(30 septembre 2017 –Amritapuri, Inde)

Message d’Amma pour Vijayadasami (fête hindoue) :

 » C’est le jour sacré où nous tenons les doigts de la jeune génération pour les initier à l’apprentissage. Vijayadasami est l’aboutissement des neufs jours consacrés au culte de Shakti (énergie divine féminine). En invoquant les bénédictions de Devi Sarasvati, la déesse de la Connaissance, les enfants entrent dans le monde de l’apprentissage. En tenant l’index des enfants, nous leur faisons écrire dans du riz le mantra « om hari sri ganapataye namah » (salutation à Ganesh / qui enlève les obstacles). Lorsque l’enfant abandonne son doigt au maître, il devient apte à recevoir ses enseignements.

La véritable explication derrière ceci est la suivante : le maître tient l’index de l‘enfant pour écrire ses premiers mots. L’index est normalement utilisé pour pointer les erreurs des autres. Nous avons tendance à pointer ce doigt et à dire : « Il est comme ceci ! Ce gars est comme cela ! » On pourrait l’appeler le doigt de l’ego. Quand nous montrons quelqu’un du doigt, trois autres doigts sont pointés vers nous. Quand nous montrons quelqu’un d’autre du doigt, nous oublions que nous avons fait trois fois plus d’erreurs. Abandonner son index dans la main du maître symbolise l’abandon de l’ego. Quand la connaissance apparaît, l’humilité suit. Une personne véritablement instruite sera humble. Voyant le divin en chacun, elle respectera tout le monde. Tout est création de Dieu, seul notre ego a été créé par nous.

L’amour et la grâce du maître affluent quand le maître voit que le disciple s’abandonne. Pour Vijayadasami, même les érudits écriront « om hari sri ganapataye namah » en signe de leur renaissance en tant que débutant. L’attitude humble « je ne sais rien » du débutant et son désir, son enthousiasme et sa patience pour comprendre, le guident vers la connaissance suprême. Vijayadasami nous rappelle la nécessité de garder intacts cette humilité, cet enthousiasme et cet abandon tout au long de notre vie.

Pendant les neufs jours précédant Vijayadasami, Devi est adorée sous différentes formes : Durga pour la bonne santé et le succès, Mahalakshmi pour la richesse et Sarasvati pour la connaissance. Pour atteindre le succès matériel, les trois sont nécessaires : santé, richesse et connaissance.

Depuis les temps anciens, la tradition d’adorer le Suprême dans le féminin, en tant que Mère, a été répandue en Inde comme dans quelques autres régions du monde. En fait, de nombreux enfants de différentes parties du monde ont amené à Amma des formes de la Mère Divine telles qu’elles étaient adorées dans leurs anciennes traditions. Les quatre Vedas louent la Parashakti, l’énergie féminine. On peut voir cela dans le Durga Suktam, Sri Suktam (hymne védique), etc.

Dans le Ramayana (épopée hindoue), Rama (roi divin incarnant la justice) invoque la Déesse Durga pour vaincre Ravana (roi démon). De même, obéissant à Krishna (incarnation divine), les Pandavas, incarnant la justice, ont prié la Déesse Durga pour la victoire dans la guerre du Mahabharata (épopée indienne). Pour s’unir à Krishna, les vachères ont invoqué la Déesse Durga. Tout cela montre combien la tradition du culte de Devi est ancienne dans notre culture.

Le Sanatana Dharma (l’hindouisme) offre à chacun la liberté d’adorer Dieu sous n’importe quelle manifestation ou aspect de son choix. De toutes les relations de ce monde, le lien le plus profond et le plus fort est celui qui unit une mère et son enfant. C’est pourquoi tous les dévots, ainsi que tous les chercheurs spirituels, trouvent un bonheur et un contentement particuliers en invoquant Dieu sous la forme d’une mère, l’omniprésente Jagadambika (déesse mère de l’univers).

L’amour d’une mère ordinaire ne concerne que ses enfants. Au contraire, la Mère de l’univers porte ce même amour à la création tout entière. C’est un amour inconditionnel qui s’écoule d’une façon égale vers toutes les créatures. La Mère de l’Univers est aussi la cause de la création, de la nourriture et de la dissolution de l’univers. Comme le soleil et sa lumière, comme le miel et sa douceur, comme la veena (instrument à corde indien) et ses sons, comme un mot et sa signification, on ne peut séparer ce monde du pouvoir de Dieu qui existe en tant que fondement du monde. En ce sens, tout ce que nous percevons dans ce monde n’est qu’une manifestation ou un aspect différent de la Déesse divine.

Dieu nous parle dans le langage du silence. Quand les pensées diminueront et que le mental se calmera, nous pourrons entendre la mélodie de Dieu qui demeure constamment en nous. Dieu voit et connaît toutes nos pensées, actions, silences et toute autre chose car tous les êtres de la création demeurent dans cette infinie et suprême Shakti. Une mère peut comprendre le sens des regards et des balbutiements de son nourrisson. Elle comprend même les humeurs silencieuses de son enfant. De la même manière, Devi est capable de connaître les désirs de ses dévots, même sans qu’ils lui en parlent. Peut-être que Devi préfère la prière de l’esprit silencieux et méditatif, sans pensées, à celles d’un esprit rempli d’innombrables désirs. Peut-être est-ce aussi la raison pour laquelle un des noms de Devi est Mookambika, la Mère silencieuse. Elle est l’énergie suprême qui silencieusement, connaît et réalise tout, et cependant sans attachement, sans émotion, et comme le ciel infini, témoin de toute chose.

Au-delà de la prospérité matérielle, le message de Navaratri est celui du cheminement pas-à-pas du chercheur spirituel vers le but final de la réalisation du Soi. Jagadambika enlève les impuretés et détruit l’ego du chercheur qui a fait de la réalisation de Dieu le but de sa vie. Dans l’immobilité ainsi créée, elle nous éveille au Soi intérieur

Le jour de Durgashtami (8ème jour de Navaratri), nous déposons nos livres et nos outils en offrande pour les reprendre le lendemain, jour de Vijayadasami. Cela symbolise l’offrande de notre vie au divin et le fait de recevoir à notre tour en prasad (cadeau sacré) ce que nous avons offert. C’est comme prendre un nouveau départ après s’être imprégné des idéaux du souvenir de Dieu et de l’abandon au Divin. Quelle que soit notre profession, que nous soyons soldat, tailleur ou autre chose, nous voulons donner nos outils en offrande le jour de Durgashtami. L’objectif ici est de se souvenir que Dieu est le véritable auteur de nos actions et la force qui est derrière. Cela nous aide à être moins égoïstes dans nos réussites. Ce sont le souvenir de Dieu et l’abandon au Divin qui rendent nos vies véritablement bénies. Grâce à la connaissance allant de pair avec des efforts appropriés, nous nous ouvrons à la grâce.

En raison de nos karmas et de nos désirs, notre vie sera faite de bonheurs et de souffrances. Seule l’acceptation nous permettra d’avancer paisiblement dans la vie. Seul l’instant présent est à nous. Même notre prochaine respiration ne nous appartient pas. Alors, en ce moment présent soyons heureux. Comme toute autre décision, le bonheur en est une aussi. Que nous rions ou pleurions, les jours s’écouleront. Alors, essayons de sourire et d’être gais. Faisons de bonnes actions. Que nos paroles soient empreintes de bonté. Ayons un regard plein de compassion. Amma prie pour que vous ayez la force d’accomplir tout cela. Puisse la grâce toujours vous protéger tous. »