27 septembre 2021 – Amritapuri
« Le monde dans lequel nous vivons a subi d’innombrables changements. Chaque être animé et inanimé est en train de se transformer. À présent, la roue du changement nous mène dans une direction différente. Lorsqu’un désastre (ou quelqu’événement) impacte le monde entier, considérons-le comme la conséquence karmique du cumul des actions du monde dans son intégralité.
Il ne sert à rien de critiquer ou d’accuser un groupe de personne ou un pays en particulier. S’agissant des événements, bons ou mauvais, qui touchent le monde entier, chacun d’entre nous porte un part de responsabilité. Par exemple, si quelqu’un se noie près de la côte ou au beau milieu de l’océan, on dit juste qu’il s’est noyé en mer. Nous n’accusons pas une partie de l’océan ; l’océan dans sa globalité est tenu pour responsable. Il en va de même pour la situation actuelle. Nous devons tous endosser notre part de responsabilité. Ce n’est qu’en adoptant cette manière de penser qu’il nous sera possible de commencer à construire un avenir meilleur.
Il y a fort longtemps, la forêt occupait de larges étendues du globe. Aujourd’hui la majeure partie de ces forêts a été défrichée. Par le passé, Dieu était à l’intérieur de nous et les forêts à l’extérieur. À présent, nous avons laissé pousser des forêts en nous et repoussé Dieu à l’extérieur, tout cela parce que l’humanité est en train de perdre ses qualités divines. Ces qualités divines ont été remplacées par des qualités démoniaques.
Tout ce que nous voulons, c’est détruire. Les êtres humains ne vivent plus maintenant que dans le seul but de combler leurs désirs égoïstes. Il semblerait que les êtres humains deviennent de plus en plus comme des îles séparées. Auparavant, ils étaient comme les maillons d’une chaîne. Les gens se comportaient avec respect les uns envers les autres. Ils pratiquaient l’obéissance et la discipline. C’est pourquoi leurs valeurs se perpétuaient de génération en génération et c’est aussi la raison pour laquelle ils avaient confiance en eux. Aujourd’hui, personne ne veut plus se soumettre ; tout le monde veut être sur le même pied d’égalité.
Prenons l’exemple d’une route. Si nous roulons sur l’autoroute ou sur une 4 voies, nous voyons des panneaux nous indiquant la vitesse à ne pas dépasser sur telle ou telle portion de route. En certains endroits, la vitesse maximale est élevée. En d’autres endroits, elle peut être assez réduite, 30 ou 40 km/h, comme aux abords des écoles. Dans ces zones, nous devons ralentir.
Nous ne sommes vivants que parce que nous respectons ces panneaux et ces règles. Dans la vie, ce sont nos valeurs qui servent de codes de conduite. Mais nous avons perdu notre capacité à faire des compromis et à céder face aux autres. Nous ne savons que prendre tout à tout le monde. À présent, nous ne savons qu’exploiter la terre. Que donnons-nous à la nature ? Les valeurs se sont érodées. Une vie sans valeurs est comparable à une fusée qui a quitté le champ gravitationnel de la Terre.
En cette période charnière, essayons de devenir autonomes. Bâtissons notre force intérieure, notre confiance en nous, notre détermination et notre enthousiasme. Efforçons-nous de considérer la situation actuelle comme une occasion de faire cela. Nous avons en nous un extraordinaire potentiel qui demeure à l’état latent, bien plus vaste que nous ne le percevons. Les périodes difficiles sont souvent plus favorables que les périodes positives pour éveiller nos talents endormis et les utiliser convenablement.
Il faut avoir reçu quelques coups dans la vie pour se tourner vers l’intérieur. C’est en faisant l’expérience de la tragédie que naît en nous le désir d’apprendre à transcender la souffrance. De même, c’est lorsque quelqu’un rejette notre amour que nous comprenons la valeur de l’amour. Nous essayons alors d’apporter des changements dans notre vie et dans notre comportement, pour être digne de cet amour. En nous plaçant dans cette perspective, nous nous rendons compte que les expériences que nous considérons comme négatives ne le sont pas véritablement. Saisissons ces occasions de nous éveiller et de grandir.
L’un des plus grands problèmes de l’humanité est son incapacité à faire preuve de modération en pensée et en action. La vérité, c’est que l’humanité est incapable de dormir avec modération, de manger avec modération, de se comporter, d’agir ou de parler avec modération. Elle est incapable de faire quoi que ce soit avec modération. Efforçons-nous sans tarder de pratiquer la modération.
Étudions la biographie de grands personnages qui ont apporté des contributions positives au monde, et nous verrons qu’ils sont tous devenus plus forts grâce à l’adversité. Dans leurs efforts pour atteindre leurs objectifs, ils ont dû affronter plus de difficultés que les autres. Ces personnes ont dû faire face à la calomnie et à d’innombrables accusations, mais tout cela n’a servi qu’à renforcer leur courage et leur détermination à atteindre leur but.
