(4 Septembre 2017 –Amritapuri, Inde)

Le message d’Amma le jour de la fête des moissons dans le sud de l’Inde :

 »Amma se prosterne devant chacun de vous, qui êtes l’incarnation de l’amour divin et de la conscience suprême.

La fête d’Onam (fête des moissons dans le sud de l’Inde) apporte avec elle une délicieuse intention – un idéal dont les délices et la nouveauté ne s’estompent pas avec le temps. Amma est heureuse lorsque tout le monde se rassemblent ici à l’occasion d’Onam. Onam célèbre notre culture ancestrale, nos arts et nos jeux. Cette fête symbolise un passage de l’obscurité d’hier à la lumière des temps meilleurs à venir.

Vasudhaiva Kutumbakam est un concept indien selon lequel le monde entier est une seule et même famille. Onam célèbre cette vérité. La terre et le ciel, les fleurs, les oiseaux et les animaux, toute la nature forme une seule et même famille et participe à cette célébration.

Qu’est-ce que la famille a de spécial ? Chaque membre de la famille soutient et protège tous les autres membres. Le monde entier repose sur l’interdépendance et la possibilité de se nourrir mutuellement. Il suffit d’observer la nature. Les fleurs et les fruits poussent sur les plantes et les arbres. Les abeilles font du miel. Le font-elles simplement pour elles ? Non. Les oiseaux et les insectes en consomment aussi. De même, les arbres produisent l’oxygène qui permet la vie. En retour, les oiseaux et les animaux aident les arbres et les plantes à germer et à pousser. Ainsi, toute la nature transmet un message d’aide mutuelle, de partage et de coopération. Nos ancêtres vivaient ainsi, en harmonie avec la nature. Même s’ils protégeaient leurs récoltes, ils en laissaient un peu aux oiseaux. Ils ne détruisaient pas tous les parasites et ne perturbaient pas l’harmonie de la nature comme nous le faisons aujourd’hui. Ils ne faisaient que contrôler les parasites. Aujourd’hui, la protection de l’environnement ne se fait qu’en paroles. Nous la mettons rarement en pratique.

Ne vivons pas uniquement pour nous-mêmes. Vivons aussi pour la société et la nature qui nous entoure. Les êtres humains sont une des formes les plus élevées de la création ; considérons comme notre devoir de protéger les créatures plus faibles que nous.

L’histoire de Mahabali (roi du Kérala dans la mythologie hindoue) est liée à la culture du sacrifice. De fait, lorsque le jeune Vamana entre à la cour de Mahabali, une cérémonie du feu est en cours. Le feu sacrificiel devrait bénéficier au monde entier. Il devrait être accompli sans ego, avec une attitude d’abandon. Un des éléments essentiels du feu est la charité. La culture indienne accorde une grande importance à la charité. Pourquoi ? Parce que nos ancêtres savaient que ce qui compte le plus, c’est ce que l’on redonne. Onam nous rappelle l’importance de la compassion et du partage.

Quand Amma était enfant, lorsque l’on rentrait la récolte de riz, avant de stocker le grain au grenier, on en distribuait une partie aux voisins : de trois à six kilos selon la taille de la famille. Une quinzaine de maisons en bénéficiait ainsi. Avant de mesurer le riz pour en remplir leurs récipients, la mère d’Amma en mettait un peu à la main au fond de chaque récipient et ce n’est qu’après, qu’elle y ajoutait les grains mesurés. Et quoi qu’il en soit, elle remplissait chaque mesure à ras bord. Elle s’assurait ainsi que les voisins recevaient toujours plus et jamais moins. Dans le monde d’aujourd’hui, toute cette mentalité du don a changé. Les gens sont devenus de plus en plus égoïstes. Nous avons à changer de comportement.

La célébration et les festivités d’Onam nous disent que prospérité, paix et abondance adviennent lorsque les traditions spirituelles anciennes et le monde moderne marchent main dans la main. Mahabali était un bon dirigeant qui gouvernait le royaume selon les vœux de son peuple. Il accordait donc autant d’importance aux progrès matériels qu’aux progrès spirituels de son peuple. Il ne séparait pas la vie spirituelle et la vie matérielle ; il leur attribuait une place égale. Et c’est avec cette perspective qu’il nous a montré comment vivre. Ainsi, amour, amitié, égalité, richesse, prospérité et honnêteté ont prévalu durant son règne .

