Discours complet d’Amma pour l’inauguration du C20 2023 :

 

« Amma s’incline devant vous tous qui êtes les incarnations de l’amour pur et du Soi suprême.

Amma est très heureuse de participer à ce sommet, l’un des plus réputés parmi les conférences du C20, et de rencontrer personnellement les membres du comité de pilotage, les intervenants des OSC et des ONG qui offrent leur précieuse contribution à cette entreprise.

L’humanité est aujourd’hui confrontée à de nombreux défis exceptionnels. Il existe également de nombreux défis à des niveaux plus subtils, que nous sommes peut-être incapables de percevoir ou de comprendre. À ce stade, les êtres humains ont besoin de deux qualités : la sagesse pour reconnaître le problème et l’attitude mentale intelligente pour le corriger.

Malheureusement, nous sommes comme l’étudiant qui commence à étudier la veille de l’examen. Nous ne pensons correctement que lorsque nous sommes au bord du gouffre. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous réalisons que nous devons faire quelque chose.

La pandémie de Covid a été une période de test qui a duré trois longues années. En traversant cette crise, les gens ont pris la résolution de faire mieux à l’avenir. Nombreux sont ceux qui avaient fait le vœu de changer de perspective. Cependant, de telles résolutions ne durent pas longtemps. Les gens reviennent inévitablement à leurs vieilles habitudes.

L’avenir n’appartient pas aux entités « individualistes », qui restent divisées, mais à celles qui sont « mêlées » et coopèrent avec les autres. Les pays et les sociétés qui tentent de s’élever seuls échoueront à coup sûr. C’est un avertissement de la nature à l’humanité. C’est pourquoi notre mantra doit être « ensemble » et non « seul ».

L’humanité dispose bien d’un certain degré de liberté pour vivre sa vie comme elle l’entend. Cependant, nous ne pouvons pas changer les lois de la nature à volonté, comme on change de chaîne de télévision. Dieu et la nature ont pour principe d’inclure tout le monde. L’exclusion est le propre de l’homme.

Tous ceux qui vivent dans ce monde doivent obéir à la loi universelle de l’inclusion. Si nous essayons d’imposer par la force des lois d’exclusion, il n’en résultera que disharmonie et danger. Ce que nous vivons aujourd’hui est le résultat de l’ingérence de nombreuses personnes dans le tissu de l’univers. En plus d’essayer de changer la situation à l’extérieur, nous devrions également être prêts à changer de mentalité.

Autrefois, les parents conseillaient à leurs enfants de bien se comporter, de dire la vérité, d’aimer tout le monde, d’aider les autres et de bien étudier. Mais aujourd’hui, on entend certains parents éduquer leurs enfants en leur conseillant d’être intelligents, malins, d’être des gagnants, et de ne pas interagir avec les gens qui sont en dessous d’eux.

Mais comment les parents élevaient-ils leurs enfants autrefois ? Ma mère m’a éduquée en me montrant l’exemple il y a soixante-cinq ans. Dans le village où je suis née, il y avait environ mille foyers. Seules une centaine de familles avaient un travail avec un salaire fixe. Environ neuf cents familles vivaient du revenu de la pêche au jour le jour, ne mangeant que si la journée leur avait rapporté de l’argent, et souffrant de la faim dans le cas contraire. Elles n’avaient pas de comptes en banque.

La plupart d’entre elles étaient des familles élargies, composées de nombreux membres vivant sous le même toit. Si le repas était prêt chez nous plus tôt que chez les autres, ma mère pensait d’abord aux voisins et disait : « Tel voisin n’est pas encore rentré de la pêche ; ses enfants ont sûrement faim. »

Elle emballait de la nourriture pour deux ou trois des enfants et me demandait de la leur apporter. En même temps, elle se souciait de ses propres enfants. « Attendez un peu, nous disait-elle, je vais vous donner à manger dans un petit moment. »

Au bout d’un moment, elle nous laissait manger, mais avant elle mettait de côté un peu de nourriture pour un éventuel invité qui arriverait à l’improviste. Si un invité arrivait à l’improviste, ma mère le servait en premier, puis nous donnait de l’eau de riz mélangée à de la noix de coco râpée. Même après que l’invité avait mangé et était parti, ma mère s’inquiétait de savoir s’il était reparti rassasié, l’estomac plein. Tel est l’exemple que ma mère m’a donné.

