Trois membres d’AYUDH Europe se sont rendus à New Delhi pour participer à la première conférence pour la jeunesse du MGIEP de l’ONU (Institut Mahatma Gandhi d’Éducation pour la Paix et le Développement durable) sur le thème de la bienveillance. Le but de cette conférence était d’enseigner les compétences fondamentales – empathie, compassion, pleine conscience et recherche critique – afin d’aider les jeunes à se transformer et à construire une paix durable dans leurs communautés.
AYUDH Europe était représenté par Andrea Goikolea (Espagne), Aiknaath Jain (Royaume-Uni) et Sarah Keil (Allemagne). Pendant les trois premières journées, ils ont suivi une formation intitulée « intégrité et compassion » et participé à divers ateliers sur la gentillesse et la prévention des extrémismes violents.
Le dernier jour de la conférence, Andrea et Aiknaath ont pris part à deux tables rondes de haut niveau. Andrea est intervenue dans le forum « Dialogues intergénérationels sur l’éducation » où la discussion s’est concentrée sur la meilleure façon de prévenir l’extrémisme violent. Aiknaath a participé au forum sur l’Agence de la jeunesse.
L’équipe AYUDH a également présenté sa déclaration sur la diversité culturelle et contribué à la déclaration officielle de l’ONU sur la gentillesse. Le document d’AYUDH est en train d’être largement partagé à divers niveaux, par l’intermédiaire de décideurs et de responsables politiques locaux et nationaux.
AYUDH Europe a travaillé collectivement à la rédaction de cette déclaration pendant le sommet Ayudh 2019 – qui s’est déroulé en juillet au centre Amma de Hof Herrenberg en Allemagne. C’est là-bas que quelques 300 jeunes ont échangé autour du rôle de l’éducation dans les domaines de la diversité et de l’inclusion. Afin de se préparer à l’avance, des groupes de discussions se sont formés en ligne via les réseaux sociaux, autour de quatre questions :
1. Comment considérez–vous la société européenne actuelle, tout particulièrement en ce qui concerne la diversité et l’inclusion ?
2. Pourquoi est-il important de promouvoir la diversité dans la société ? Quels en sont les bénéfices ? Quels en sont les risques ?
3. De quelle façon l’éducation peut-elle contribuer à encourager la compréhension et l’ouverture, et participer à l’émergence d’une société basée sur les valeurs du respect et de l’inclusion ?
4. Qui est responsable de la promotion de la diversité et de l’inclusion en Europe ? Les gouvernements, les institutions éducatives, les médias, la société civile ou les individus ? À cet égard, de quelle façon des organisations de jeunes telles qu’AYUDH peuvent-elles apporter leur contribution ?
Le 19 juillet, les jeunes se sont réunis pour la conférence officielle iTAGe (dialogues intergénérationnels organisés de façon indépendante autour du thème de l’éducation) dont le discours d’introduction a été prononcé par le Dr Jens Zimmermann, un député du Parlement allemand :
« Avec ce genre d’initiatives, on commence à parler de sa propre expérience dans sa ville, son village, son pays et on se rend compte qu’il y a entre nous de nombreux points communs mais aussi de nombreuses différences. C’est formidable d’avoir la possibilité de confronter ces expériences et de pouvoir rentrer chez soi avec de nouvelles idées. J’espère que vous glanerez de nombreuses idées et expériences nouvelles et que votre perspective s’en trouvera élargie. »
Les participants se sont ensuite répartis en quatre sous-groupes afin de d’approfondir les quatre questions. Dans chaque groupe, un participant a été désigné pour en être le rapporteur : Layana Bormanis, 18 ans, d’Allemagne ; Gwenoline Bertrand, 20 ans, de France ; Pablo Banqueri Cardona, 24 ans, d’Espagne ; et Arjun Clare, 19 ans, du Royaume-Uni.
Ces jeunes rapporteurs ont ensuite présenté les idées principales issues des échanges ayant eu lieu dans leur groupe lors d’une table ronde officielle où siégeaient trois experts séniors : Bri Dipamrita, présidente de Embracing the World France, le Dr Joost Mönks, président directeur général de NORRAG (réseau global de chercheurs, décideurs politiques, agences de coopération, ONG et consultants en matière d’éducation et de formation, basé à Genève) et Niklas Nienass, membre allemand nouvellement élu du Parlement européen.
