Bhubaneswar, le 14 août 2021
Amma a reçu un diplôme honorifique en Lettres de l’Institut de Technologie industrielle Kalinga (KIIT) à Bhubaneswar. Ce diplôme a été remis virtuellement à Amma dans le cadre de la 17ème cérémonie annuelle de remise des diplômes de cette université accréditée, en reconnaissance des « contributions importantes d’Amma dans les domaines de la spiritualité, de l’éducation, des questions environnementales, de l’action humanitaire, de l’amour et de la compassion ».
En remettant le diplôme à Amma, la vice-présidente de l’université KIIT, la professeure Sasmita Samanta, s’est adressée ainsi à Amma : « Très vénérée Mata Sri Amritanandamayi Devi, Amma, très peu de personnes dans le monde ont littéralement touché le cœur de millions de personnes, atteignant ainsi le statut de légendes vivantes. Dans un monde déchiré par les conflits et secoué par le stress, toute l’humanité lève les yeux vers vous dans l’espoir de trouver le soutien émotionnel et la force nécessaires pour affronter les défis de la vie dans la paix et la sérénité. Vous manifestez la lumière éclatante de l’Inde, et vous rayonnez partout où vous allez et quoi que vous fassiez. »
La vice-présidente a poursuivi : « Votre parcours depuis un petit village du Kérala jusqu’au centre de la scène mondiale, depuis la fille du village nommée Sudhamani jusqu’à celle qui est affectueusement connue sous le nom d’Amma, de Mata Amritanandamayi… Ce parcours à nul autre pareil qui a été le vôtre, vous a conduit sur la voie énoncée par les écritures de l’Inde, les Védas, et réécrite par la suite dans les textes sacrés comme la Bhagavad-Gita. (…) Vous préconisez l’expérience de l’état de parfaite vigilance et d’équanimité ici, dans ce monde, dans cette existence. Cela reste une énigme de savoir comment, par la compassion et le service désintéressé, vous avez pu élever la voix contre des fléaux sociaux tels que la traite des êtres humains, la prostitution forcée et l’esclavage. Le Vatican, le Parlement mondial des religions et les Nations unies écoutent les paroles de sagesse que vous prononcez à propos de chaque sujet brûlant. Le monde n’a pas encore vu d’autre apôtre de la paix s’occuper gratuitement des pauvres, les nourrir, les abriter, les soigner, les éduquer et leur donner un revenu, sans oublier les opérations de secours d’urgence en cas de catastrophe et la protection de l’environnement au niveau mondial. Distribution de pensions à vie aux veuves démunies et aux personnes en situation de handicap physique et mental, création d’une université multidisciplinaire et contributions énormes au nettoyage du Gange… Ce ne sont là que quelques exemples montrant l’importance et la sincérité de votre préoccupation à tous les niveaux. Qu’il s’agisse d’un tremblement de terre ou d’un tsunami, dans l’océan Indien ou ailleurs dans le monde, vous êtes constamment en première ligne, pour atténuer la souffrance des gens. Vous êtes un chef spirituel on ne peut plus personnellement accessible et vous touchez même les agnostiques qui doivent lutter pour retenir leurs larmes devant vous. »
Elle a conclu : « En reconnaissance de vos contributions majeures dans le domaine de la spiritualité, de l’éducation, des questions environnementales, de l’action humanitaire, de l’amour et de la compassion, la direction de l’université KIIT décide à l’unanimité de vous conférer le grade de Docteur Honoris causa en Lettres, ce 14ème jour d’août 2021, lors de sa 17ème convocation annuelle. »
C’est le troisième diplôme Honoris causa décerné à Amma. En 2019 et 2010, l’université de Mysore et l’université d’État de New-York lui avaient chacune décerné un doctorat Honoris causa en Lettres.
Après l’allocution de Madame Samanta, Amma s’est adressée à l’assemblée :
Message d’Amma à l’occasion de la remise du doctorat Honoris causa en Lettres le 14 août 2021 :
» Amma s’incline devant tous, qui êtes des incarnations de l’Amour pur et de la Conscience suprême.
Messieurs les ministres de l’Éducation, du Développement des Compétences et de l’Entrepreneuriat, Sri Dharmendra Pradhan, M. le professeur Jean-Marie Lehn, Prix Nobel de Chimie, permettez-moi tout d’abord d’exprimer ma sincère gratitude à M. Achyuta Samanta, membre de la Lok Sabha et fondateur de Kalinga, université accréditée, à M. Nik Gugger, député suisse, à M. Ved Prakash, président de l’université, à Mme Sasmita Samanta, à M. Varun Suthra et aux autres administrateurs de l’université Kalinga pour l’honneur qu’ils m’ont accordé.