Dans le monde d’aujourd’hui, être gentil et serviable risque d’être perçu comme un signe de faiblesse, et la tromperie et le mensonge comme des atouts. Par exemple, Dhritarashtra et Gandhari (le couple royal du Mahabharata) ont élevé leur méchant fils, Duryodhana, dans cet état d’esprit irrationnel, qui correspond à la direction prise par notre société.

On devrait donner des valeurs aux enfants à l’école et en famille. Si on les leur enseigne dès le plus jeune âge, cela restera profondément gravé en eux. Quand on marche sur du ciment, l’empreinte est indélébile. De la même manière, quand on donne des valeurs aux jeunes enfants, elles demeurent toute la vie et font du bien à eux et aux autres.

Lorsque j’étais en CM1, il y a 60 ans, la classe comptait une soixantaine d’enfants. Environ quinze à vingt pour cent d’entre eux apportaient un panier-repas à l’école. Les autres buvaient de l’eau pendant la pause déjeuner et s’asseyaient en silence sous un arbre, affamés. Ils avaient également sauté le petit-déjeuner.

J’avais une amie qui vivait à deux pas de chez moi. Elle avait l’habitude d’apporter un gros déjeuner mais n’en mangeait qu’une petite partie et jetait le reste. Je lui ai dit : « Tu apportes plus de nourriture que tu n’en as besoin. Pourquoi ne partagerions pas toutes les deux un peu de notre nourriture avec un camarade de classe qui a faim ? »

Mon amie a accepté. Au bout de deux ou trois jours, quelques autres enfants se sont joints à nous pour partager leur nourriture. Au bout d’une quinzaine de jours, tous les enfants qui avaient faim ont été invités à partager la nourriture avec les autres. En fin de compte, personne dans cette classe n’est resté sans manger. De cette manière, si nous sommes conscients, nous pouvons certainement faire bouger les choses.

Les gens connaissent deux types de pauvreté dans ce monde. La première est la pauvreté en matière de nourriture, de vêtements et de logement. La seconde est la pauvreté en termes d’amour et de compassion. Si nous avons de l’amour et de la compassion, nous serons en mesure de soulager la souffrance de la première catégorie de personnes.

Les progrès considérables de la science et de la technologie, l’utilisation inadéquate d’internet et l’augmentation de la toxicomanie chez les étudiants sont autant de facteurs qui contribuent à la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui.

Prenons l’exemple de la technologie. Elle a véritablement révolutionné la vie humaine mais ses aspects négatifs soulèvent des craintes alarmantes quant à l’avenir de l’humanité. Aujourd’hui, nous voyons grandir une nouvelle génération dépourvue de conscience et de valeurs morales, et à quoi cela aboutit-il ? À l’augmentation de la violence, sous des noms et des formes multiples.

Nous avons toujours peur, que ce soit en marchant dans la rue, en faisant nos courses, en travaillant au bureau, en allaitant notre enfant à la maison ou en prenant un bain. Nous avons même peur d’utiliser les toilettes publiques ou de fredonner un air. Pourtant, nous nous targuons d’être modernes et sophistiqués.

Autrefois, il était facile de faire la distinction entre nos ennemis et nos amis mais aujourd’hui c’est tout le contraire ! Personne ne sait quand un ami peut se retourner contre vous, ni où, quand et sous quelle forme un adversaire peut vous agresser.

Je me souviens d’une histoire à ce sujet. Dans une petite ville, vivait un bandit notoire. Juste avant le coucher du soleil, il s’installait au carrefour principal. Il tourmentait tous les passants. Il agressait les femmes, battait les hommes et leur volait leurs biens. Craignant son agressivité, les gens ont commencé à éviter cette zone à la tombée de la nuit. Ils ont commencé à emprunter les routes secondaires et d’autres rues.

