Points clés
- L’université Amrita bénéficie d’un financement du gouvernement indien pour offrir une formation professionnelle gratuite aux personnes les plus marginalisées de la société, notamment les femmes, les populations de certaines castes et tribus répertoriées et autres minorités.
- Comme ces personnes manquent généralement de confiance en elles, nous prenons l’initiative d’aller frapper à leur porte. Nous gérons huit centres principaux à travers le pays et chacun d’entre eux compte une cinquantaine de sous-centres.
- Butu Padma est un exemple de la réussite d’Amrita-JSS. Abandonnée par son mari avec ses deux enfants, elle a décidé d’apprendre le métier d’esthéticienne.
La portée humanitaire d’Amma s’est encore développée grâce à l’Institut d’Éducation Populaire (JSS) du gouvernement indien. La mission du JSS est de faire évoluer les couches les plus pauvres de la société en offrant une formation professionnelle gratuite aux analphabètes et aux jeunes ayant décroché de l’école. Elle se concentre en particulier sur les zones rurales reculées.
Notre travail a commencé en 2003 et, à ce jour, plus de 84 000 personnes ont été formées à des métiers recherchés dans leurs communautés. Rien que l’année dernière, 10 440 personnes ont participé à ces formations. Le gouvernement fournit un financement complet pour rencontrer les personnes à leur domicile, en accordant la priorité aux femmes, aux populations de certaines castes et tribus répertoriées et aux minorités.
L’objectif est de leur donner les moyens d’agir en identifiant les compétences susceptibles de trouver un débouché dans leur région. Cela permet de jeter les bases d’une vie indépendante et digne, tout en permettant aux métiers locaux de se développer.
En 2023, nous avons ouvert des centres dans trois nouveaux lieux : Chennai (Tamil Nadu), Angul (Odissa) et Jodhpur (Rajasthan). Nos cinq autres centres se trouvent à Idukki, Kérala ; Virudhunagar, Tamil Nadu ; East Khasi Hills, Meghalaya ; Vizianagaram, Andhra Pradesh ; et Kalahandi, Odissa.
Nous prenons l’initiative d’entrer en contact avec les gens, car il s’agit de communautés disposant d’infrastructures et de ressources minimales. Souvent, ces gens manquent aussi de confiance en eux pour accéder à l’aide qui leur revient de droit en tant que citoyens. Cela signifie qu’à partir de chaque centre principal, nous gérons une cinquantaine de sous-centres pour atteindre les bénéficiaires de la formation.
L’histoire de Geetanjali Rout témoigne de la capacité du JSS à changer des vies. Sa famille est originaire de la région isolée de Jayapatna, dans l’État d’Odissa. Elle avait deux enfants et son mari travaillait comme ouvrier agricole journalier. Cependant, comme souvent, ses revenus étaient instables.
Geetanjali s’est inscrite à la formation d’assistante en esthétique dans notre centre de Kalahandi. Il s’est avéré qu’elle avait un talent caché d’esthéticienne. Le cours lui a permis d’améliorer ses compétences et, surtout, de développer son estime de soi.
En effet, elle a fini par aller au-delà du rôle d’assistante en esthétique. Geetanjali a pu ouvrir son propre salon. Aujourd’hui, elle travaille à son compte et perçoit un revenu mensuel d’environ 165€, un montant décent pour la région.
« La formation m’a permis de passer du statut de femme au foyer hésitante à celui d’entrepreneuse confiante. Je suis fière de dire que je suis maintenant propriétaire du salon de beauté Princess Beauty Parlour, et que ma vie a pris un beau tournant positif », déclare Geetanjali.
Il y a beaucoup d’autres histoires comme celle de Geetanjali. Mohammad Saidul Islam n’a été scolarisé que jusqu’en CM2 et travaillait comme ouvrier journalier. Avec une femme et deux enfants, son revenu moyen de 55€ par mois n’était pas suffisant.
L’année dernière, il a suivi notre formation à Meghalaya pour devenir assistant réparateur de motos. Il a pu trouver un emploi dans un garage de Shillong, sa ville natale, et a très vite accédé au poste de mécanicien. Aujourd’hui, il gagne 197€ par mois.
Butu Padma est allée à l’école jusqu’en terminale. Elle s’est ensuite mariée et est devenue mère de deux enfants. Cependant, la vie lui a porté un coup cruel. Son mari, atteint d’une déficience mentale, les a abandonnés.
Malgré les circonstances, elle a pu s’inscrire à la formation d’assistante en esthétique proposée par le JSS dans son village de Cheepurupalli, dans l’Andhra Pradesh. Aujourd’hui, elle propose des soins du visage, de la coiffure et de l’épilation au fil. Avec sa clientèle, et notamment à l’occasion de fêtes de mariage et avec les étudiantes, elle gagne un revenu stable d’environ 110€ par mois. Elle est également devenue un pilier pour sa famille.
C’est ainsi que notre formation offre un large choix de métiers afin que les personnes puissent se sentir à l’aise pour gagner leur vie. Voici une liste des cours les plus populaires : tailleur indépendant, assistant en esthétique, fabricant de produits en jute, artisanat du bambou, broderie manuelle, opérateur informatique, mécanicien de deux-roues, transformation alimentaire, assistant en soins à domicile, électricien, plomberie et travaux sanitaires, soudeur et constructeur, imprimeur textile, et conservation de fruits et légumes.
Mais la liste de ces professions ne suffit pas à rendre compte de l’essence même du JSS. Ces personnes, autrefois méprisées par la société, deviennent des membres à part entière de la communauté, capables de subvenir aux besoins de leur famille de manière autonome. Elles deviennent également une source d’inspiration en tendant la main à d’autres personnes confrontées aux mêmes difficultés.
Article paru le 30 octobre 2024