Si notre organisation a pu effectuer quelques actions humanitaires au service du monde, c’est uniquement grâce à l’amour sincère et au dévouement des bénévoles d’Amma. C’est pourquoi, Amma leur dédie cet honneur, à eux et à leurs cœurs remplis d’amour.
Kalinga et la compassion
Kalinga est la terre sacrée où reposent les souvenirs d’un grand événement, écrit en lettres d’or sur les pages de l’histoire. C’est la terre qui a vu le grand empereur Ashoka mener une puissante guerre de conquête, puis sombrer dans un profond chagrin en voyant le champ de bataille ensanglanté après sa victoire, et changer d’état d’esprit pour s’engager dans la voie de la paix éternelle et de l’éveil. C’est sur cette terre de compassion que M. Achyuta Samanta, fondateur de l’université accréditée Kalinga, a choisi d’offrir ses services humanitaires. Amma applaudit chaleureusement son oeuvre.
En réalité, la compassion envers nos semblables est ce que l’éducation doit cultiver de plus important. Amma est extrêmement heureuse de savoir que cette université poursuit cet objectif. Il va sans dire que l’Institution brille comme un phare de soutien et de refuge pour des dizaines de milliers d’habitants de la région et des alentours.
La vision de cette terre de Bharat (l’Inde)
Ce monde et toutes ses créatures ne sont que des formes et des expressions différentes de l’unique Conscience suprême. Traitons donc chaque aspect de la création, doué ou pas de sensibilité, avec amour, respect et esprit de service. Telle est la vision de Bharat (l’Inde). C’est le noble message qu’elle transmet au monde.
Selon le Sanatana Dharma (lois éternelles, autre nom de l’hindouisme), le Créateur et la création ne sont pas deux, ils ne font qu’un. L’or est dans les bijoux en or et vice versa. Même si on voit le soleil se refléter dans cent pots d’eau, il n’y a qu’un seul soleil. Pareillement, il n’y a qu’un seul Soi, présent en chacun. Si nous adoptons cette attitude, notre cœur saura prendre les autres en compte. Lorsque la main droite est blessée, la main gauche la caresse et la réconforte immédiatement. Puisse chacun développer cette même attitude, en s’efforçant de voir les autres comme soi-même et de les aimer et les servir en conséquence.
Le vrai sens du mot éducation
Beaucoup d’entre vous savent peut-être que le véritable sens du mot éduquer est de faire ressortir ce qui est en nous. L’éducation est ce qui permet à chacun de faire ressortir ses talents cachés. Nous avons tous de nombreux talents, mais nous n’en sommes généralement pas conscients. Le porteur indien utilise sa tête pour gagner sa vie en portant des charges, tandis que le scientifique utilise sa tête pour faire des découvertes et des inventions remarquables. De même, nous avons tous un pouvoir infini caché en nous. C’est juste que la plupart d’entre nous ne sont pas conscients de son existence.
Poules léthargiques
Amma se souvient d’un incident de son enfance. Dans l’enfance d’Amma, la mère d’Amma, Damayanti Amma, élevait des poules. Après l’éclosion d’une couvée, il arrive que les poules ne pondent pas d’œufs pendant une longue période. Elles deviennent léthargiques et s’asseyent dans un coin comme si elles avaient de la fièvre. Si quelqu’un s’approche d’elles, elles émettent un son pour les faire fuir. Elles cessent de manger ou même de chercher de la nourriture. Si elles sont laissées seules, elles peuvent ne pas pondre d’œufs pendant six mois. Elles peuvent même mourir de faim.
Si elles restaient dans cet état pendant plus de cinq jours, pour les en sortir, Damayanti Amma les jetait dans les marécages. Elles battaient immédiatement des ailes et revenaient sur la rive. Ma mère répétait cela quatre ou cinq fois.
Ensuite, la poule reprenait une vie normale et commençait à picorer pour trouver de la nourriture. En 15 jours, la poule recommençait à pondre des œufs. La poule a la capacité inhérente de pondre des œufs. Mais à cause de sa léthargie, elle était devenue incapable de manifester cette capacité.
De même, nous avons tous la capacité d’éveiller nos talents innés.
Inconvénients du système éducatif moderne
Le système éducatif d’aujourd’hui cherche-t-il à éveiller les talents et les capacités latentes des étudiants ? C’est une question à laquelle nous devrions tous réfléchir. L’un des plus grands inconvénients du système éducatif moderne est sa concurrence aveugle et les conséquences qui en découlent.