Un jour, la nouvelle s’est soudain répandue que le bandit était tombé malade et qu’il était mort. Quelques jours plus tard, un journaliste est arrivé, qui a demandé : « D’habitude, seules les femmes restent à l’intérieur après la tombée de la nuit, mais ici, je ne vois pas non plus un seul homme dans les rues ! Que s’est-il passé ? »

« Il y avait autrefois un bandit ici, expliquèrent les habitants. Lorsqu’il était en vie, nous savions où il se trouvait tous les soirs, au coin du carrefour. Il suffisait d’éviter cette zone pour être en sécurité. Mais maintenant, c’est son fantôme qui nous tourmente. Un fantôme n’a pas de forme particulière. Personne ne sait quand, comment, où, ni sous quelle forme il nous attaquera. De plus, il sera plus fort qu’avant car il a pris une forme subtile ! »

De même, nos nouvelles découvertes et notre sophistication vont généralement de pair avec un aspect négatif. Les problèmes autrefois évidents sont maintenant passés du grossier au subtil et se sont donc renforcés.

La technologie est très importante. Elle a accru les commodités et rendu la vie plus agréable. Mais, dans le même temps, l’utilisation abusive de la technologie s’est également accrue… et ses dangers aussi. C’est pourquoi il est essentiel de mener des recherches approfondies sur l’impact négatif de toute nouvelle invention ou découverte avant de la diffuser auprès de l’ensemble de la population.

Il ne faut jamais laisser le nouveau piétiner l’ancien. Le dicton « Mieux vaut prévenir que guérir » est tout à fait approprié à cet égard. Les nouvelles découvertes peuvent également être synonymes de risques inédits.

Avant que ces découvertes ne deviennent un fléau permanent pour la société, nous devons trouver des solutions à leurs potentiels effets secondaires négatifs et aux menaces qu’elles pourraient représenter. Le monde nous réserve d’innombrables expériences, douces et amères. Nous les considérons toutes comme des occasions de pratiquer l’introspection.

La population mondiale est comme une belle guirlande composée de fleurs de différentes formes et couleurs. La diversité et la variété des fleurs ajoutent à sa beauté et à son parfum. Ce mélange sain de diversité est essentiel à l’épanouissement de la culture humaine. Une nation, une race ou une religion ne peut survivre dans l’isolement. La Terre appartient à nous tous.

Bien sûr, notre gouvernement, sous la direction du Premier ministre Narendra Modi, a accompli beaucoup de progrès, ce qui engendre une énorme transformation. À cet égard, j’aimerais citer quelques exemples, tirés des milliers que j’ai moi-même observés.

Il y a une dizaine d’années, nous avons lancé le projet AmritaServe qui  a adopté de nombreux villages en Inde. Un certain nombre d’entre eux cultivaient uniquement du blé. Comme leur régime alimentaire ne comprenait que le blé qu’ils cultivaient, leur immunité s’est avérée faible, ce qui a généré diverses maladies. Ils auraient pu échanger une partie de leur blé contre des légumes, mais ils n’en ont rien fait.

Dans un autre groupe de villages, les habitants n’étaient pas conscients de l’évolution de l’environnement et du changement climatique. Ils ont continué à cultiver selon le schéma transmis par leurs ancêtres. En raison de la modification du régime des pluies, ils ont fait de mauvaises récoltes et ils n’ont pas pu manger à leur faim. La plupart d’entre eux ne souhaitent pas quitter le village pour aller travailler à l’extérieur. Alors, au lieu de partir pour gagner leur vie, ils restent affamés chez eux.

Dans d’autres villages, l’imprévisibilité des pluies et la baisse de leurs revenus ont poussé les habitants à se tourner vers la culture de la marijuana. Au début, ils ne voulaient pas en parler mais par la suite, ils ont expliqué qu’ils s’étaient lancés dans cette culture parce qu’ils pouvaient gagner beaucoup plus d’argent (plus de 1100 euros en trois mois) et mener une vie aisée. Donc, lorsque leur mode de vie habituel est perturbé, nous voyons comment les gens font de mauvais choix et détruisent en conséquence tant de vies.

Le gouvernement a mis en place des programmes spécifiques pour des projets de collecte des eaux de pluie. Malheureusement, ces villageois ne savaient pas comment demander ou bénéficier de ces programmes, et ils ont donc manqué l’occasion d’apprendre. Dans l’un des villages adoptés, nous avons mis en place des systèmes de collecte des eaux de pluie et formé les habitants à leur entretien, ce qui a permis d’augmenter la production agricole et les revenus.