Nous aussi, voyons les aspects positifs cachés dans les difficultés rencontrées. À l’occasion de telles épreuves, parvenons à nous éveiller et à saisir la source de puissance cachée par nos faiblesses. Des milliers de portes s’ouvriront alors. Si nous relevons des défis, tout en continuant à avancer, la vie nous sourira.
Le cours de la rivière est obstrué par de nombreux obstacles : des arbres, des vallées et des montagnes. Malgré tout, la rivière ne s’arrête pas. Elle contourne chaque obstacle et poursuit son cours. La rivière a pour seul mantra : « En avant, en avant, en avant… » C’est la puissance de ce mantra qui permet à la rivière d’atteindre son but, qui est de se fondre dans l’océan.
Lorsque nous aurons une compréhension correcte de ce qu’est la spiritualité, nous serons capables de développer une attitude d’acceptation envers la vie. Par exemple, les apiculteurs récoltent le miel de leurs ruches dans un rucher. Ils savent qu’ils risquent de se faire piquer. Certains font très attention et portent une combinaison de protection. D’autres n’en portent pas et se font piquer. Si leur but est d’aller récolter le miel, ils doivent accepter le fait qu’ils risquent de se faire piquer.
Sur la route il nous est peut-être arrivé de croiser des panneaux indiquant : « Attention travaux ! Merci pour votre patience et votre coopération. » En voyant ce type de panneaux, nous ralentissons immédiatement et redoublons de prudence, même si nous sommes très pressés. De même, dans nos relations avec autrui, il se peut que certaines personnes disent des choses qui nous irritent. Faisons alors preuve de patience. En effet, il se pourrait très bien que leur mental soit aussi en travaux. La patience nous aide à aller de l’avant. La patience, c’est oublier et faire preuve de tolérance.
La logique et les capacités intellectuelles peuvent nous aider à faire face aux nombreux défis que nous rencontrons dans la vie et à les résoudre. Cependant, de nombreux événements imprévus et situations inattendues peuvent également se produire et nous laisser désemparés et choqués. Dans ce type de situations, notre intellect et notre force physique ne servent à rien. Dans ces moments-là, nous n’avons besoin ni de l’intellect ni de la logique, mais d’un éveil intérieur. Dans ces situations, les pensées et les analyses inutiles ne nous aideront pas. Familiarisons-nous plutôt avec le discernement, qu’avec l’analyse.
Au lieu de placer notre confiance dans le monde extérieur, accordons de l’importance à notre confiance en nous. Tout en évitant de nous laisser ligoter par nos émotions, soyons capables de conserver un mental équanime. Abaissant la crête de notre ego, allons de l’avant avec vigilance, présence, humilité et révérence.
De même qu’il y a des circonstances extérieures favorables ou défavorables, à l’intérieur aussi, il y a des circonstances favorables et des circonstances défavorables. Nous ne pouvons pas contrôler la plupart des circonstances extérieures. Avec nos capacités limitées, il nous est impossible de contrôler les catastrophes naturelles et les fluctuations du climat. Il nous est cependant possible de contrôler notre monde intérieur, c’est-à-dire notre mental et la rapidité de nos pensées. Si nous en sommes capables, alors nous serons également en mesure de transformer les circonstances extérieures en expériences positives qui nous aideront à croître et à nous développer.
La porte du cœur ne peut s’ouvrir qu’avec la clé de l’amour. Sans un cœur rempli d’amour pour autrui, nous ne pourrons jamais être un médecin remarquable, un scientifique exceptionnel ou un administrateur hors-pair, etc. L’amour est la base de la force, de l’enthousiasme, de la confiance en soi, du courage et de l’abnégation.
En ces temps de pandémie, le gouvernement indien et celui des différents États ont distribué du riz et des produits de première nécessité. Cependant, de nombreuses personnes sont malades : diabète, hypertension, cholestérol ou problèmes de thyroïde. Elles n’ont pas toujours les moyens de s’acheter les médicaments nécessaires. Nombreuses sont celles qui ne comprennent pas que ces médicaments doivent être pris tous les jours à heure fixe, en suivant le bon dosage.
Que se passe-t-il alors ? Comme elles n’ont pas les moyens de se procurer la bonne quantité de médicaments, elles en réduisent elles-mêmes la posologie en ne les prenant qu’un jour sur deux ou en ne faisant leur piqûre qu’une fois tous les trois jours. Si la posologie est réduite, le patient risque d’avoir un infarctus. Faute d’argent pour acheter leurs médicaments en quantité suffisante, pendant la pandémie, de nombreuses personnes sont mortes d’infarctus ou se sont retrouvées paralysées.
Quoi que nous entreprenions, songeons aux difficultés rencontrées par ces personnes. À chaque fois que nous agissons avec vigilance et que nous ne prenons que ce dont nous avons besoin, il se peut que nous sauvions la vie d’une personne démunie. En ces temps de coronavirus, par le biais des groupes d’entraide féminins autogérés (AmritaSREE) et d’autres projets du même genre, Amma a pu secourir de nombreuses personnes, même s’il fallait pour cela faire un emprunt.
