion du décès de la mère d’Amma :

 » C’est à Amritapuri, par une douce après-midi nuageuse, que Damayanthiamma, qui amena notre bien-aimée Amma en ce monde, rendit son dernier soupir chez elle, près de l’ashram d’Amritapuri,à l’âge de 97 ans, lundi 19 septembre à 14h50.

Amma est rapidement arrivée pour honorer sa mère bien-aimée, aux côtés de ses frères et sœurs. La récitation continuelle de mantras sacrés a duré plusieurs heures, tandis que les disciples monastiques, les résidents de l’ashram, les visiteurs et les voisins venaient lui rendre hommage et offrir leurs prières.

Damayanthiamma est née dans le village côtier de Bhandaraturuttu, au Kérala. Sa famille était très pieuse et accomplissait sans faillir les pratiques religieuses quotidiennes. Dès son enfance, Damayanthiamma a mené une vie vertueuse dans une atmosphère de piété.

À 20 ans, elle s’est mariée à Sugunanandan Idamannel, issu d’une ancienne famille de pêcheurs de la communauté voisine de Parayakadavu. Damayanthiamma a maintenu ses pratiques religieuses quotidiennes strictes, ce qui lui a valu d’être appelée Pattathiamma – la dame brahmane (prêtresse).

Avec une dévotion sans faille pour Dieu comme axe de vie, Damayanthiamma observait divers vœux religieux presque tous les jours de la semaine. Elle jeûnait fréquemment et ne rompait la pratique qu’en buvant l’eau de jeunes noix de coco qui tombaient des arbres.

Alors qu’elle portait Amma, en 1953, elle se mit à faire des rêves étranges et merveilleux. Parfois, elle rêvait de Krishna et parfois de Shiva avec Devi. Une nuit, elle a même rêvé qu’un personnage mystérieux venait lui confier une statue en or pur de Krishna.

Dans le dernier rêve, Damayanthiamma donnait naissance à Krishna, et il était allongé sur ses genoux buvant son lait maternel. Le lendemain matin, le 27 septembre, elle était au bord de la mer en train de travailler quand elle a soudain eu le sentiment qu’elle allait accoucher. C’était étrange, car lors de ses précédentes grossesses, son corps avait beaucoup gonflé, signe qu’il était temps de se préparer à l’accouchement dans les jours à venir. Cette fois-ci, elle était seule, car elle n’avait eu aucun signe précurseur de ce genre.

Damayanthiamma se précipita chez elle et donna naissance à une petite fille lumineuse, l’accouchement fut facile dans une atmosphère paisible et un silence parfait – juste cet enfant et elle. Mais juste après l’accouchement, Damayanthiamma craignit pour la vie du bébé qui ne se comportait pas comme le font habituellement les bébés. Heureusement, une voisine arriva rapidement pour les aider.

« Quand elle est née, elle n’a pas pleuré. Quand je l’ai vue, elle était immobile. J’avais peur, parce que mon bébé précédent était mort. Mais ensuite, la femme qui m’a aidée à accoucher m’a dit : « Oh ! elle sourit », a expliqué Damayanthiamma.

À sa grande surprise, la petite fille avait l’air tout à fait paisible, et ses jambes étaient repliées, comme en posture de méditation. C’était très inhabituel, mais comme Amma était en bonne santé, Damayanthiamma fut soulagée. Le regard de sa petite fille a pénétré au plus profond de son cœur.

Le bébé nommé Sudhamani, a grandi et devint une fille très aimante et compatissante. Ses tendances spirituelles, ses chants et ses danses, où elle oubliait tout le reste, dépassaient la compréhension de Damayanthiamma.

Même si elle observait les vœux religieux et était extrêmement pieuse, elle manquait de la compréhension spirituelle nécessaire et ne pouvait donc pas concevoir qui était vraiment Amma, tant et si bien que Damayanthiamma souscrivit aux méthodes traditionnelles d’éducation pour élever ses enfants, en particulier ses filles.

La culture existante exigeait que les filles et les femmes suivent des règles strictes : elles devaient servir et se tenir loin des hommes. Damayanthiamma exerçait une autorité sévère et ne transigeait jamais quand il s’agissait de punir Sudhamani lorsqu’elle ne se conformait pas aux prétendues normes sociales, par exemple quand elle se comportait de la même façon avec les filles et les garçons, quand elle faisait tout son possible pour venir en aide aux malades, quand elle aidait les pauvres et les nécessiteux, etc.

De plus, Damayanthiamma n’avait aucune idée de ce que vivait sa fille, lorsque Sudhamani entrait dans des états de ravissement spirituel. Interprétant de tels événements comme de la désobéissance ou de l’arrogance, Damayanthiamma s’en prenait durement à Sudhamani. Cependant, Sudhamani ne cessa jamais de croire que la sévérité de sa mère était la manière pour Dieu de lui enseigner le chemin vers plus de conscience, de foi et de dévotion.

 

Selon les propres mots d’Amma, « Damayanthiamma observait minutieusement toutes mes actions. Elle me réprimandait s’il restait le moindre détritus dans la cour que j’avais balayée. Lorsque tous les récipients avaient été lavés, elle les examinait, et s’il y avait la moindre trace de saleté, elle me grondait.

« Quand je balayais le sol, si une brindille du balai tombait par inadvertance, elle ne m’épargnait pas. J’étais punie si de la poussière ou de la cendre tombait dans la casserole pendant la cuisson. Néanmoins, je ne me suis jamais sentie blessée lorsque Damayanthiamma me punissait ou me réprimandait, car je considérais toutes ces expériences comme des preuves de la bienveillance de la Vie. Mon mental n’est devenu ni amer ni rancunier ; au contraire, mon esprit s’est tourné de plus en plus vers l’intérieur. »

Parfois, lorsque Sudhamani était en état de profonde méditation, Damayanthiamma lui jetait un seau d’eau froide pour la réveiller.