Dans certains villages, nous avons constaté que, faute d’eau potable, les habitants buvaient de l’eau polluée. Ils contractaient des maladies comme le choléra. Pour y remédier, l’université a mené des recherches et mis au point un filtre appelé « Jivamritam ».

Ce filtre a d’abord été installé près d’Amritapuri pour être testé, et nous avons constaté que l’incidence des maladies contagieuses diminuait. Par la suite, Amma a fait déployer ces filtres dans les villages que nous avons adoptés, ce qui a permis de faire reculer de manière significative les maladies transmises par l’eau dans ces régions.

Dans d’autres villages, nous avons constaté que les femmes devaient parcourir de longues distances chaque matin pour aller chercher de l’eau pour les besoins du foyer. Elles passaient tout leur temps à aller chercher de l’eau et à accomplir leurs tâches ménagères, ce qui les empêchait de gagner de l’argent et de compléter le revenu de leur famille.

Nous avons creusé des puits dans ces endroits, ce qui a permis d’acheminer l’eau à domicile, mais nous avons découvert par la suite que ceux qui vivaient à proximité des puits et bénéficiaient d’un approvisionnement continu en eau la gaspillaient sans discernement. En revanche, ceux qui venaient de plus loin l’utilisaient toujours avec précaution. Notre université a créé une application pour détecter le gaspillage de l’eau et y remédier.

Dans quelques villages, l’élevage de bovins et la production laitière constituent la principale source de revenus. Le lait produit est souvent acheté à la moitié du prix courant. Les agriculteurs pauvres travaillent sans relâche pour gagner ce maigre revenu qui leur suffit à pour joindre les deux bouts. Nous sommes intervenus et avons créé une coopérative laitière afin de garantir à ses membres un débouché pour leur lait. Du coup, ils ont commencé à avoir de bons revenus.

Dans certaines écoles de village, nous voyons encore aujourd’hui des classes uniques pour plusieurs niveaux scolaires – par exemple, les enfants du primaire tous ensemble dans la même salle. Les élèves étaient assis dans quatre directions différentes, mais il n’y avait qu’un seul enseignant.

Le même enseignant enseignait d’abord une matière à un niveau scolaire, puis une autre matière à un autre niveau scolaire, puis passait au niveau scolaire suivant, et encore une fois au dernier niveau scolaire. De plus, l’enseignant n’était pas correctement formé.

Lorsque ces enfants sont passés du primaire au secondaire, ils n’ont pas pu suivre, faute, par exemple, de parler anglais. Les enfants qui étaient dans cette situation ont perdu le moral et ont commencé à décrocher de l’école. Pour remédier à cette situation, nos professeurs d’université se sont mis à proposer des cours de soutien personnalisés en ligne. Nous commençons à voir une amélioration des résultats scolaires des enfants.

L’une des limites que nous avons rencontrée est que, même si le gouvernement a fourni des téléphones, l’absence de connexion internet stable dans ces régions a rendu l’apprentissage en ligne impossible.

Pendant la pandémie de Covid, le gouvernement a veillé à ce que toutes les écoles offrent un enseignement en ligne à tous les élèves. Mais de nombreux enfants vivant en milieu rural n’ont pas pu bénéficier de ce service parce qu’ils n’avaient pas accès à internet. Dans ces endroits, nous devrions identifier un lieu dans le village où l’internet est disponible et fournir un écran de télévision pour que les enfants puissent regarder et apprendre. Amma recommande à d’autres organisations de penser à mettre en place une stratégie similaire.

Nous avons lancé un programme, il y a plus de 33 ans, avant la fondation de l’orphelinat (dans la région en majorité tribale d’Attapadi, du district de Palakad, au Kérala, où les habitants vivent en forêt). Nous avons construit de petites maisons dans cette région forestière. Nous avons réuni les élèves de ces zones tribales, et nous leur avons donné une bonne éducation.

Actuellement, nous gérons un orphelinat de 400 enfants, mais à cette époque, ces enfants issus de communautés ne recevaient pas le soutien nécessaire pour faire des études supérieures. Ces enfants ont déposé une plainte contre l’administration et ont gagné le procès. Mais les autorités ont fait appel contre le verdict.

