Amritapuri, le 21 août 2021

Extraits du message d’Amma à l’occasion d’Onam (Festival des moissons célébré au Kerala. Il commémore le roi légendaire Mahabali) :

 » Onam est un temps qui transforme même les personnes âgées en petits enfants. C’est un temps où tout le monde se réunit pour participer aux jeux et aux célébrations d’Onam en oubliant tout le reste. C’est un temps où nous nous rappelons que ce monde est un jeu divin. C’est un temps qui proclame que la vie est faite pour être célébrée – un temps pour rire et être joyeux. C’est un temps où la joie et la gaieté qui emplissent notre cœur imprègnent aussi toute la nature. C’est un temps où nous témoignons ouvertement de l’amour et de l’amitié à tout le monde. C’est cette attitude qui donne son caractère si spécial à Onam. Imaginez une vie où nous pourrions faire l’expérience durable d’un mental rempli de tant de bonnes dispositions ! Si nous arrivons à acquérir cette qualité mentale, ce sera le paradis sur terre. Notre vie deviendra une continuelle célébration.

Le véritable message d’Onam, c’est de comprendre que l’essence de l’univers est unique et d’agir dans le monde en étant fermement enraciné dans ce principe. Ensuite la paix, le bonheur et la prospérité nous viendront automatiquement. C’est la leçon de l’histoire de Mahabali. Quand nous comprendrons que la force qui contrôle chaque aspect de la création est unique, il ne restera plus de place pour l’ego. Il ne restera plus en nous qu’une très profonde gratitude. Nous ne ferons plus que nous incliner humblement en acceptant tout comme un cadeau béni de Dieu. C’est ce qu’a fait Mahabali.

Même après une année passée à tourmenter l’humanité, le coronavirus demeure un horrible cauchemar. Il ne nous reste plus qu’à trouver le bonheur, même au milieu de la douleur. Nous devons créer ce bonheur. Amma ne voit pas d’autre moyen. Même si toutes les portes sont fermées, il faut que nous trouvions un moyen de nous échapper tout comme celui qui est cerné de tous les côtés par les flammes et qui trouve un moyen de s’en sortir. Amma a vu beaucoup de personnes effondrés même par de petites déceptions. Mais Amma a aussi vu des personnes faire face à de gros problèmes avec le sourire, tout en étant sources de bonheur pour les autres. Amma a entendu parler de leurs vies dans des lettres ou des mails qu’ils lui ont envoyés pendant cette période.

Onam est une occasion de nous rendre heureux et de rendre les autres heureux. Au-delà du jour d’Onam, c’est notre vie tout entière qui devrait devenir comme cela.

Autrefois, tout ce qui était bon était partagé entre les voisins. Si un manguier dans la cour d’Amma donnait des mangues, on partageait la récolte avec les 6 maisons voisines. Les voisins en faisaient autant si leur manguier donnait des fruits. Si un bananier de la cour donnait des fruits, on en donnait aux autres en priorité. On servait la famille en dernier. Quand nous faisions des mets sucrés (Pongal), on le partageait, et les autres partageaient le leur avec nous. C’était normal de partager les bonnes choses. Si nous allions chez des parents, quand nous partions, ils nous donnaient de l’argent pour notre voyage. Si nous passions quelques jours chez eux, ils nous donnaient une nouvelle robe ou quelque chose à remporter chez nous. Ils considéraient que cela faisait partie de leur devoir de nous considérer comme leurs propres enfants et de subvenir à nos besoins. Ils ne le voyaient pas comme un fardeau. À l’occasion d’Onam, c’est la coutume de donner quelque chose à ceux qui nous aident, les femmes de ménage ou les jardiniers.

Un vieux proverbe malayalam dit : « il faut célèbrer Onam, coûte que coûte, quitte à vendre ses terres  » , ce qui veut dire que l’amour et la tristesse doivent sortir de nous, nous devons inviter le bonheur dans nos vies. « Que la saison change et que mon cœur s’illumine », tel est le principe. Il nous montre qu’il faut inviter la culture d’Onam et tous ses composants à entrer en nous.

Onam est une fête qui englobe tout. Quand il pleut pendant la mousson qui commence en juin, nous disons : « Oh, maudite pluie ! » Les gens en ont assez de rester à l’intérieur ou d’être mouillé par la pluie. Mais c’est cette pluie qui embellit nos cours et plante le décor pour que les fleurs s’épanouissent et que les papillons volent à Onam. Nous oublions que c’est grâce à la bénédiction de la pluie que la terre a repris vie et refleuri. Quand nous regardons les fleurs pleinement épanouies dans la cour, nous ressentons une joie inconnue monter en nous. C’est comme lorsque nous regardons un portrait de quelqu’un en train de rire et que nos lèvres esquissent spontanément un sourire. Il en va de même quand nous regardons une image de quelqu’un en deuil et que cela nous rend triste. L’état que nous percevons instinctivement nous fait glisser dans ce même état.

Un magnifique Onam peut naître au sein de nos petites déceptions et de nos petits soucis. Comprenons-le et ancrons-le fermement en nous. Alors nous réussirons à accepter nos petits tracas avec la joie et la satisfaction qui vont de pair avec la douleur du travail de l’accouchement. Nous arriverons à les accepter comme des cadeaux bénis.

On dit que nos chagrins s’enfuiront si nous rions tout haut. De la même façon, si nous accomplissons l’effort juste, cela changera même le cours de notre destinée. Si nous vivons avec discernement, même la peur de la mort nous dira adieu. Quand nous quittons une location pour emménager dans une belle maison dont nous sommes propriétaires, nous sentons-nous malheureux ? De la même façon, si nous adoptons cette attitude, la mort ne nous inquiètera plus. Nous arriverons à accepter la mort de bonne grâce comme le serpent qui mue, comme on passe d’un compartiment de train à un autre, comme on glisse de l’état de veille dans le sommeil. Nous aurons ce courage.

Onam est un appel au retour à notre culture et à notre patrimoine, à une vie honnête, au respect de la Nature. À l’image des plantes et des arbres qui font sortir les fleurs cachées à l’intérieur, éveillons la bonté en nous. Faisons un peu de place aux autres dans notre vie, inclinons-nous devant la Conscience divine qui vibre sur terre et au ciel et ensemble essayons de faire que chaque jour soit Tiruvonam (le jour le plus propice de la fête d’Onam). Puissez-vous acquérir la force d’y arriver ! Puisse la grâce vous bénir tous.  »