Cette table ronde officielle a été facilitée par Jani Toivola, ex député du Parlement finlandais. Avant de débuter les échanges, celui-ci a fait remarquer :
« En tant que communauté, nous devrions toujours garder à l’esprit qu’il y a autant d’histoires personnelles qu’il y a de personnes ici rassemblées ; différentes façons de vivre, différentes valeurs, différents états d’esprit, différents talents. Tout le monde a quelque chose à offrir. »
C’est Layanna Bormanis qui a ouvert les échanges autour des quatre questions en présentant les idées de son groupe, dans lequel les intervenants ont fait remarquer que, bien que l’Europe soit parvenue à créer une communauté forte et diverse, il y a encore du travail à accomplir :
« Les gouvernements devraient s’efforcer d’orienter les subventions vers des opportunités de formations moins formelles. Le fait d’enseigner les compétences non techniques et d’apprendre plus que des connaissances de base favorisera la diversité et l’intégration dans la société. »
En accord avec cette idée, Niklas Nienass, Parlementaire européen allemand, a souligné qu’il y a différents styles d’apprentissage et que les systèmes éducatifs en place aujourd’hui ont besoin d’être remis à jour et diversifiés de façon à ce que chacun puisse apprendre de la manière qui lui convient le mieux. Il a également parlé du rôle que les jeunes peuvent avoir en sensibilisant les gouvernements et les médias à ces questions :
« Ne serait-ce qu’en parlant aux gens, en étant gentils avec eux et en les incluant dans les discussions, nous détenons tous un grand pouvoir. C’est difficile à faire mais cela portera ses fruits sur le long terme. »
Ensuite, Gwenoline a présenté les idées du deuxième groupe, qui en est venu à la conclusion que la diversité est l’état naturel de l’être humain et qu’il est l’une de nos plus grandes forces. Cette idée a cependant été assortie d’une mise en garde :
« La diversité, c’est la liberté, mais faisons attention à ne pas l’imposer. On ne doit pas imposer la liberté. »
Bri. Dipamrita a approfondi l’idée de la diversité en tant que fait naturel et a conclu que le refus de la diversité provient d’un manque d’acceptation de nous-mêmes :
« Nous sommes tous multiples à l’intérieur de nous-mêmes, nous ne sommes pas unifiés. À l’extérieur nous exprimons notre insécurité et notre peur de la diversité parce que cela nous renvoie à la diversité qui est en nous et que nous n’acceptons pas. Chaque fois que nous rejetons quelqu’un, nous pouvons être sûrs qu’il y a quelque chose à l’intérieur de nous que nous n’acceptons pas. »
En rapportant les conclusions du troisième groupe sur le rôle de l’éducation dans la promotion de l’ouverture dans la société, Pablo Banqueri Cardona a évoqué le fait que les systèmes éducatifs sont parfois déconnectés de la réalité. Le groupe a conclu que la clé d’un système éducatif fécond est entre les mains des enseignants :
« Les enseignants portent une très grande responsabilité dans le type de valeurs qui nous est transmis. Si les enseignants promeuvent des valeurs éthiques, cela peut influencer une personne pour sa vie entière. Il nous faut réfléchir au type de valeurs que nous souhaitons transmettre par l’intermédiaire de notre système éducatif européen. »
En accord avec leur verdict, le Dr Mönks a commenté : « Si un enseignant n’aime pas véritablement enseigner, comment peut-il transmettre la joie d’apprendre ? »
Il a expliqué que les écoles devraient adopter une approche de l’éducation « tête, cœur, main », citant l’exemple de l’université Amrita en Inde :
« Le travail que réalise l’université Amrita cherche à tendre la main aux couches les plus vulnérables de la société, par le biais de l’éducation, afin de leur apporter les compétences de base pour leur permettre de relever la tête. L’université qu’Amma a construite est un exemple de compassion en action. Il s’agit d’essayer de changer les choses grâce à la compassion. Introduisons l’amour et le cœur dans l’éducation. »
C’est Arjun qui a rapporté les conclusions du dernier groupe qui débattait pour savoir qui était responsable de la promotion de la diversité en Europe. D’après le groupe, bien que les institutions et les personnes à tous les niveaux de la société endossent une responsabilité partagée, ce sujet est principalement du domaine des gouvernements et des individus eux-mêmes. Il est ressorti en particulier que ce sont les gouvernements qui ont une grande responsabilité pour faire pression sur les institutions éducatives afin qu’elles instillent ces valeurs chez les élèves :
« Les jeunes, notamment les très jeunes, ont une grande capacité d’assimilation et d’adaptation aux nouvelles façons de penser. Encourager l’apprentissage de ces valeurs à l’école peut être un levier très puissant pour la promotion de la diversité et de l’inclusion. »
La collaboration d’AYUDH Europe et de l’institut Mahatma Gandhi de l’ONU se poursuivra à l’avenir. Dans le cadre de la campagne « La gentillesse comme objectif de développement personnel », AYUDH Europe est, en 2019, en train de mettre en place dix ateliers locaux en soutien à l’objectif de développement personnel. Vingt histoires personnelles de membres d’AYUDH seront mises en ligne sur la plateforme digitale de la Campagne.
Le sommet européen pour la jeunesse « Célébrons la diversité » a été soutenu par l’Union Européenne, l’État de Hesse et l’Institut Mahatma Gandhi de l’UNESCO. Il s’est déroulé en partenariat avec Embracing the World et le mouvement « Pas de paroles de haine ».
Cette initiative de 2019 fait suite au succès d’une collaboration similaire de 2017. Cette année-là, AYUDH Europe avait été la première organisation de la société civile sélectionnée par l’Institut Mahatma Gandhi d’Éducation pour la Paix et le Développement durable (MGIEP) de l’UNESCO, pour accueillir une conférence iTAGe.