Amma a décidé de prendre en mains leurs études supérieures et de les admettre dans nos écoles. Nous leur avons donné des cours supplémentaires et du soutien et beaucoup d’entre eux ont obtenu leur diplôme et certains sont devenus ingénieurs.

Dans la plupart des villages, des écoles ont été créées. Mais les enfants doivent souvent faire des kilomètres à pied, surtout dans les régions montagneuses, pour atteindre le point de passage du bus scolaire. Si une famille compte trois enfants d’âge scolaire, elle doit payer en moyenne 33 euros par mois pour les frais de bus. En raison de ces dépenses, lorsque les enfants terminent le primaire ou le secondaire, deux d’entre eux quittent l’école, et seul le troisième enfant poursuit ses études.

Nous avons financé l’éducation de ces élèves, en payant les frais de scolarité, les frais de transport et les fournitures scolaires. Le gouvernement fournit l’électricité, mais à certains endroits, la tension est faible, de sorte que les étudiants ne peuvent pas utiliser les ressources fournies pour l’enseignement en ligne de manière efficace.

Pour remédier à cette situation, nous avons installé des panneaux solaires afin de leur fournir une alimentation électrique continue pour qu’ils puissent étudier en ligne. L’installation de transformateurs dans chaque petite commune est une opération coûteuse alors que l’installation de panneaux solaires peut s’avérer plus avantageuse.

L’une des dispositions prises par le gouvernement en matière de santé consiste à fournir aux femmes enceintes des vitamines et d’autres suppléments. Toutefois, cela ne suffit pas à garantir la bonne santé du fœtus. Prenons l’exemple du manguier, si on lui met de l’engrais quand il a déjà commencé à fleurir, il ne donnera pas pour autant de meilleurs fruits. Les fruits peuvent encore se flétrir et tomber, avoir un retard de croissance ou être infestés de vers.

C’est dès l’enfance qu’il faudrait donner des aliments nutritifs aux filles pour renforcer leur immunité. Il y a 65 ans, dans nos villages, une fois par semaine, ma mère nous cuisinait des plats à base de feuilles ayurvédiques du village. Cela permettait de renforcer notre immunité.

De la même manière, en milieu rural, il faut pousser les femmes à planter des arbres ayurvédiques et leur apprendre à cuisiner différents plats avec ces feuilles. Cela renforcera leur système immunitaire. Ce changement permettra de préserver la santé des femmes pendant la grossesse et de prévenir la mortalité maternelle et infantile.

Il est difficile de faire venir des médecins et des enseignants dans les régions reculées. Il y a vingt-cinq ans, nous avons créé un hôpital humanitaire à Mananthavady. Comme deux anges descendus du ciel, deux médecins sont venus pour y travailler. Ils sont arrivés à Mananthavady avec un amour profond pour l’esprit de service. Mais aucun patient ne voulait se rendre à l’hôpital.

Ces médecins ont dû aller à la rencontre des gens dans leurs hameaux tribaux, munis de colis alimentaires et d’autres produits, et faire du porte-à-porte pour proposer leurs services : pour examiner et soigner les malades. Ils ont ainsi cultivé de bonnes relations avec les communautés et, de nos jours, trois cents patients en moyenne se rendent à l’hôpital chaque jour. Mais aujourd’hui encore, ces médecins doivent inciter les populations tribales à se rendre à l’hôpital pour se faire soigner.

Lorsque nous organisions des réunions communautaires dans les villages, les hommes et les femmes y participaient, mais seuls les hommes prenaient la parole, même si le conseil local était présidé par une femme. Les femmes restaient silencieuses. Nous avons organisé des réunions avec les femmes séparément. À notre grande surprise, les femmes ont commencé à s’exprimer vivement.

La première chose à faire lorsque nous nous rendons dans un nouveau village est de comprendre les normes et les pratiques culturelles en vigueur dans ce village. Nous avons adopté plus de 108 villages pour réduire la pauvreté et promouvoir le développement durable. Aujourd’hui, nous travaillons dans plus de 500 villages. Afin de comprendre les systèmes et les perspectives sociales et de proposer des solutions socialement bénéfiques, nous employons au moins deux personnes de chaque village.

