Le fondateur et PDG de Salesforce, Marc Benioff, s’exprime au Sommet 2016 du New York Times.

Marc Benioff, PDG de Salesforce  (éditeur de logiciels, basé à San Francisco, qui distribue des logiciels de gestion basés sur Internet et héberge des applications d’entreprises) contribue à mener un combat contre un projet de loi sur la liberté religieuse qui, s’il était adopté, garantirait à des institutions la possibilité de refuser certains services à des membres de la communauté LGBT.

C’est la seconde fois que Benioff monte au créneau contre ce genre de projet ; en mars dernier, il avait mobilisé son réseau d’affaires pour devenir le fer de lance d’un boycott contre une loi similaire dans l’Indiana.

Benioff montre clairement un goût pour le militantisme et la philanthropie depuis qu’il est devenu PDG fondateur de Salesforce en 1999.

Mardi, au sommet du New York Times qui réunit d’éminents chefs d’entreprises, Benioff a déclaré à la modératrice Jenna Wortham, journaliste au New york Times, que l’ex-secrétaire d’État, Colin Powell, l’avait motivé à intégrer la philanthropie à son entreprise, dès sa création.

Il a raconté comment tout cela avait démarré, en 1996. Cela faisait 10 ans qu’il travaillait pour Oracle (une entreprise internationale qui propose une offre complète et entièrement intégrée d’applications Cloud, de services de plateforme et de systèmes de production) et il réfléchissait à sa carrière. Tout brillant cadre dirigeant qu’il était, il se demandait s’il passerait le reste de ses jours à gagner de l’argent pour le compte de quelqu’un d’autre. Il a dit à son patron qu’il avait besoin de prendre des vacances et est parti faire un voyage en Inde avec son ami Arjun Gupta, qui devait fonder TeleSoft Partners (une Société qui investit dans les technologies de pointe) par la suite.

 

En Inde, lui et Gupta rencontrèrent la sage indienne Mata Amritanandamayi (Amma). Dans la conversation, Gupta parla du projet d’entreprise auquel il travaillait. Amma répondit : « C’est une vision excitante pour l’avenir que l’industrie technologique, mais, tout en travaillant au développement de ta carrière, n’oublie pas de faire quelque chose pour les autres. N’oublie pas d’améliorer réellement le monde aussi. »

Au Sommet du N. Y. Times, Bunioff dit en plaisantant à Wortham que le message était passé complètement au-dessus de la tête de son copain, mais qu’il avait semé très sérieusement une graine importante dans sa tête à lui.

Peu de temps après son retour en Californie, Benioff reçut un coup de fil d’un voyageur américain qu’il avait rencontré en Inde et qui l’invitait au Sommet des présidents pour l’avenir de l’Amérique. En 1997, cette manifestation rassemblait cinq présidents vivants (Nancy Reagan représentait Ronald, son mari malade) et des leaders culturels. Ce Sommet cherchait à créer un mouvement pour aider à soulager la misère de la jeunesse américaine défavorisée.

Benioff était l’un des 5.000 participants quand le général à la retraite Powell apparut sur scène pour dire à tous qu’ils devaient donner de leur temps et de leurs ressources pour s’attaquer à la pauvreté.

« Comment pouvons nous échouer avec le genre d’engagement dont font preuve nos présidents et nos leaders politiques, nos leaders philanthropiques et tous les leaders de toutes les institutions ? » demanda Powell à la foule.

Benioff dit qu’en entendant cela, il pensa : c’est exactement ce qu’Amma a dit à mon ami.

De retour chez Oracle, Benioff créa Oracle’s Promise, un programme destiné à offrir des ordinateurs aux écoles partout aux USA. C’est ce programme qui fit connaître Benioff à Powell – qui lui demanda alors de s’engager à soutenir une école secondaire dans l’État de Washington D.C. Benioff lui promit d’envoyer des employés d’Oracle aider à installer les 100 ordinateurs livrés.

Mais les employés ne se présentèrent pas. Au téléphone, un dirigeant dit à Benioff que le cumul des fortes chaleurs et du relâchement de fin d’année avait dû les empêcher d’intervenir. En 2010, Benioff confia à Forbes (un magazine économique américain) qu’il avait appelé Powell pour s’excuser, mais que ce dernier avait répondu qu’il n’y avait pas de problème. Un quart d’heure plus tard, un employé d’Oracle arrivé en retard sur place informa Bernioff qu’en un rien de temps, Powell avait fait venir un bataillon de Marines pour installer les machines.

Benioff dit à Forbes que la comparaison entre la réaction des Marines et celle des employés d’Oracle avait été un moment fondateur dans sa vie.

Cela entrait en résonance avec ce qu’il avait appris de Powell et de la sage indienne, plusieurs semaines auparavant.

Bernioff expliqua à Wortham que, deux années plus tard, quand il décida de créer Salesforce, il s’était dit : « OK, de la même manière que j’ai un modèle technologique et un modèle commercial, existe-t-il un modèle philanthropique d’actions au service de la société dont je pourrais intégrer la culture ? »

Il décida alors d’utiliser le modèle « 1/1/1 » au sein duquel 1 % des profits, 1 % des actions et 1 % du temps des employés seraient consacrés à la communauté. L’intégration de la philanthropie au sein de l’entreprise a permis à ces valeurs de se développer, même quand l’entreprise devint une multinationale de 20.000 employés.

En 2003, le président George W. Bush nomma Benioff co-président du Comité de conseil en informatique de la Présidence et Benioff rencontra alors personnellement Powell, qui devint un mentor pour lui. En 2014, en entrant au Conseil d’administration de Salesforce, Powell boucla la boucle.

Regardez ci-dessous l’intégralité de l’interview au Sommet du New York Times