En réalité, la fondation d’Amma apporté encore plus d’aide qu’en temps normal. Même en pleine pandémie, des volontaires d’Amma se sont rendus dans de nombreux villages. Ils ont aidé les villageois en fonction de leurs besoins. Amma ne fait pas tout cela toute seule. Tout cela n’est possible que grâce à l’attitude de ses volontaires d’Amma.
Ne perdez pas espoir et ne baissez pas les bras : voilà ce qu’Amma a à vous dire. Rappelez-vous que même le plus haut des bâtiments se construit pierre par pierre. De la même façon, la maison de notre vie se construit de seconde en seconde, de minute en minute et d’heure en heure. Soyons donc attentifs à ce que chaque instant soit porteur de sens.
Lorsque nous faisons l’expérience de tragédies et d’échecs dans notre vie, il se peut que nous ressentions de la colère – y compris envers Dieu. Dans de telles situations, efforçons-nous de nous rappeler les bénédictions que nous avons reçues dans la vie. Nous nous rendrons compte alors que nous avons été bénis de bien des façons. Pensez également à ceux pour qui c’est encore plus difficile. Ainsi, nous nous rendrons compte que nous avons de nombreuses choses dans la vie dont nous pouvons heureux et reconnaissants.
Nous ne pouvons pas faire autrement que de reconnaître cette vérité que la vie est faite de moments heureux et de moments difficiles. Il n’est pas possible de ne connaître que des moments heureux. C’est pourquoi il vaut mieux ne pas s’entêter à seulement accepter les succès et les bons moments de la vie. Si nous continuons à seulement nous attarder sur les moments tragiques du passé, nous perdrons également le présent. Apprenons ainsi à oublier ce qui doit être oublié et à ne nous rappeler que ce qui doit l’être.
Dans la vie, de quoi devrions-nous nous souvenir ? Ne nous souvenons que des leçons positives que nous avons apprises. Rappelons-nous l’aide que nous avons reçue des autres et celle que nous apportée aux autres. Ces petites victoires – pour peu que nous arrivions à nous en souvenir – feront grandir notre force et notre confiance en nous et nous nous sentirons en paix.
Que faut-il oublier ? Oublions tous nos échecs et nos peines. Si nous les ressassons, notre vie sera pleine d’obscurité. Il nous sera impossible d’aller de l’avant. Nous perdrons tout le bonheur que nous avons.
En réalité, les échecs n’existent pas. Considérons ces soi-disant échecs comme des leçons à utiliser. Oublions aussi les humiliations subies, le tort que l’on nous a fait et les inimitiés personnelles. Lorsque notre mental se consume dans le désir de vengeance, c’est nous qui acceptons la défaite. Rejetons ce genre de pensées, c’est à cette condition que notre vie pourra s’épanouir.
Ne laissons pas laisser passer une seule journée sans faire au moins une bonne action. Sinon c’est la journée entière qui est perdue. Si nous faisons au moins une chose pour quelqu’un d’autre – au moins une action désintéressée – nous pouvons considérer que notre journée a été fructueuse. Si égoïstement nous nuisons à autrui, alors ce jour-là laisse une trace sombre sur notre vie. Si nous laissons passer un jour sans faire les pratiques spirituelles qui nous rapprochent du but de la vie, alors c’est une journée perdue pour nous.
En voyant la demi-lune dans le ciel nocturne, nous pouvons choisir de nous sentir triste de ne pas en voir l’autre moitié, ou nous pouvons choisir de profiter de sa beauté et nous sentir heureux. À nous de choisir. Apprenons à toujours nous diriger vers la lumière. À cette condition, les ombres ne nous affecteront jamais. Passons du « je » limité au vaste « nous ». La racine de tout conflit ou problème se trouve dans ce sentiment du « je ». Mettons ce « je » de côté, éveillons et laissons s’exprimer l’amour qui est en nous. Commençons dans nos foyers et continuons au travail et dans l’apprentissage.
Il n’y a pas de plus grande puissance que la puissance de l’amour. Il n’y a pas de plus grand bonheur que le bonheur procuré par l’amour. Nous ressentons l’amour lorsque l’ego individuel s’éteint et que les cœurs ne font plus qu’un. L’amour est la réalisation ultime de la capacité de voir les autres comme nous-même ou comme Dieu. Il est temps pour nous de construire des ponts d’amour et d’amitié. Puissions-nous ainsi former une seule famille mondiale pleine d’amour infini.
Puisse cette attitude d’acceptation de toutes les situations se manifester dans vos cœurs. Que les fleurs de l’amour pour Dieu fleurissent toujours dans vos cœurs. Que leur parfum emplisse vos pensées, vos paroles et vos actions. Que cet amour grandisse et s’étende à la création tout entière. Ceci serait la plus grande des bénédictions de la vie. Puissiez-vous recevoir cette bénédiction. Que la grâce vous bénisse.
|| om lokāḥ samastāḥ sukhino bhavantu ||
Puissent tous les êtres de tous les mondes être heureux ! »