Autre préoccupation immédiate : la santé mentale des enfants après la pandémie de Covid. Les enfants semblent être très différents de ce qu’ils étaient auparavant. 40% d’entre eux semblent avoir complètement changé d’apparence. En fait ils sont au début d’une dépression et d’un trouble anxieux qui sont dus à la surutilisation du smartphone. Ils se désintéressent de leurs études. Un grand nombre d’étudiants sont également devenus dépendants de la drogue.

Il y a quinze ans, Amma avait encouragé les bénévoles de certains pays à fournir des services de soutien aux enfants dans les écoles des quartiers défavorisés. Cette suggestion est le fruit de l’expérience acquise en voyant le changement que cela peut créer chez ces enfants. Si nous prenons le problème dès le tout début et que nous apportons des conseils en temps utile, nous pouvons éviter que le problème ne s’aggrave et ne devienne un trouble psychologique. Dans le cas contraire, ils seront psychologiquement affectés à vie.

Voici ce qui peut être fait. Les psychologues et les psychiatres qui ont à cœur de servir peuvent communiquer avec les écoles et les universités et offrir deux ou trois heures de conseils gratuits par semaine à ces étudiants.

Je pense que dans les endroits où il n’y a pas de médecins, nous pourrions mettre en place des services de cliniques mobiles véhiculées et organiser fréquemment des campagnes de soins dans les zones reculées. On peut se servir de la télémédecine pour poser un diagnostic et soigner à distance des patients grâce aux technologies de télécommunication. La surveillance à distance des patients permet également une certaine tranquillité d’esprit.

Autrefois, on appliquait de la bouse de vache sur les plaies pour accélérer la cicatrisation, mais si nous le faisons aujourd’hui, la plaie s’infectera. Tout ce qui était médicinal est aujourd’hui toxique. Autrefois, le bétail était nourri de sésame, de cacahuètes moulues, de gâteaux de noix de coco et de foin sans pesticides. Par conséquent, tout ce qui provenait du lait, de l’urine et de la bouse de la vache était médicinal.

Dans une certaine limite, on peut épandre des engrais et des produits chimiques sur les cultures. Mais par âpreté au gain, nous avons multiplié par cinq l’utilisation des pesticides. Maintenant que tout le fourrage pour le bétail est pulvérisé avec des pesticides, tout ce qui était autrefois médicinal est maintenant toxique.

C’est dire à quel point le monde est pollué. Il ne suffit pas qu’un diabétique prenne ses médicaments, il doit aussi suivre un régime alimentaire régulier. De la même manière, il est important que les gens soient conscients de la nécessité d’utiliser correctement les avantages dont ils bénéficient.

Le Premier ministre Narendra Modi a lancé de nombreux programmes importants. Le besoin le plus urgent de notre époque est d’avoir de bons dirigeants dotés d’une vision holistique. Nous n’avons pas besoin de ces dirigeants qui parlent le langage de la guerre, mais de ceux qui diffusent un message de paix. Le monde entier se tourne vers eux pour obtenir de l’aide. Aujourd’hui, le monde n’a pas besoin de séparation ni de division, mais d’union et d’unification.

L’esprit ressemble à une paire de ciseaux, tandis que le cœur ressemble à une aiguille. Pour confectionner un vêtement digne de ce nom, nous devons couper et diviser avec les ciseaux et assembler et coudre avec l’aiguille. L’esprit doit être utilisé à bon escient et le cœur à bon escient aussi.

Le cœur ressemble à un parachute. S’il ne s’ouvre pas, nous nous mettons en danger. Puissions-nous tous avoir un cœur ouvert capable de rassembler les gens et d’éliminer toutes les différences.

L’Inde est la terre de la spiritualité. Les vibrations de l’austérité spirituelle et du sacrifice de nos anciens sages imprègnent l’atmosphère encore aujourd’hui. Les sages ont réalisé que la conscience, qui habite chaque objet de la création, sensible ou insensible, est la même, et que nous sommes cette Vérité suprême ».