Quand l’homme recherche « la modernité », il tend à oublier que ce sont les « anciennes » vérités qui servent de fondations. Les valeurs spirituelles sont impérissables. Elles sont tout aussi nécessaires, en tout lieu, en tout temps. Le monde devient magnifique lorsque nous comprenons cette vérité et que nous menons une vie moderne tout en restant solidement enraciné dans ces valeurs anciennes. La spiritualité ne devrait pas être écartée « comme une vieille façon de penser. » Elle devrait imprégner nos vies et être pratiquée. N’oublions pas cette vérité qu’il faut nécessairement du vieux pour obtenir du nouveau. En luttant pour l’indépendance de différentes nations, nombreux sont ceux qui ont donné leur vie pour leur pays. Dit-on d’eux qu’ils sont « vieux jeu » ? Les critique-t-on ? Leur sacrifice, leur combat contre l’adversité ont servi de fondation à l’indépendance. Aujourd’hui est fondé sur hier.

De la même manière, la culture originelle des nations s’enracine dans les valeurs qui la tissent ; celles-ci sont la raison même de sa croissance et de son progrès. Par conséquent, sans perspective spirituelle, la vie matérielle sera toujours emplie de conflits et d’agitation. Une telle société ne sera ni prospère, ni paisible, ni unie.

Autant Dieu que les démons habitent l’esprit de l’homme. Lorsque nous donnons libre cours aux désirs sans aucun contrôle, lorsque nous vivons seulement pour satisfaire nos désirs et victoires égoïstes, l’homme devient un démon. Mais l’homme est aussi capable de progrès dans la direction opposée, vers Dieu. Bien que Mahabali fût un roi démon, il possédait de nombreuses qualités divines telles qu’une nature charitable, la bonté et la compassion. C’est pourquoi, bien qu’il naquit dans un clan asura démoniaque, Mahabali était de nature divine. Ses qualités divines inhérentes firent de cette époque un temps de paix, d’unité et d’égalité.

Le contentement complet est l’état mental le plus élevé. C’est l’état que l’on peut voir en Mahabali. « J’ai réalisé tout ce dont j’ai besoin. J’ai tout vu, tout expérimenté. Je n’ai plus de préférences ou d’aversions. Je n’ai plus qu’un but : « retrouver mon Soi, me fondre en Dieu. » Le flot constamment présent et profondément intense de cette pensée, c’est cela le réel contentement. C’est cela que nous voyons chez Mahabali.

Aujourd’hui nous voyons la course folle de l’humanité en quête de plaisir matériel, de renom et de gloire – alors même qu’elle a déjà un pied dans la tombe. La vie de Mahabali est le message ultime adressé à ceux qui vivent ainsi, ravageant leur propre vie et celle des autres.

De nos jours, la fête d’Onam a grandement dévié de ses valeurs fondamentales d’origine. Nombreux sont ceux qui l’utilisent comme prétexte pour faire la fête, boire de l’alcool et regarder les programmes bas de gamme qui pervertissent notre culture. Même notre emblématique Mahabali est maintenant montré comme un personnage ventru et drôle, une ombrelle en feuilles de palme à la main.

En vérité, le retour annuel de Mahabali devrait symboliser notre retour aux valeurs d’Onam. Onam n’a de sens que lorsque l’amour, l’amitié, le partage, l’amour pour la nature et d’autres valeurs similaires inondent nos vies. Aujourd’hui, le Dieu en nous a le visage de Vamana – un nain. Notre innocence, nos sacrifices, nos efforts et notre compassion, devraient faire grandir ce nain jusqu’à devenir le géant Trivikrama (autrement dit Vishnou). Grandissons pour voir Dieu partout et aimer et servir tous les êtres et toute chose. C’est alors seulement que notre Onam deviendra le véritable Onam.

Puisse la grâce vous accorder un cœur rempli d’altruisme ! »