Amma connaît un professeur dans une université d’un pays occidental. Il est responsable de l’octroi des bourses d’études et du programme d’études internationales. Il m’a dit : « Amma, de nombreuses demandes de bourses et d’admission au doctorat proviennent d’Inde. Mais 99% des étudiants mettent exactement les mêmes choses sur leurs formulaires. Ils se ressemblent tous. Dès que je commence à les lire, je les jette à la poubelle. »
Remodeler notre système éducatif
Nous devons remodeler notre système éducatif afin d’inspirer la créativité à nos étudiants. Il ne fait aucun doute que le système éducatif moderne aide nos enfants à rechercher nom, gloire et richesse. Mais est-ce là le seul but de la vie humaine ? Le but de la vie est-il simplement d’étudier beaucoup de livres, de passer des concours, d’obtenir un diplôme, de trouver un emploi et un revenu sûr ?
Vivre et gagner sa vie sont deux choses différentes
Vivre et gagner sa vie ne sont pas la même chose. Pour gagner notre vie, nous pouvons avoir besoin d’un emploi, d’argent, d’une maison, d’une voiture et d’autres commodités. Cependant, ces éléments ne suffisent pas à rendre la vie complète. Pour cela, nous avons besoin d’amour, de compassion, de tendresse – d’un cœur qui ressent la douleur des autres et y répond. Nous avons besoin de largeur d’esprit et de maturité dans la pensée et l’action.
L’éducation doit répandre la lumière à l’intérieur et à l’extérieur. L’éducation doit également développer le discernement et la réflexion. Elle devrait développer la curiosité de connaître le monde intérieur tout autant que le monde extérieur. L’éducation devrait nous apprendre à garder notre œil intérieur ouvert tout autant que nos yeux extérieurs. L’éducation devrait sensibiliser et renforcer le lien profond de l’étudiant avec sa nation, le monde, ses semblables et les autres créatures, la Nature et Dieu.
75% de notre potentiel est sous-développé
Le système éducatif moderne met l’accent sur le développement mental et intellectuel. Cependant, ces deux éléments se situent sur le plan physique. Et ainsi, les diplômés restent totalement ignorants du plan de l’existence pure. Si cette ignorance n’est pas effacée, nous resterons en disharmonie avec le monde. Supposons qu’il y ait cinq membres dans une famille et que chacun veuille être roi ; il n’y aura alors que des guerres.
Si nous nous divisons en quatre parties, le complexe corps-esprit représente moins d’un quart de ce que nous sommes. Plus de 75% de ce que nous sommes reste immergé dans l’ignorance et sous-développé. Au-delà du maintien de la santé physique et des prouesses intellectuelles, nous devons comprendre le pouvoir interne qui confère l’énergie vitale au corps et à l’esprit. Nous devons comprendre ce qui existe comme le fondement même de tout ce qui est extérieur.
Le monde est une seule famille
À l’avenir, nos programmes éducatifs devraient accorder au moins une certaine importance au noble concept indien : » Vasudhaiva kuṭumbakam – Le monde est une seule famille. »
À mesure que l’humanité avance, ce sentiment d’unité devrait se refléter, au moins un peu, dans nos pensées et nos actions. Sinon, la cupidité atteindra son apogée et menacera l’existence même de l’humanité.
Nous avons vu des signes avant-coureurs de cette éventualité dans les avertissements fournis par la Nature au cours des dernières années. Si nous ne tenons pas compte de ces avertissements de Dieu et de la Nature, l’humanité pourra bientôt se compter parmi les espèces éteintes de la Terre.
Les cinq objectifs de l’éducation
Il y a cinq objectifs qui devraient être recherchés par l’éducation :
- Gagner sa vie – les connaissances et les compétences nécessaires pour acquérir la richesse, la position et le confort.
- Reconnaître que la santé mentale – la maturité pour contrôler nos pensées et nos émotions – est tout aussi importante que la santé physique et atteindre cette maturité également.
- L’entraînement à faire son devoir pour rembourser sa dette envers son foyer et sa famille, ainsi qu’envers la Nature, qui nous a gratifiés avec compassion de nourriture, d’un abri, de soleil, de pluie, de collines, de forêts, de rivières, d’arbres et de fruits.
- L’inspiration à avoir de la gratitude, de l’amour et du respect envers Dieu et la Nature, et la motivation pour s’engager dans le travail social et le service désintéressé nés de cette gratitude.