Plus tard, Damayanthiamma avoua : « Maintenant, je suis triste de l’avoir punie. Mais à l’époque, je ne comprenais pas la signification spirituelle du comportement « étrange » d’Amma. C’est pourquoi je la punissais. J’étais sévère. Je ne savais pas qui elle était. Elle était différente des autres enfants, alors je la punissais. »

Cela n’est compréhensible qu’au regard des habitants du village et des autres personnes des alentours incapables d’apprécier les manières d’Amma, car la plupart d’entre eux étaient soit ignorants des vrais principes spirituels, soit remplis de préjugés sur les us et coutumes. Pour eux, Dieu réside dans le saint des saints des temples, ou quelque part au-delà des nuages.

Contrairement à ce qui est dit dans les Upanishads, « Celui qui réalise Dieu, devient Dieu », ils croyaient que Dieu est une entité totalement séparée. Pour cette raison, la famille d’Amma dut traverser des épreuves inimaginables et innombrables. La famille dut accepter toutes les épreuves et les tribulations. C’était la culture. Il n’y avait donc personne à accuser ni à critiquer.

Malgré tout, la famille a pleinement soutenu Amma et toutes ses entreprises spirituelles dès qu’elle entrevit la nature d’Amma.

Aujourd’hui, cela est considéré comme l’un des plus grands miracles qu’Amma ait accomplis. Tous les membres de sa famille sont devenus ses disciples. Les parents d’Amma ont décidé de considérer Amma : ils sont sortis de l’ignorance et des limites du mental et ont accepté Amma comme étant leur maître spirituel.

C’est ainsi qu’ils commencèrent à comprendre l’enseignement de l’Advaita Vedanta selon lequel Dieu et la Création ne sont pas deux mais un. Tout est divin. Tout est la volonté de Dieu. En fin de compte, tout est Amour.

En plus de sa solide pratique spirituelle, Damayanthiamma s’est immergée dans la joie de la présence d’Amma. Elle s’occupait avec amour des premiers disciples d’Amma comme s’ils étaient ses propres enfants. Elle s’assurait que tous ceux qui venaient pour l’étreinte d’Amma étaient correctement nourris et disposaient d’un endroit pour se reposer. Elle se rendait également avec Amma chez des dévots.

En retour, Amma s’est occupée de Damayanthiamma avec une profonde gratitude pour la femme qui l’a mise au monde.

Amma dit que tout est son maître. Tout est là pour lui donner un enseignement. Mais si elle devait ne choisir qu’une incarnation, ce serait Damayanthiamma : « Elle n’avait aucune compréhension spirituelle mais tout ce qu’elle montrait et conseillait avait une portée spirituelle. Elle était un bon modèle.

« À son contact, j’ai beaucoup appris en matière de vigilance. L’un de ses enseignements les plus importants était de ne jamais se dire qu’on avait assez travaillé. Toujours se dire : ‘Ô Dieu, donne-moi plus de travail’. Donc je priais Dieu de me donner plus de travail. »

Pendant la crémation du corps de Damayanthiamma, Amma et toutes les personnes présentes l’ont regardée avec un amour et une révérence énormes. L’atmosphère était saturée de la répétition de mantras (Om Namah Shivaya, Sri Lalita Sahasranama) et du huitième chapitre de la Bhagavad Gita, et tous admiraient cette femme bénie et dotée d’une grande force d’âme.

Message de condoléances du Premier ministre Modi à l’occasion du décès de Damayanthi Amma

 » Mata Amritanandamayi Ji,

C’est avec tristesse que nous avons appris le décès de votre mère, Damayanthi.  Cette perte frappe non seulement la famille mais aussi la communauté des dévots, qu’elle traitait comme ses propres enfants.

Damayanthi Ji était une femme pieuse qui se souciait beaucoup du bien-être de chacun. J’ai entendu parler de son service désintéressé envers les voyageurs qui étaient en route pour des pèlerinages, de son souci de nourrir les affamés, de la façon dont elle faisait entrer les vaches dans la maison lorsque l’étable était inondée et de l’immense amour qu’elle portait aux plantes et aux arbres.

Étant vous-même l’incarnation du sentiment maternel, je suis sûr que vous avez consciemment ou inconsciemment beaucoup appris de votre mère.

Vous avez vous-même expliqué que, si la mort fait partie de la vie, le plus important est de savoir comment nous vivons et non comment nous mourons. Malgré le décès de Damayanthi Ji, les valeurs qu’elle a symbolisées dans sa vie demeureront en chacun.

J’adresse mes plus sincères condoléances à la famille de Damayanthi Ji, à ses amis et aux dévots d’Amma.

Om Shanti !

Narendra Modi »

Derniers rites traditionnels rendus à la mère d’Amma : Damayanti Amma

20 septembre 2022, Amritapuri

La dépouille mortelle de Damayanti Amma est exposée dans le grand hall pour permettre à la famille et à tous de lui offrir un dernier hommage.

Suresh Kumar, le fils aîné de Damayanti Amma a versé l’eau sacrée du Gange sur le corps, dans le cadre des derniers rites.

Amma donne un dernier baiser d’adieu à Damayanti Amma avant le départ du corps pour la crémation.

Ses fils et petit-fils ont transporté la dépouille mortelle de Damayanti Amma sur le lieu de la crémation.

Suresh Kumar, le fils aîné de Damayanti Amma a allumé le bûcher funéraire. Damyanti Amma repose maintenant près du père d’Amma, Suganaachan.