Ayant réalisé cela, leur prière était la suivante :

sarve bhavantu sukhinah
sarve santu niraamaya
arve bhadraani pashyantu
maa kaschit dukhabhaag bhavet

Que tous les êtres soient heureux et sans chagrin. Que tous ne voient que le bien en toute chose.

Alors que nous sommes pressés de nous connecter à la science, à la technologie et à internet, il y a tant de domaines dont nous nous sommes complètement déconnectés. Nous nous sommes déconnectés de notre véritable Soi.

Nous nous sommes déconnectés de notre environnement et de la nature. Nous nous sommes déconnectés de l’amour et de la vie, sans réaliser qu’ils ne sont pas deux, mais un. Et cela nous a déconnectés de Dieu. Plus important encore, nous nous sommes déconnectés des valeurs spirituelles.

Il y a l’éducation pour gagner sa vie et l’éducation pour apprendre à vivre. L’éducation pour gagner sa vie est essentielle pour réussir sur le plan académique et matériel. L’éducation pour apprendre à vivre enseigne les principes qui permettent d’apaiser et de climatiser notre esprit.

L’homme a appris à voler comme un oiseau et à nager comme un poisson, mais il a oublié comment marcher et vivre comme un être humain. Le Créateur et la création ne sont pas deux, mais un, tout comme l’or est inséparable des bijoux en or, et les bijoux inséparables de l’or.

Voyez Dieu dans les autres, aimez-les et servez-les comme tels. Même si nous conduisons prudemment, une autre personne peut conduire imprudemment et nous percuter. C’est pourquoi la grâce de Dieu est nécessaire pour chaque situation. Pour recevoir cette grâce, des actions positives sont nécessaires de notre côté.

Il existe un rythme intrinsèque à cet univers ; l’univers et tous les êtres vivants qu’il comprend ont un lien indéfectible les uns avec les autres. Le cosmos est comme un vaste réseau interconnecté. Imaginez un filet tendu par quatre personnes qui en tiennent les quatre coins. Si l’on agite légèrement l’un des coins, la vibration se répercute sur l’ensemble du filet.

De même, que nous le sachions ou non, toutes nos actions se répercutent à travers toute la création, qu’elles soient le fait d’un individu ou d’un groupe. Ne nous disons donc pas « je changerai quand ils auront changé » ; au contraire, même s’ils ne changent pas, si nous, nous changeons, nous pouvons amener les autres à changer.

Depuis les temps anciens, le sol indien a pour mantra : « Le monde est une seule famille ». C’est encore le cas aujourd’hui et cela le restera à l’avenir. La présidence des nations du G20 est une occasion unique d’illustrer cette vérité aux yeux du monde entier. Puisse cette initiative prise par le Premier ministre Narendra Modi et le gouvernement qu’il dirige inspirer un changement de perspective mondial.

Allumons ici une nouvelle lampe du changement. Puissent d’innombrables lampes être allumées à partir de cette flamme et transportées à travers le monde. Puisse l’appel de cette offrande résonner dans le monde entier. Puisse-t-il ouvrir les portes fermées des cœurs humains ! Puisse-t-il apporter la lumière partout ! Puissiez-vous devenir la lumière ! Que la grâce vous bénisse !

Si nous voulons que nos actions produisent le résultat escompté, trois facteurs sont nécessaires : 1) le bon timing, 2) l’effort personnel et 3) la grâce de Dieu.

Quelqu’un doit effectuer un long voyage pour se rendre à une vente aux enchères, il se réveille donc de bonne heure le matin, il monte en voiture et se met en route pour l’aéroport. Mais en route, il se peut que la voiture tombe en panne ou qu’il ait un petit accident, ce qui l’empêche d’arriver à temps à l’aéroport pour prendre l’avion.

Ou bien, en arrivant à l’heure à l’aéroport, au moment de l’enregistrement, il apprend que le moteur de l’avion a un problème mécanique ou que les conditions météorologiques sont trop mauvaises pour que l’avion décolle et qu’en conséquence, le vol est annulé. Dans ce cas, l’homme a fait tout ce qu’il fallait. Mais parce qu’il lui manquait le facteur grâce, il n’a pas réussi à rejoindre sa destination.

Nous avons besoin de la grâce de Dieu pour mener à bien toutes nos actions, et les bonnes actions attirent la grâce de Dieu.