Voici le témoignage de Cathy, une des toutes premières personnes à avoir rencontré Amma en France :
« Je suis de tradition catholique. Baptisée à 7 ans, grande communion et mariée à l’église, j’ai fait  un parcours que l’on peut considérer comme classique en Europe. Aux alentours de mes 30 ans, je cherchais toujours le sens de la vie. Un jour,  des amis m’ont emmené à une rencontre parisienne avec une personne arrivant du Kerala et proche d’Amma. Durant cette rencontre, j’écoutais sans comprendre tout ce qui était dit. Je ne cessais de me répéter intérieurement et avec étonnement:  »Mais je suis chez moi, je suis chez moi,  je suis chez moi! » Nous étions en janvier 1985. De ce jour je n’ai plus jamais quitté « le milieu d’Amma. »
Deux ans plus tard, le 15 juillet 1987 : je me trouvais avec un tout petit groupe à l’aéroport de Roissy attendant une personne que nous n’avions rencontré qu’en photos, vidéos ou au travers la lecture de sa biographie. Autant dire que c’était une planète qui allait rencontrer une autre planète, un autre monde. Amma est arrivée toute petite dans son sari éclatant de blancheur contrastant forcément avec sa peau foncée. Un immense sourire…Elle était rayonnante, étonnamment  jeune et pleine d’énergie. C’était la première fois qu’elle posait ses pieds sur le sol européen, elle arrivait de New York.
De notre côté, nous ne savions rien : aucune connaissance particulière en matière de maître  , aucun voyage après 1968 pour nous initier comme les Beatles aux maîtres spirituels de Katmandou…Rien. Nous étions ignorants de tout, vierges de tout concernant le monde spirituel.  Des enfants, des nouveaux nés pourrait-on dire.
 Nous étions là sans savoir comment accueillir Amma dans le respect de la tradition: nous étions juste là debout à attendre ce qui allait changer  »notre face du monde ». Mais nous ne le savions pas encore. Lorsqu’elle a passé la porte qui permettait de retrouver les gens venus  accueillir les voyageurs, je me rappelle avoir été en quelque sorte « pétrifiée ». Je la voyais en chair et en os mais cela restait irréel.
 Mon mari qui filmait tout depuis son arrivée a été le premier à se mettre à pleurer derrière la caméra sans comprendre pourquoi.  Il était le premier d’une longue liste car tous sans exception, nous allions pleurer à chaque fois que nous allions nous retrouver dans ses bras. Cette année là, des kilomètres de sopalin ont été utilisé!  J’avais pleuré en regardant une cassette vidéo où elle recevait les gens en Inde, j’avais pleuré en tapant sa biographie sur une machine à écrire pour une réédition, et la voir là devant moi me mettait dans un état total de sidération. Je ne savais plus quoi faire,  ni quoi dire, incapable d’être normale et timide à l’excès.  
Prematmanda, un proche disciple de La Réunion était là, Amma a éclaté de rire en lui tapotant le ventre et disant :  »Mais qu’est ce que tu as grossi ! »  Et il riait de cette constatation. Elle nous regardait à tour de rôle. Nous étions 5 ou 6 à ne pas comprendre ce qui arrivait. Il a fallu beaucoup de temps pour que tout son groupe récupère les bagages.
Un de ses proches à l’époque qui parlait malayalam et français (très pratique pour nous) nous amena dans un coin de l’aéroport et là de la façon la plus simple qui soit, nous nous sommes tous assis par terre en cercle avec Amma.
Amma continuait de rire en nous regardant. Elle parlait avec ses proches, me demanda mon nom : cela me fut traduit en français mais même là j’étais incapable de réagir et de prononcer un son.  Je demeurais incapable de penser, je la regardais juste comme un enfant qui n’en croit pas ses yeux. Comme lorsqu’il découvre les cadeaux au pied du sapin de Noël.
Amma alors se mit à parler des dévots américains qui ne voulaient pas la laisser partir et voulaient la garder pour eux. Elle disait qu’ils étaient comme des enfants égoïstes. Elle leur a répondu que beaucoup de ses dévots l’attendaient ailleurs, qu’elle restait avec eux dans leur cœur, qu’elle ne les quittait pas. Mais qu’elle ne devait quand même partir. »