- L’éveil de la conscience de notre Soi intérieur et la compréhension du fait que « je ne suis pas une entité séparée. Je suis plutôt une partie de cet univers. Tout comme l’eau des vagues qui atteignent les rivages et l’eau au milieu de l’océan est la même, je ne fais qu’un avec l’ensemble de la création. »
Les années scolaires devraient être une période de méditation
L’apprentissage du monde extérieur est comme un pont. Nous devons être capables de traverser ce pont et d’atteindre la lumière du Soi intérieur. L’éducation correspond aux austérités spirituelles que nous devons subir pour atteindre ce but. Par conséquent, nos années d’école devraient être une période de méditation. Si les étudiants restent fermement ancrés dans cette fondation tout en étudiant, ils ne seront jamais enclins à la jalousie ou à la compétitivité. Au contraire, leur vie deviendra un voyage de célébration où l’amour et l’amitié prévalent et où l’homme, la Nature et Dieu avancent main dans la main.
Ne perdons pas l’espoir et l’optimisme
Avec la pandémie de coronavirus, le monde traverse une période sombre et difficile. Mais ne perdons pas l’espoir et l’optimisme.
Amma se souvient d’une histoire : Un jour, voyant un grand groupe d’escargots se diriger vers le nord, un groupe d’oiseaux volant vers le sud s’approcha d’eux et leur demanda : « Où allez-vous tous ? »
L’escargot de tête répondit : « Oh, nous nous dirigeons vers la forêt, là-bas, au nord. »
En entendant cela, les oiseaux se mirent à rire : « Vous plaisantez ? Nous revenons de cette même forêt. Elle est maintenant confrontée à une sécheresse. Tous les arbres ont séché et on ne peut plus y trouver une seule feuille verte ! »
L’escargot de tête rétorqua alors : « Pas de problème. Le temps qu’on arrive là-bas, il devrait y avoir à nouveau des tas de feuilles. »
Comme les escargots de l’histoire ci-dessus, si nous avons l’optimisme et la confiance en nous-mêmes pour continuer à avancer quelles que soient les difficultés de la vie, nous serons capables de surmonter tous les obstacles. La confiance en soi est comme la fusée d’appoint nécessaire pour se libérer de l’attraction gravitationnelle de nos limites.
Je n’ai pas d’autres bras que les vôtres
De même que le soleil n’a pas besoin de bougie pour s’éclairer, Dieu n’a besoin de rien de notre part. Essayons d’être compatissants envers les pauvres et les nécessiteux, en voyant Dieu en eux. Cela nous rendra aptes à recevoir la grâce divine.
Au centre d’un village se trouvait une belle statue d’un grand mahātmā (grande âme), les bras tendus. Sur une plaque située sous la statue, ces mots étaient inscrits : « Venez dans mes bras ! » Avec le temps, les bras de la statue tombèrent. Les villageois se réunirent pour décider du sort de la statue. Certains suggérèrent qu’elle soit enlevée et remplacée par une nouvelle. D’autres s’y opposèrent, disant qu’il fallait fabriquer de nouveaux bras. Mais un vieil homme se leva et dit : « Non, ne vous inquiétez pas de faire de nouveaux bras. Laissez-la sans bras. » Les villageois demandèrent : « Mais qu’en est-il de la plaque en dessous qui dit : Venez dans mes bras ! » Le vieil homme répondit : « Ce n’est pas un problème. Juste en dessous des mots : Venez dans mes bras, il faut ajouter : mais je n’ai pas d’autres bras que les vôtres. »
Dieu travaille à travers nos bras, à travers nos yeux et à travers nos oreilles.
Puissions-nous devenir des instruments idéaux dans les mains du divin pour lui permettre de circuler à travers nous.
Le bon moment, l’effort personnel et la grâce de Dieu
Si nous voulons que nos actions produisent les résultats escomptés, trois facteurs sont nécessaires : le bon moment, un effort personnel et la grâce de Dieu.
Par exemple, admettons que nous devions parcourir une longue distance pour assister à un événement important. Nous nous levons tôt le matin, montons dans la voiture et partons pour l’aéroport. Peut-être qu’en chemin, la voiture tombera en panne ou aura un petit accident, ce qui nous mettra en retard pour le vol. Ou bien, en arrivant à l’aéroport à l’heure, nous apprendrons que l’avion a des problèmes mécaniques ou que le temps est trop mauvais, et que le vol est annulé.
Dans ce cas, nous avons fourni suffisamment d’efforts. Mais, le facteur de la grâce faisant défaut, nous n’avons pas pu atteindre notre destination. Nous avons besoin de la grâce de Dieu pour que toutes nos actions soient complètes. Pour recevoir la grâce, nous devons accomplir de bonnes actions.
Réveillons-nous et devenons réceptifs à la grâce divine. Que Dieu nous bénisse tous.
|| om lokah samastah sukhino bhavantu || (Puisse la création être heureuse et en paix) »