Points clés :
- En réponse à un appel du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), notre équipe a effectué des opérations gratuites de la cataracte dans le camp de réfugiés de Kakuma, dans le nord-ouest du Kenya.
- Kakuma étant confronté à de graves pénuries dues à la surpopulation et à la suppression d’aides financières, le fait de retrouver la vue est venu redonner de l’espoir à des personnes dans le plus grand besoin.
- Les médecins ont mené à bien 148 opérations et ont également fourni 220 paires de lunettes de soleil et plusieurs paires de lunettes de vue pour améliorer la qualité de vie des patients.
Appelés par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), des opérations chirurgicales de la cataracte ont été offertes dans le camp de réfugiés de Kakuma, dans le nord-ouest du Kenya. Sur la terre aride du Turkana, la vie est souvent dure et l’accès aux soins de santé est limité.
« Lorsque j’ai été contactée pour la première fois pour réaliser des opérations de la cataracte dans un camp de réfugiés des Nations Unies, je me suis sentie profondément honorée et reconnaissante. En même temps, j’étais consciente de la responsabilité et de l’intensité émotionnelle de la situation », a déclaré la Dre Isabel Signes, optométriste chez notre partenaire espagnol, l’ONG Visió Sense Fronteres (VSF).
Kakuma est l’un des lieux où se trouve la plus grande concentration de migrants au monde, avec plus de 300 000 réfugiés, dont des personnes originaires du Soudan, de Somalie, de la République Démocratique du Congo, du Burundi et d’Éthiopie. Depuis 1992, les afflux de migrants au fil des ans ont été provoqués par les conflits, les persécutions, la précarité alimentaire, la sécheresse et les inondations dans le contexte du changement climatique mondial.
La surpopulation à Kakuma a mis à rude épreuve les infrastructures du camp et aujourd’hui, les réfugiés sont confrontés à des pénuries critiques de nourriture, d’eau et de médicaments, alors que l’ONU fait face à d’importantes réductions de financement des aides gouvernementales. Isabel explique que l’objectif des opérations gratuites de la cataracte était de donner de l’espoir, dans une petite mesure.
« C’était très émouvant de rencontrer des personnes qui ont fui leur pays et enduré tant de difficultés. Beaucoup avaient perdu leur maison, leur famille et leur sentiment de sécurité. Malgré tout, ils font preuve de beaucoup de résilience », a déclaré Isabel.
Les affections oculaires sont plus fréquentes en Afrique subsaharienne en raison de la malnutrition, du climat et du manque d’hygiène. Une équipe locale a organisé un programme de dépistage intensif dans les semaines précédant les opérations, examinant avec succès environ 900 patients.
Parmi eux, 148 personnes ont été sélectionnées pour une intervention chirurgicale, dont un garçon de trois ans. La plupart étaient atteints depuis des années de cataractes avancées ou de maladies oculaires non traitées.
Nos bénévoles ont commencé les interventions le 13 avril à l’hôpital général de Kakuma, ainsi que dans des camps à proximité. Les journées de travail étaient intenses, elles commençaient tôt et se poursuivaient tard dans la soirée. Grâce à la collaboration entre ophtalmologistes, optométristes, infirmières et personnel local, toutes les opérations prévues ont été achevées le 21 avril.
« Il y avait un homme, d’environ 45 ans, qui était aveugle des deux yeux depuis un certain temps. Il est arrivé au camp guidé par son jeune fils, qui n’avait que 8 ou 9 ans, et qui lui servait de guide. C’était une scène profondément émouvante : un enfant guidant son père avec tant de soin et de sens des responsabilités », a raconté Isabel, faisant part de l’une de ses nombreuses expériences.
« Nous avons pratiqué une opération de la cataracte sur l’un de ses yeux. Le lendemain, lorsque nous avons retiré le bandage, il a ouvert les yeux et a regardé directement son fils. D’une voix tremblante et les larmes aux yeux, il a dit : » Maintenant, je peux te voir. » Ce moment m’a rappelé pourquoi ce travail est si important. »
Outre les 148 opérations, 220 paires de lunettes de soleil ont été distribuées pour la protection postopératoire, ainsi que plusieurs paires de lunettes de vue pour améliorer la qualité de vie des patients.
L’un des bénéficiaires était un homme de 30 ans qui passait par là par hasard. Sa famille n’avait jamais eu les moyens de lui acheter des lunettes, et il ne pouvait voir qu’à 30 cm de distance. À ce moment-là, il a décidé de demander de l’aide.
Marcia Lee McLain est l’une de nos bénévoles américaines. Elle a assisté les patients partout où cela était possible, offrant un soutien inestimable en salle d’opération et un soutien logistique pendant la mission.
« Les habitants de Kakuma ont très peu accès aux soins médicaux les plus élémentaires. Notre équipe a rendu la vue aux aveugles et l’espoir aux désespérés », a-t-elle déclaré.
« Des yeux obscurcis par la cataracte et la maladie se sont ouverts – certains après des années d’obscurité – la lumière a été donnée à ceux qui pensaient l’avoir perdue à jamais. »
Houda Latifine, optométriste et étudiante en master à l’université de Valence en Espagne, a participé à cette campagne grâce à une bourse de coopération décernée par son université, en collaboration avec nous, renforçant ainsi les liens éducatifs et la solidarité entre les institutions académiques et le travail humanitaire sur le terrain.
Le projet a été très apprécié par le HCR en cette période difficile, avec une forte implication du gouvernement du comté de Turkana et un engagement considérable de tous les professionnels impliqués. Cette campagne de soins à Kakuma marque une nouvelle étape dans notre mission qui consiste à apporter lumière et espoir à ceux qui en ont le plus besoin.
« À la fin du séjour, toute l’équipe se sentait épuisée mais profondément satisfaite. Il y avait un fort sentiment d’unité et d’utilité. Nous savions que nous avions donné le meilleur de nous-mêmes et que nous avions beaucoup reçu en retour grâce à l’amour et à la gratitude des gens », a conclu Isabel.
« J’ajouterais simplement à quel point il est puissant de servir avec un cœur plein de dévotion et d’humilité. Ces expériences nous marquent tous, et je suis reconnaissante à Amma et à toute l’équipe d’avoir rendu cela possible. »
Les ophtalmologistes : Dre Margarita Cabanás (Séville), Dr Tomás Moya (Valence), Dr Jaime Moya (Valence)
Les optométristes : Dre Isabel Signes Soler (Calp, Alicante), Houda Latifine (Valence), Larisa Morenilla (Murcie)
Médecin : Dre Joana Hernandez (Alicante)
Infirmières : Irène Fernández (Alicante), Ivana De la Torre (Valence)
Personnel de l’équipe d’assistance chirurgicale : Fernando Moral (Séville), Marcia Lee McLain (Etats-Unis)
Coordination locale : Dr Manish Shah et l’équipe médicale de Kakuma
Article paru le 6 mai 2025