Article paru en 2013 sur le site de l’Université Amrita

Le docteur Lee Hartwell a reçu le prix Nobel 2001 de médecine pour sa découverte d’une protéine qui contrôle la division des cellules. Il était président et directeur du centre Fred Hutchinson de recherche sur le cancer de Seattle, avant de travailler au centre de santé durable de l’université d’État, en Arizona.

Lee Hartwell est aussi professeur adjoint à l’université Amrita. Il a parlé aux délégués de BioQuest (société de microbiologie) depuis son bureau des États-Unis, grâce à la plate-forme Amrita e-view d’apprentissage en ligne. Ci-dessous des extraits de son discours :

« Je voudrais m’adresser aux jeunes de l’assistance. Je sais que nombreux sont ceux qui sont venus à cette rencontre en se demandant : « Comment pourrais-je devenir un scientifique qui réussit ? Comment pourrais-je me préparer à apporter ma contribution à ce monde ? » Ces questions, je me les pose également.

Croyez le ou non, j’essaie toujours d’être un scientifique qui réussit. Cela peut vous surprendre, car vous pensez probablement qu’un lauréat du prix Nobel a dû trouver les réponses. Mais le problème est que les réponses à ces questions changent avec le temps, elles sont différentes aujourd’hui de ce qu’elles étaient lorsque j’ai commencé ma carrière, il y a 50 ans. La stratégie des années 1960 ne fonctionne plus si bien. Qu’y a-t-il de différent, de nos jours ?

Tout d’abord, nous avons beaucoup plus de connaissances aujourd’hui. Par exemple, pendant les années 1970, aucun gène d’organisme n’avait été séquencé. En 2013, le génome humain est complètement séquencé. Deuxièmement, en plus du fait que nous avons beaucoup plus de connaissances aujourd’hui, elles sont plus accessibles. Troisièmement, il est bien plus rapide d’obtenir de nouvelles informations aujourd’hui.

Notre excellente compréhension scientifique et technologique est désormais nécessaire pour résoudre de nombreux graves problèmes. La population humaine est telle que nous utilisons toutes les ressources disponibles de la planète. Nous utilisons tous les terrains agricoles, toute l’eau, toutes les forêts et toutes les ressources halieutiques. Nous polluons également la planète sur laquelle nous vivons.

Nous polluons la terre avec des engrais et des pesticides ; les océans avec des acides et l’atmosphère avec du dioxyde de carbone. En épuisant la surface arable du sol et les nappes phréatiques, nous amputons notre capacité à nous nourrir. Nous épuisons les réserves de pétrole, cette source d’énergie dont dépend toute notre économie. Autant de problèmes qui ne nous concernaient que très peu, il y a cinquante ans. Mais il vous faudra résoudre ces problèmes de votre vivant.

Votre génération est confrontée à la grande question de savoir comment les êtres humains peuvent arriver à vivre de manière durable sur la planète terre. Vos deux grand buts en matière de durabilité sont : 1) laisser aux générations futures la planète telle que vous l’avez trouvée, ne pas en épuiser les ressources et ne pas la polluer ; 2) donner à chacun le droit à une part égale des ressources de la terre.

Dans la vie, les chances d’un individu dépendent en grande partie de ses revenus. Beaucoup de pauvres meurent de maladies chroniques ou à cause d’un environnement insalubre. Cette inégalité sape la possibilité de vivre de manière durable. Tant que les pauvres n’arriveront pas à nourrir les leurs, comment leur demander de laisser la planète telle qu’ils l’ont trouvée ? L’éducation, la santé, l’emploi sont essentiels à une société durable.

Comment faire pour réussir en science de nos jours ?

  1. Tout d’abord choisir un problème à résoudre ;
  2. Se demander pourquoi on n’a pas encore trouvé de solution ;
  3. Collaborer avec ceux qui peuvent nous aider ;
  4. Mettre au point une solution qui fonctionne concrètement.

Les maladies chroniques représentent notre principal fardeau et cela va empirer. Maladies cardiaques, diabète, cancer, démence et autres maux. La bonne nouvelle, c’est que les maladies chroniques sont faciles à prévenir et plus faciles à guérir si elles sont dépistées à temps. Une question me fascine : comment détecter la maladie plus tôt à un stade où elle est plus facile à guérir ?

Pouvons-nous faire progresser nos connaissances en biologie moléculaire pour identifier des marqueurs biologiques en vue d’un dépistage précoce de la maladie ?

Nous avons besoin de collaborer très étroitement avec les cliniciens qui s’occupent des patients pour identifier très précisément leurs besoins.

Je pense qu’en utilisant nos ressources technologiques pour résoudre des problèmes cliniques critiques, nous réduirons effectivement les dépenses de santé et serons bien placés pour contribuer grandement au bien-être de la société. »